cathédrales englouties

Bonjour à tous

L'un des sites les plus spectaculaires et méconnus du quartier d'affaires de La Défense est certainement celui des "cathédrales englouties". Pendant les 40 années de sa construction, le site central de La Défense a vu s'empiler sur 8 niveaux de sous-sols et environ 20 mètres d'épaisseur une dalle piétonne, des échangeurs autoroutiers, des parkings, des galeries techniques et commerciales, le RER, le métro, une gare routière... Tous ces ouvrages ne s’emboîtent pas exactement les uns dans les autres, délimitant ainsi des vides de construction appelés aussi "volumes résiduels".
Ces volumes sont spectaculaires tant par leurs dimensions (à l'échelle du site) que par l'enchevêtrement des poutres, poteaux, planchers et portiques qui les structurent. D'où la comparaison imagée avec des "cathédrales englouties"!
Ces espaces sont de taille variable mais deux retiennent plus particulièrement l'attention. L'un est situé sous la statue de La Défense (au centre exact du quartier), l'autre sous le centre commercial des Quatre Temps.

Le premier se trouve aux confins du tunnel du RER et de l'autoroute A14. Dédales de couloirs et de passerelles sans commencement ni fin, le silence n'y est troublé que par le passage invisible d'une rame ou le flot de la circulation automobile ; un vrai décor de science-fiction ! Cette impression est encore renforcée par la salle des chevêtres où court une passerelle surplombant six énormes fosses.

A l'origine du deuxième espace, un projet qui fut longtemps le serpent de mer de la Défense : le prolongement de la ligne 1 du métro. Comme pour forcer le destin, l'espace d'une station est réservé dans les entrailles de la Défense. Mais lorsque les financements sont enfin trouvés pour permettre au "serpent" de sortir du tunnel en 1992, le tracé aura changé et la gare prévue n'aura jamais vu passer une rame ! (le métro passera sur le pont de Neuilly et non sous la Seine comme initialement prévu). De cette "cathédrale troglodyte" subsiste un tunnel de béton long de 400 m.
Sous le coffrage de béton de la dalle, on atteint le sol naturel de La Défense, terre mise a nue par les pelleteuse et les engins de chantiers, quelques 40 ans auparavant. L'air y est un peu humide, le silence parfois inquiétant, mais une étrange impression envahit le visiteur : celle d'un monde disparu.

Les seuls visiteurs des "cathédrales englouties" sont aujourd'hui des pompiers et des maitre-chiens pour leur entrainement, des raveurs en manque d'exotisme, quelques tournages de films... et les visiteurs annuels des Journées du Patrimoine ! On dit ces endroits difficilement accessibles (on a construit dessus et autour), voire impossibles à aménager et sécuriser, mais à l'heure d'un nouveau plan d'aménagement du quartier d'affaires et à l'aube d'un engorgement fatal des transports en commun, ne pourrait-on pas essayer de réhabiliter ces endroits uniques ?

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Tonton Daniel