expériences biologiques

Publié le 27 Octobre 2010


Bonjour à tous

 

"Au Guatemala, la mort made in USA :

 

C’est en janvier 2010 que Susan Reverby a découvert les archives concernant cette expérience. Les autorités américaines ont tout fait pour retarder la publication de l’affaire qui a finalement éclaté au grand jour en septembre. Au Guatemala, où les Amérindiens ont été victimes d’extermination, l’évènement résonne douloureusement. L’enquête s’avère difficile en raison de la disparition dans un incendie, en 1960, des archives du ministère de la Santé. Il est probable que ces expériences ont été menées dans d’autres endroits du monde, notamment en Afrique.

 

Parmi les nombreuses rumeurs qui ont couru au xxe siècle, certaines concernaient des expériences biologiques menées sur des humains. L’une d’elles s’est vérifiée. Les Etats-Unis viennent de reconnaître officiellement qu’entre 1946 et 1948, ils avaient réalisé au Guatemala une “étude abominable” sur des maladies sexuellement transmissibles. Il s’agissait d’inoculer le virus de la syphilis et de la gonorrhée à des centaines d’Amérindiens guatémaltèques, à leur insu. Ces cobayes humains n’ont ensuite reçu aucun traitement, car ils devaient permettre de suivre l’évolution naturelle de la maladie.

 

La syphilis, on le sait, est l’une des maladies les plus terribles, notamment par ses séquelles qui se transmettent généralement aux descendants. Les conditions, fortement teintées de racisme, dans lesquelles cette expérience a été menée témoignent d’un total mépris de l’éthique. L’un de ses aspects les plus choquants tient au choix des patients. Beaucoup vivaient dans des institutions psychiatriques, [il y avait aussi des prostituées et des soldats] un détail qui n’est pas sans évoquer ce qui se pratiquait dans les camps nazis.

 

Cette affaire, au-delà de l’horreur qu’elle suscite, offre par ailleurs d’autres niveaux de lecture. Premièrement, elle vient corroborer des rumeurs d’expériences analogues qui circulaient depuis des décennies en Amérique latine, et qui avaient toujours été démenties par les Américains. A la lumière de cette révélation, on prend conscience que les prélèvements de sang et de moelle osseuse pratiqués clandestinement sur des gens très pauvres moyennant quelques centimes étaient bien réels. Et comment oublier les campagnes de stérilisation massives menées [avec le concours du Peace Corps américain] sur des Amérindiens de l’Altiplano, au Pérou et en Bolivie, sous couvert de missions médicales qui, dans certains cas, s’étaient soldées par l’expulsion des équipes concernées. Enfin et surtout, combien y a-t-il eu d’infamies similaires dont on n’a jamais rien su ? Dès lors, que reste-t-il des belles paroles dont les Etats-Unis abreuvent les pays de leur “arrière-cour”, qu’ils qualifient souvent d’alliés ?

 

Ce scandale a été découvert par une journaliste scientifique américaine qui a mis en évidence l’implication des autorités [tant américaines que guatémaltèques] dans ces expérimentations réalisées sous la présidence de Harry Truman. D’après les documents auxquels elle a eu accès, “il n’est pas certain” que les personnes infectées aient pu guérir ni même qu’on leur ait administré un traitement adapté.

 

Face à une telle hypocrisie, les propos de Hillary Clinton, qui a présenté des excuses pour les agissements de son pays, paraissent de peu de poids. Quant au président guatémaltèque Alvaro Colom, qui avait pourtant qualifié les faits de “crime contre l’humanité”, il s’est borné à menacer de porter plainte. Jusqu’à présent, le gouvernement Obama a parlé de deux enquêtes, mais n’a évoqué aucun dédommagement pour les descendants ou les parents de ces 696 hommes et femmes [en fait 1 500 personnes] qui ont servi de cobayes dans cette abominable expérience".

 

(source : Courrier International n°1042 du 21 octobre 2010)

 

Tonton Daniel

 

 

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #histoire

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :