Bonjour à tous
Confiant envers les critiques ou se méfiant de tout battage médiatique, aucun lecteur n'aborde un bouquin de 850 pages sans appréhension. Surtout quand ce livre de fiction, "La Vérité sur l'affaire Harry Quebert", second livre du romancier suisse Joël Dicker, est écrit par un jeune auteur sans grande expérience, qu'il est précédé et accompagné d'une réputation dithyrambique et récompensé de plusieurs prix prestigieux.
Qui a tué Nola Kellergan ? Son ami Harry Quebert, le célèbre écrivain que tout désigne a priori ? Sa mère ? Le pasteur ? Un rôdeur ? Une amie jalouse ? Un admirateur secret ? Et pourquoi a-t-elle été enterrée avec le manuscrit des "Origines du mal" ? Que s'est-il réellement passé à Aurora, New Hampshire, en août 1975 ? Les questions sont nombreuses autour du cadavre de l'adolescente et la tranquillité de la petite communauté sera définitivement bouleversée par ce dramatique fait divers. Au fil des chapitres numérotés à l'envers comme pour un compte à rebours haletant, Joël Dicker prend un malin plaisir à brouiller les pistes, semer des indices, multiplier les rebondissements et finit par nouer une intrigue diabolique autour d'une chronologie réglée à la seconde. Ne vous fiez surtout pas aux apparences ni aux faux-semblants !
Enquête policière à suspense, récit d'une histoire d'amour fou et parfaite peinture de la société américaine des années 70, cette "Affaire Harry Quebert" est avant tout le prétexte à une double mise en abyme grâce aux deux personnages principaux, Marcus Goldman, jeune écrivain en manque d'inspiration et Harry Quebert, son mentor-pygmalion. Entre les deux auteurs et amis se noue page après page un dialogue fait de conseils, de réflexions et de leçons sur la littérature, l'échec et le découragement, le message transmis par les mots, le combat contre les délais d'édition, la manière d'écrire un livre et l'ambition de créer un chef-d'oeuvre. Avec l'étonnante maturité d'un jeune auteur a priori sans expérience, Joël Dicker a donc également rédigé un essai sur l'écriture, ses contraintes, ses conséquences, évoquant la solitude et la fragilité de l'écrivain, la peur de la page blanche, la résignation et la transmission des émotions, livrant parfois une vision pessimiste sur la liberté en général et celle des écrivains en particulier.
Grand prix du roman de l'Académie française 2012 et prix Goncourt des lycéens la même année, "La Vérité sur l'affaire Harry Quebert" fournira sans aucun doute le scénario d'un film à succès, retravaillé pour l'industrie du cinéma par une cohorte d'écrivains fantômes afin de devenir une "marchandise" encore plus rentable mais hélas beaucoup moins profonde et intelligente que son modèle. Vous voulez savoir qui a tué Nola Kellergan et connaitre toute la vérité sur l'affaire Harry Quebert ? Ouvrez donc ce bouquin de 850 pages mais faites attention, le mot de la fin revenant à Bernard Pivot : "Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichu" !
Tonton Daniel