Publié le 20 Octobre 2015
Bonjour à tous
Le saviez-vous ? Dans les entreprises californiennes pour lesquelles "Time is money", la dernière tendance pour travailler plus sans faire de pause-déjeuner chronophage est au repas liquide ! Grâce à une campagne de crowfunding et à un fonds d'investissements, Rob Rhinehart, jeune informaticien d'Atlanta, a créé sa société en 2013 et mis au point un produit nommé "Soylent" afin de ne plus perdre de temps sur son lieu de travail.
Adieu, courses, cuisson, vaisselle et temps perdu ! La potion, concoctée à base de poudre protéinée à dissoudre dans de l'eau froide, contient tous les nutriments nécessaires à un travailleur de la Silicon Valley pour finir sa journée sans faim ni souci. Au contraire des poudres hyper-protéinées utilisées par les culturistes, la composition du Soylent est relativement équilibrée. Parmi les 31 ingrédients : farine d'avoine et maltodextrine pour les glucides, protéines de riz et de pois, huiles de tournesol et de poisson, vitamines et sels minéraux. Vendue 10$, la mixture contient environ 2000 calories et aurait après dilution la couleur, la saveur et la consistance d'une vague pâte à crêpe...
On rappellera aussi que Rob Rhinehart a été inspiré par le film de science-fiction "Soylent Green" ("Soleil vert") dans lequel des tablettes protéinées étaient fabriquées secrètement avec des cadavres humains... Les voies du marketing sont parfois impénétrables !
Bien que peu réglementés par l'administration (FDA) car considérés comme de simples substituts de repas, ces déjeuners et diners instantanés se vendent comme des petits pains ! Le succès est tel qu'une deuxième version baptisée "Soylent 2.0", déjà diluée et plus écologique (à base de protéines de soja et d'huile d'algue verte), a été commercialisée elle aussi avec succès. De nombreuses copies ont également vu le jour, comme le Joylent aux Pays-Bas, Soylent n’étant pas breveté et sa composition toujours publique.
Face aux critiques de toutes sortes (effet de mode, lassitude des premiers consommateurs, disparition des liens sociaux, débats sur la malbouffe et la cuisine moléculaire...), le double argument de la rapidité et de la rentabilité a désormais laissé place à un argument écologique et humanitaire. Comme avant lui en 1986 le français Michel Lescanne de Nutriset et son Plumpy’nut, barre protéinée à base d’arachides destinée aux enfants du tiers-monde souffrant de dénutrition, Rob Rhinehart espère résoudre grâce à son produit les problèmes de faim dans le monde, de surconsommation de viande rouge, de surexploitation agricole et de progression démographique ! Vaste programme ou effet d'annonce, les grandes multinationales sont aussi sur le coup : il se murmure que le géant Nestlé serait en train de concevoir un distributeur d'éléments nutritifs synthétisés adapté aux besoins de chaque consommateur...
Il ne reste plus qu'à dire adieu... Adieu chocolat noir, quiche lorraine, fraises au sucre et pain frais... Adieu restaurants, apéritifs entre amis et discussions à table... Et adieu nos dents qui finiront à terme par tomber faute de mastication et d'usage fonctionnel !
"Il ne suffit pas qu'un aliment soit bon à manger, encore faut-il qu'il soit bon à penser." (Claude Levi-Strauss)
"Je ne mangerai pas d'huîtres. Je veux des aliments morts. Pas malades, pas blessés, simplement morts." (Woody Allen)
Tonton Daniel