Bonjour à tous
Entendu récemment à la télévision : "la France est aujourd'hui la risée du monde entier !" Lisez les deux pages consacrées à Nicolas Sarkozy dans Courrier International du 21 février, et vous
serez du même avis que nos voisins espagnols, italiens, portugais, anglais et américains. Quant aux allemands, les relations tendues entre Sarkozy et Merkel ne leur laissent aucun doute...
Ci-après l'article de Lluís Bassets, paru dans El País et repris dans Courrier International :
"Sarkozy, ce grand malade :
Les Français ont un problème. Ils croyaient avoir un superprésident, un
hyperdirigeant capable de les sortir de la dépression et de la
décadence, et voilà qu’ils ont écopé d’un président comme ils en ont déjà
connu beaucoup d’autres : à savoir malade, limité, qu’il faut dorloter et
protéger tout en s’organisant pour que la France tourne et que le
gouvernement et les institutions fassent leur devoir. La situation n’a rien
d’inédit : Pompidou et Mitterrand étaient déjà des présidents malades
et diminués. Le premier est même mort avant la fin de son mandat. Quant
à Chirac, il fut un obstacle paralysant pendant une bonne partie de sa
présidence. La maladie dont souffre Sarkozy n’a pas la gravité du
cancer de la prostate de Mitterrand, mais elle touche un organe vital s’il
en est : l’ego. Celui du président est d’évidence atteint d’une
hypertrophie probablement incurable.
Plus on s’approche du 9 mars, date du premier tour des élections
municipales, plus la nervosité des candidats du parti présidentiel augmente
et plus on redoute les interventions de Sarkozy, susceptibles de faire
perdre des voix à l’UMP. Le parti du chef de l’Etat est divisé à cause
de tensions qu’il a lui-même créées. Le traitement qu’il a infligé en
public aux uns et aux autres, y compris à certains de ses collaborateurs
les plus proches, est digne du comportement d’un monarque bilieux et
capricieux avec ses laquais. Même son actuelle impopularité est
extravagante : elle ne s’explique pas par un train de réformes puisque ces
dernières sont encore largement inappliquées. Elle s’explique uniquement par
son comportement public.
Un triomphe de sultan, seigneur en son sérail
Le trône qu’occupe Nicolas Sarkozy a été imaginé par de Gaulle pour lui
permettre d’être le troisième larron d’un monde bipolaire. Le
président français voulait être un fier contrepoids occidental dans
l’affrontement entre Washington et Moscou. Or Sarkozy, arrière-petit-fils libéral
et proaméricain de De Gaulle (après le petit-fils, Chirac, et le fils,
Pompidou), s’est installé sur le trône élyséen porté par son ambition
personnelle et sa conception égotique de la présidence : il a par le
fait encore accru les pouvoirs de la présidence. Et, une fois parvenu à
ses fins, il s’est consacré à lui-même, comme un ado narcissique obnubilé
par ses sentiments et ses plaisirs. Certes, le pouvoir peut en
apporter beaucoup, mais la prudence conseille de ne pas trop en faire étalage.
Sarkozy le téméraire fait tout le contraire et se vautre dans
l’exhibitionnisme.
C’est sur trois points précis qu’est venu se briser le personnage :
l’économie, qui n’a pas enregistré la moindre amélioration depuis son
arrivée ; son idéologie plus néocons, voire “théocons”, que gaulliste – en
témoignent des prises de position sur la laïcité contraires à la
culture de la République ; et sa vie privée, étalée dans les médias. En
monarque thaumaturge qui par une simple imposition des mains devait
augmenter le pouvoir d’achat, il a échoué au point de prononcer la formule
maudite qui rompt les sortilèges : “Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
Que je vide des caisses qui sont déjà vides ?” En monarque philosophe, il
a manifesté les plus fortes réserves vis-à-vis des traditions
républicaines, en exprimant avec désinvolture son affinité intellectuelle avec
le pape. Il n’a pleinement triomphé que dans le rôle de sultan,
seigneur en son sérail, paré des atours qui passionnent un certain public – et
manifestement aussi ses pairs. Le voilà fasciné par son propre pouvoir
de séduction, son goût exquis et sa désinvolture. Mais ce triomphe-là
a le don de déprimer beaucoup de Français car il rabaisse la République
au niveau de la principauté de Monaco."
Voir aussi :
http://tontondaniel.over-blog.com/article-15820129.html
http://tontondaniel.over-blog.com/article-7002800.html
Tonton Daniel