Bonjour à tous
Quelle belle histoire que celle des "arbres de la Lune" ! Je recopie intégralement les trois pages présentées sur http://www.cidehom.com/science_at_nasa.php?_a_id=33
"Sur la piste des arbres de la Lune :
Des centaines d’arbres se sont retrouvés dans les parages lunaires et en sont revenus. Voici leur histoire et celle des hommes qui l'ont rendue possible, singulièrement belle et émouvante.
Disséminées tout autour de la planète, il existe des centaines de créatures vivantes qui ont fait le voyage vers la Lune et en sont revenues. Aucune d'elles n’est un humain. Elles sont trois fois plus nombreuses que le nombre d’astronautes actuellement en service, et la plupart sont portées disparues.
Ce sont des arbres. Des « Arbres de la Lune ».
Dave Williams, scientifique de la NASA en a déjà trouvé une quarantaine et cherche les autres. « C’étaient juste des graines quand ils ont quitté la Terre en 1971 à bord d’Apollo 14 » explique Williams. « Maintenant ils sont adultes. Ils ressemblent à des arbres ordinaires. Mais ils ont quelque chose en plus car ils ont flirté avec la Lune. »
C’est une étrange histoire.
Tout commence en 1953, quand un certain Stuart Roosa saute en parachute au-dessus d’une forêt en feu de l’Orégon. Il vient juste d’être embauché pour un job d’été de « para du feu » à l’Office National des Forêts des Etats-Unis d’Amérique. Cela consiste à être parachuté sur les feux de forêt pour les tuer dans l’œuf. C’est probablement le goût de l’aventure qui l’a attiré vers ce job, mais il devient très vite passionné par la forêt. « Mon père avait une grande attirance pour les activités de plein air » se souvient le Lieutenant-Colonel de l’Air Force Jack Roosa, le fils de Stuart. « Il nous parlait souvent des immenses pins Ponderosa qu’il avait découvert en tant que para du feu. »
Treize ans plus tard, la NASA convia Roosa, qui entre temps était devenu pilote d’essai de l’Air Force, à rejoindre le programme de formation des astronautes.. Il accepta. Roosa, Ed Mitchell et Al Shepard allaient devenir l’équipage d’Apollo 14, dont le lancement était planifié pour 1971.
« Chaque Astronaute du programme Apollo était autorisé à emporter avec lui vers la Lune quelques effets personnels » Poursuit Jack. Leur PPK, pour Kit de Préférences Personnelles, était la plupart du temps rempli de pacotilles: pièces de monnaie, timbres, écussons de mission. Al Shepard avait pris des balles de golf. À bord de Gemini 3, John Young avait emporté un sandwich au corned beef. « Mon père a préféré emporter des arbres » dit Jack. « C’était sa façon de rendre hommage à l’Office National des forêts ».
L’office National des Forêts était ravi.
« C’était en partie de la science, en partie un coup publicitaire » admet en souriant Stan Krugman, Directeur des services de recherche de l’office en 1971. « Les chercheurs se demandaient ce qu’il adviendrait de ces graines après leur virée lunaire. Germeraient-elles ? Les arbres auraient-ils une apparence normale ? À cette époque les biologistes n’avaient encore fait que peu d’expériences dans l’espace, celle ci serait une des premières. « Nous voulions également les offrir par la suite, au moment de la célébration du bicentenaire de l’indépendance en 1976. »
C’est Krugman Lui-même qui sélectionna les essences : RedWood, Pin de Loblolly, Sycomore, Pin de Douglas et Sweetgum. « J’ai choisi le Redwood car il est très connu, et les autres pour la raison qu’il pousseraient facilement sur l’essentiel du territoire des Etats-Unis » Explique-t-il. « Les graines provenaient de deux laboratoires de génétique de l’office des forêts. Dans la plupart des cas nous connaissions leur ascendance. Une nécéssité dans la perspective d'une étude génétique après le vol.
Le 31 janvier 1971, Apollo 14 s’arracha du pas de tir. À l’intérieur du container personnel de Roosa se trouvait un cylindre de métal d’environ 15 centimètres de long et 7,5 de diamètre, rempli de graines. Seuls Shepard et Mitchell foulèrent le sol lunaire.
Le 5 février ils posèrent le module lunaire Antares près de Fra Mauro, un cratère géant où Sheperd lança dans un geste resté célèbre deux balles de golf avec un outil de géologue en guise de club. Pilote du module de commande de la mission, le Kitty Hawk, Roosa resta en orbite. Lui et les graines tournèrent 33 fois autour de la Lune.
Apollo 14 fut un succès. Les scientifiques étaient ravis des expériences de géologie de la mission, et ils avaient hate d’étudier les 36 kilos de roches lunaires collectés par Sheperd et Mitchell. Krugman était tout aussi avide de récupérer les graines.
« Nous avions quelques inquiétudes » se souvient Krugman. Durant les procédures de décontamination, le container à graines, mis sous vide, explosa. Les graines avaient été dispersées et traumatisées. « Nous n’étions pas sûrs de leur viabilité » affirme-t-il. À la main, Krugman rassembla soigneusement les graines par espèce et les envoya à deux laboratoires de l’office des forêts en Californie et au Mississipi. En dépit de l’accident de décontamination, presque toutes germèrent. « Nous avions des centaines de pousses qui étaient allés sur la Lune ! » (trente et un an plus tard, Krugman en parle toujours avec la même excitation dans la voix).
Durant les années qui suivirent, les arbres prospérèrent sous l’œil attentif des scientifiques. « Les arbres ont poussé normalement » Continue-t-il. Ils se sont fécondés avec des arbres terrestres et leur descendance, que nous avons appelés arbres de demi-Lune, étient normaux également. » (Il fait cependant remarquer que dans les années 70 les analyses ADN n’étaient pas chose fréquente au début des années 70, et qu’en conséquence les arbres de la Lune n’ont pas été soumis à ces tests. De subtiles différences pourraient encore rester à découvrir.)
Finalement, en 1975, ils étaient prêts à quitter le laboratoire. « C’est à ce moment que la situation nous a échappé » reconnaît Krugman.
Tout le monde voulait son arbre de la Lune. Entre 1975 et 1976, les arbres furent envoyés à la Maison Blanche, au jardin de l’indépendance à Philadelphie, à Valley Forge. « L’Empereur du Japon en reçut un. Les sénateurs voulaient des arbres pour inaugurer des immeubles. Nous avons même réalisé des plantations à la Nouvelle Orléans car le Maire de l’époque, Monsieur Moon (Lune en Anglais), en voulait. » sourit Krugman.
Personne n’a tenu de registre systématique fait remarquer Dave Williams. C’est pourquoi l’emplacement de ces arbres reste pour la plupart inconnu.
L’un d’entre eux partit pour Cannelton dans l’Indiana, dans un camp de jeunes filles scout où l’enseignante Joan Goble le redécouvrit en 1996.(Elle sut que c’était un arbre de la Lune car un écriteau l’indiquait. La plupart des arbres de la Lune étaient plantés en grande pompe, il y a généralement une plaque commémorative ou un écriteau qui les identifie.)
« Mes élèves l’adorent » affirme-t-elle. « Il ressemble à un arbre comme un autre, mais ils le perçoivent différemment à cause de son voyage vers la Lune ». Jack Roosa entretient depuis une correspondance avec la classe de Joan Goble, encourageant les élèves à apprendre et à découvrir comme le fit son père.
Quand Joan Goble contacta Dave Williams en 1996 pour lui demander plus d’informations sur les arbres de la Lune, « je n’en avais pas la moindre idée » reconnaît Williams. Comme la plupart des jeunes des années 70, Williams n’avait jamais entendu parler de ces arbres. Mais il se passionna bien vite pour la question. « Je découvris alors un arbre de la Lune juste à côte de mon bureau au centre spatial Goddard » s’esclaffe-t-il. « Je n’y avais jamais prêté attention. »
La plupart du temps, c’est ainsi qu’on les rencontre : accidentellement. Williams maintient à présent un site Internet (en anglais) où tous les arbres de la Lune connus sont répertoriés. Si vous tombez sur l’un d’eux, contactez Dave. Il ménera son enquête et l’ajoutera à la collection s’il est authentique.
Les arbres de la Lune sont d’une grande longévité ajoute Krugman. Les redwoods peuvent vivre plusieurs milliers d’années, et les pins ont une espérance de vie qui se compte en siècles. De fait, ils ont déjà survécu à Stuart Roosa et Al Sheperd, deux des humains qui les avaient convoyés vers la Lune
Comme le dit Jack, « je pense que mon père a toujours eu conscience du fait que ces arbres serviraient de témoignage vivant et durable du plus grand exploit du genre humain : les missions habitées vers la Lune ».
Et de fait, si l’homme n’y retourne pas dans un avenir proche, les arbres de la Lune pourraient bien devenir les seuls êtres vivants sur notre planète à avoir fait le voyage vers la Lune. Ce n’est probablement pas ce que Stuart imaginait.
Cependant son fils Jack reste optimiste : « Ces arbres seront encore là dans 100 ans » dit-il. « D’ici là je pense que nous aurons planté des arbres de Mars à leur côté. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stuart_Roosa
http://fr.wikipedia.org/wiki/Apollo_14
https://nssdc.gsfc.nasa.gov/planetary/lunar/moon_tree.html
Tonton Daniel