les arts

Publié le 7 Décembre 2014

Bonjour à tous

Coloré comme la palette d'un peintre impressionniste et sobrement intitulé "Mr Turner", le dernier film du réalisateur Mike Leigh dresse par petites touches juxtaposées le fidèle portrait de William Turner, peintre anglais du XIXe siècle qui fut surnommé en son temps "le peintre de la lumière et des incendies" !

Au-delà du portrait de l'artiste présenté comme un ours à la forte personnalité et considéré par beaucoup comme le plus grand peintre anglais de son temps, le film propose un véritable bond dans le passé ainsi qu'un voyage magnifique dans la campagne anglaise et sur les chemins du bord de mer. Enthousiasmé par les phénomènes atmosphériques et météorologiques, Turner puisera dans la vie des ports et dans le cadre de la Nature son inspiration pour ses marines et ses paysages. A une époque où les tubes de peinture n'existaient pas encore et où les artistes préparaient eux-mêmes leurs couleurs en mélangeant huile et pigments, le peintre sera d'abord aquarelliste et "fixera" la puissance des orages, des vents et des tempêtes grâce à de simples aquarelles préparatoires prises sur l'instant avec un matériel léger avant de les reproduire plus tard sur la toile dans le calme de son atelier.

"Mr Turner", c'est aussi Constable et la reine Victoria, les expositions de la Royal Academy of Arts, les marchands de couleurs, le quotidien des marins et des domestiques anglais, la dénonciation de l'esclavage et du commerce triangulaire, le vernis craquelé d'une société en plein développement industriel et technique. Dans les dernières années de sa vie, Turner sera d'ailleurs fasciné par la diffraction de la lumière, le magnétisme, les sciences, la vitesse, l'arrivée du chemin de fer et la naissance de la photographie. Confronté au passage inexorable du temps, l'artiste qui posait lumières et couleurs sans contours devra aussi affronter les nouveaux courants artistiques, le dédain des puissants, les moqueries du public et la volonté mercantile d'investisseurs sans âme qui l'inciteront à léguer à la fin de sa vie une grande partie de ses oeuvres à l'Etat britannique.

"Mr Turner", c'est enfin l'interprétation exceptionnelle de Timothy Spall récompensée au 67e Festival de Cannes par le très mérité prix d'interprétation masculine, de très beaux seconds rôles, quelques touches d'humour anglais, une photographie et une lumière sublimes faisant de ce film une oeuvre élégante, intelligente et d'une grande sensibilité. Un instant de grâce contemplative comme en procurent souvent les oeuvres des grands maitres !

Tonton Daniel

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Mallord_William_Turner

http://fr.wikipedia.org/wiki/Timothy_Spall

mr turner

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #cinéma, #les arts

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Publié le 26 Octobre 2014

Bonjour à tous

Installé dans le cadre somptueux du parc Monceau à Paris, le musée Cernuschi est certainement l'un des plus beaux et des plus calmes de la Capitale. Dédié aux arts asiatiques d'Extrême-Orient, ses collections permanentes sont organisées autour du monumental Bouddha en bronze ramené par Henri Cernuschi d’un petit temple du quartier de Meguro à Tokyo au XIXe siècle. Aujourd'hui, le musée propose jusqu'en janvier 2015 une exposition exceptionnelle intitulée "Le Japon au fil des saisons", intégralement constituée d'oeuvres rares appartenant à une collection privée américaine, la collection Feinberg. Soixante oeuvres peintes par les plus grands artistes japonais des XVIIIe et XIXe siècles ont été prêtées à cette occasion et regroupées chronologiquement en quatre périodes successives : Nanga (inspiration chinoise), Maruyama-Shijo (période réaliste), Rimpa (période décorative) et Nihonga (mouvement influencé par les aquarelles occidentales).

Ornant des paravents hauts et bas ou illustrant kakemonos et makimonos, rouleaux verticaux et horizontaux typiquement japonais, oiseaux, insectes, fleurs et végétaux virevoltent dans un univers de cascades, de bambous, de prêles et de pins aux lignes graphiques et très épurées. Au gré des quatre saisons et des climats variés de l'archipel se succèdent la neige, le bouillard, les bourgeons, les fleurs écloses, les feuilles rougissantes des érables, parfois accompagnés de courts poèmes. La Lune fait soudain une apparition fugitive au-dessus du paysage avant de se réfugier derrière le lavis d'un nuage argenté... Dans une ambiance feutrée et très zen, tout dans cette "peinture des saisons et des évènements mensuels" procure une sensation de plénitude et de sérénité car, malgré les saisons qui passent, le temps semble s'être figé sur le papier de soie...

Depuis les premiers poèmes japonais du VIIIe siècle circulant entre la capitale impériale Kyoto et sa rivale Edo, capitale du Shogun et future Tokyo, fleurs, oiseaux et paysages sont autant de décors et de symboles pour le peuple nippon. Représentés sur différents supports, ces symboles rappellent le lien très fort unissant la Nature aux japonais et ont inspiré nombre d'artistes occidentaux au XIXe siècle, au premier rang desquels Vincent van Gogh, éminent représentant du japonisme en Europe.

Bien qu'un peu hermétique à cause de techniques picturales difficiles à comparer par le profane et ne représentant qu'une infime partie de la vaste culture nippone, cette exposition magnifique est avant tout destinée à nous faire rêver... N'hésitez pas à vous asseoir sous le regard des grues hiératiques afin de laisser passer les saisons... Regardez tomber les flocons de neige sur ces pauvres moineaux frigorifiés... Ecoutez le rossignol chanter les cerisiers en fleurs... Admirez le paon se pavaner dans les pivoines et le canard se dandiner sous les chrysantèmes... Avez-vous deviné le vol léger de la libellule sur les hortensias bleu azur ?

Tonton Daniel

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Cernuschi

http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_japonais

http://tontondaniel.over-blog.com/article-van-gogh-reves-de-japon-111801565.html

le japon au fil des saisons

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #paris - ile de france, #les arts, #japon

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Publié le 16 Octobre 2014

Bonjour à tous

A l'occasion du 100e anniversaire de l'incendie qui ravagea la cathédrale Notre-Dame de Reims lors des bombardements de septembre 1914, le Musée des Beaux-Arts de la capitale champenoise présente jusqu'en janvier 2015 une exposition aussi passionnante qu'instructive intitulée "Jours de guerre et de paix". Complétant les collections permanentes et les tableaux du peintre Foujita qui seront bientôt déménagés dans un espace plus moderne, l'exposition confronte oeuvres françaises et allemandes des années 1910 à 1930 et permet de mieux comprendre l'étonnant et paradoxal engagement patriotique de nombreux artistes français et allemands, peintres, sculpteurs, architectes, verriers, dessinateurs et musiciens.

Opposant le coq gaulois et l'aigle allemand, l'exposition revient sur la préparation de la guerre, la montée des nationalismes, la loi des trois ans ou les oeuvres de propagande, tout le contexte socio-politique qui aboutira à l'affrontement et à la destruction de Reims à 65% par les bombardements allemands lors de la première guerre mondiale. Les artistes s'engageront, se battront, créeront camouflages et décors en trompe-l'oeil, puis, l'armistice signé, témoigneront des horreurs vécues par les soldats sur le front. Même les couturiers et les parfumeurs s'en mêleront, comme par exemple la maison Poiret et son parfum "Mam'zelle Victoire" édité par Rosine en 1915 !

Aujourd'hui, la cathédrale Notre-Dame est à nouveau défigurée partiellement et temporairement par un grand échafaudage dressé devant sa façade occidentale, mais cette fois-ci pour cause de travaux de restauration ! Ce qui n'empêche pas le célèbrissime et imperturbable Ange au Sourire d'accueillir visiteurs et fidèles dans cet exceptionnel joyau de l'art gothique où se perpétuent le souvenir de Clovis, de Jeanne d'Arc et celui du sacre des rois de France. Autre symbole historique voisin de la cathédrale, le palais du Tau, ancienne demeure des archevêques de Reims aménagée pour accueillir le roi et sa suite à l'occasion du sacre, expose tableaux, tapisseries, statues, sculptures et le fabuleux trésor parmi lequel se distinguent le Talisman de Charlemagne, le reliquaire de la Sainte Epine et la "sainte ampoule" utilisée pour la dernière fois lors du sacre de Charles X en 1825.

Une cathédrale bientôt restaurée... Un musée bientôt réaménagé et modernisé... Un rayon de soleil automnal... Une Europe en paix... Vous reprendrez bien une coupe de Vin de Champagne ?

Tonton Daniel

Les photos prises mardi et mercredi :

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #sur les routes de france, #histoire, #les arts, #architecture, #religion

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Publié le 26 Août 2014

Bonjour à tous

Réouvert en septembre 2012 après quatre ans de travaux, le département des Arts de l'Islam du musée du Louvre à Paris présente dans la cour Visconti 3000 oeuvres retraçant l'évolution de l'art islamique du VIIe au XIXe siècles. Dès la première salle, sous une extraordinaire structure évoquant tout à la fois les ondulations d'une dune de sable et la tente d'un bédouin, il est bien précisé que cet art n'est pas uniquement religieux, l'Islam étant considéré ici "comme une civilisation plutôt que comme une religion". Chandeliers, tapis ou lampes, beaucoup d'objets exposés sur les deux niveaux ont d'ailleurs une fonction indéfinie, civile ou religieuse.

Avec une histoire vieille de 1200 ans, le monde islamique regroupe tout à la fois les conquêtes arabes, le califat de Cordoue, les sultans de Bagdad, les berbères du Maroc, les Mamlouks du Caire, le soufisme turco-mongol, le sultanat de Delhi, les Ottomans à Constantinople, les moghols indiens... C'est aussi l'Alhambra de Grenade, le palais de Topkapi à Istambul, la mosquée des Omeyyades de Damas, le mausolée de Tamerlan à Samarcande ou le Taj Mahal à Agra ! Un empire si vaste et si étendu qu'il a souvent été influencé par ses conquêtes et ses voisins, l'Inde, la Chine ou l'Europe. L'unité stylistique dans cette présentation est donc avant tout le résultat d'une écriture commune, l'écriture arabe, "véhicule du Coran" et prétexte à une calligraphie sophistiquée souvent accompagnée de symboles géométriques.

Parmi les oeuvres d'art célèbres sont ici exposés la "Pyxide d’al-Mughira", boite en ivoire du Xe siècle, le "Chandelier aux canards", en cuivre martelé du XIIe siècle, une aiguière en cristal de roche fabriquée en Egypte au début du XIe siècle ainsi que le magnifique "Baptistère de Saint-Louis", bassin de métal incrusté réalisé en Syrie au XIVe siècle. Si l'art islamique connait très peu la sculpture, les objets usuels et scientifiques ne sont pas oubliés, des bâtons de divination en os sculpté du VIIe siècle, une incroyable cage à mangouste ou un minuscule tendeur de corde d'arc en bronze, tous deux du VIIIe siècle, ou encore ce rarissime globe céleste en bronze gravé incrusté d'argent du XIIe siècle.

Malgré les tapis de prière ottomans du XVe siècle, les stèles funéraires et les dagues indiennes du XVIIe siècle, quelques objets laissent deviner un monde oriental beaucoup plus sensuel, hédoniste et épicurien qu'il ne semble être de nos jours dans certaines contrées soumises à un orthodoxisme et un intégrisme religieux insupportables. Ainsi cette cruche en céramique du VIIIe siècle portant l'inscription en arabe "Buvez de bon coeur", ce minuscule flacon à parfum de turban en verre soufflé du VIIIe siècle, ce pichet du IXe siècle portant comme inscription une ardente déclaration d'amour ou ces coupes à vin en jade du XVe siècle que n'aurait pas reniées le poète persan Omar Khayyam !

Enfin, miniatures et portraits princiers moghols du XVIIe siècle, collections de peintures et de dessins persans au XVIe siècle, enluminures et livres précieux nous rappellent que, contrairement à une idée reçue, l'art islamique s'est illustré depuis toujours de représentations humaines, animales ou florales et n'est pas du tout incompatible avec des traductions de la Nature. Doit-on d'ailleurs rappeler que dans le monde musulman, à une autre époque, offrir une fleur à peine éclose ou sa représentation était un symbole de paix et un cadeau très précieux ?

Tonton Daniel

Les liens :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_de_l%27Islam

http://tontondaniel.over-blog.com/2014/05/le-louvre-lens.html

http://tontondaniel.over-blog.com/article-31911385.html (Louvre Abu Dhabi)

http://tontondaniel.over-blog.com/article-album-photos-ouzbekistan-38149730.html

Les photos prises hier au musée du Louvre :

arts de l'islam au louvre
arts de l'islam au louvre
arts de l'islam au louvre
arts de l'islam au louvre
arts de l'islam au louvre
arts de l'islam au louvre

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #paris - ile de france, #les arts

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Publié le 30 Juin 2014

Bonjour à tous

En 1612 à Paris, trois artistes peintres sont réunis dans l'atelier de l'un d'entre eux et dissertent sur la finalité de leur art en évoquant Rembrandt, Titien, Dürer, Véronèse et Raphaël. Deux d'entre eux, Nicolas Poussin et Frans Pourbus, ont réellement vécu. Le troisième, nommé Frenhofer, est une pure invention du romancier Honoré de Balzac qui en fait en 1831 la figure principale de sa nouvelle "Le chef-d'oeuvre inconnu". Le ton rappelle à la fois "Le Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde, l'ambiance fantastique des récits d'Edgar Allan Poe et celle des contes d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann dont elle est probablement inspirée. Les deux autres personnages du récit sont Gillette, modèle vivant et femme-objet amoureuse de Poussin, et un mystérieux tableau commencé dix ans auparavant par le maitre Frenhofer que personne n'a jamais contemplé et qu'il affirme être son chef-d'oeuvre. Le chef-d'oeuvre inconnu...

Hélas, malgré son talent professoral et devant l'incompréhension des plus jeunes devant son "chef-d'oeuvre" subjectif, le maitre va comprendre que la perfection est inaccessible et que son insatisfaction permanente révèle son incapacité à s'exprimer. Nouveau Pygmalion amoureux de son oeuvre immortelle, il lui a prêté vie et âme avant de sombrer peu à peu dans la folie et dans la mort...

Bien que de trois générations différentes, les trois hommes se sont accordés sur le principe énoncé par Frenhofer que le trait, le contour, la forme et les apparences du dessin doivent laisser place à la lumière, à la couleur, au dégradé et à la poésie, qu'une oeuvre d'art doit provoquer idées, visions et sensations plutôt que de se révéler conforme à la réalité du modèle ou du paysage original : "La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer !" Un bon peintre ne fait pas forcément un artiste ! Un vrai manifeste d'avant-garde signé Balzac que n'auraient pas renier impressionnistes et pointillistes !

Tonton Daniel

le chef-d'oeuvre inconnu

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #les arts

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