medecine

Publié le 5 Février 2020


Bonjour à tous

Située dans la Cordillère des Andes au Pérou à 5300 mètres d'altitude, La Rinconada est considérée aujourd'hui comme la ville la plus haute du monde. A deux pas de la frontière bolivienne, 60.000 habitants dont 18.000 mineurs, tous d'origine Quechua ou Aymara, s'entassent autour de bars bon marché, de boutiques sordides, de bordels non chauffés et surtout de 250 mines d'or dans des conditions épouvantables. Altitude, froid, insécurité, la cité minière ne compte ni eau courante, ni égouts, ni installations sanitaires, ni bureau de poste, ni commissariat et présente aussi la pollution la plus haute de la planète ! Cernée par des milliers de sacs poubelles éventrés par vautours et alpagas, la région est gravement polluée par le cyanure de potassium et le mercure dont se servent les prospecteurs afin de séparer "la sueur du Soleil" du minerai. Depuis le début de cette nouvelle ruée vers l'or, on estime à sept tonnes la quantité de métaux lourds ainsi déversés par la société Corporación Minera Ananea dans les rivières qui alimentent le lac Titicaca situé une centaine de kilomètres plus au sud et 1.500 mètres en contrebas. Dans cet enfer glacé, entre la roche du mont Ananea et le glacier menaçant surnommé ironiquement "La belle au bois dormant", beaucoup d'ouvriers sont morts dans des effondrements de galeries souvent artisanales, informelles et illégales. La violence est ici présente sous toutes les formes et les panneaux à l'entrée de la ville annoncent "Entrée interdite aux voleurs sous peine de mort"...

C'est pourtant ici qu'une équipe de l'INSERM mène depuis 2019 une étude scientifique sur les conditions d'adaptation de la population à l'altitude, l’habitat permanent étant considéré comme impossible au-delà de 5.000 mètres à cause du manque d'oxygène. Les chercheurs de l'Expédition 5300 ont recruté des dizaines de volontaires afin de comprendre le mal aigu ou chronique des montagnes, l’oedème pulmonaire et l’oedème cérébral de haute altitude, les effets du manque d’oxygène (l’hypoxie) et les adaptations physiologiques des habitants à des conditions de vie extrêmes. Ces études pourront aider à terme les individus souffrant d’anomalies respiratoires ou hématologiques, de bronchopneumopathie chronique obstructive, d’apnée du sommeil ou de drépanocytose. Elles ont permis de constater que les sujets étudiés présentaient en plus d'une adaptation génétique exceptionnelle des taux d'hématocrite hallucinants frisant les 85%, la valeur la plus élevée jamais enregistrée dans le monde et un taux quasi mortel pour n'importe quel européen ! Le sang des habitants de La Rinconada est si visqueux qu'il est difficile à prélever et qu'il peut même boucher les machines médicales !

La plus haute du monde, l'une des plus polluées et des plus dangereuses, peuplée de phénomènes humains à la constitution hors norme, La Rinconada est décidément la ville de tous les records !

Sources : magazine Sciences et Avenir n°876 Février 2020 / Internet

Tonton Daniel
 

la ville la plus haute du monde
la ville la plus haute du monde
la ville la plus haute du monde

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #médecine, #environnement, #architecture

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Publié le 2 Février 2020


Bonjour à tous

En médecine, la météorisation désigne le gonflement de l'abdomen par accumulation anormale de gaz dans l'estomac. En médecine vétérinaire, cette anomalie fréquente et potentiellement mortelle concerne tous les ruminants, ovins, caprins et bovins. Elle peut être provoquée par obstruction de l'oesophage ou absorption de certains aliments dont la fermentation provoque la formation d'une mousse qui bloque mécaniquement l'éructation et l'évacuation des gaz comme le méthane. Le gonflement exagéré de la panse (ou rumen) provoque à son tour l'asphyxie par compression des poumons. Parmi les aliments dangereux, trèfle, luzerne, végétaux à croissance rapide ou jeunes herbages gras et humides qui fermentent beaucoup plus facilement que le foin sec. Les éleveurs évitent en général le pâturage matinal après la pluie ou une forte rosée.

En fonction du type de blocage, il faut provoquer l'éructation de l'animal par des massages, un sondage bucco-oesophagien, l'administration d'un médicament ou d'une préparation vomitive, et dans les cas extrêmes et urgents, par la pratique du trocardage. La méthode consiste à percer la panse du ruminant malade à travers la peau et à l'aide d'un trocard, poinçon métallique destiné initialement à trouer les lanières de cuir. A priori violente, la méthode est souvent la seule manière pour les bergers et les bouviers de sauver un animal malade. C'est pourquoi la célèbre marque Laguiole propose depuis longtemps des couteaux avec un poinçon intégré pour percer le flanc des animaux trop gourmands !

Tonton Daniel
 

 

météorisation et trocardage
météorisation et trocardage

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #zoologie, #lexique, #médecine

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Publié le 21 Décembre 2018


Bonjour à tous

Le saviez-vous ? La population des vautours dans le sous-continent indien a chuté de 99% depuis 1990, passant de plusieurs millions d’oiseaux à quelques milliers aujourd'hui ! Selon les services sanitaires et la communauté scientifique, la quasi-disparition de ces rapaces résulte indirectement de l'emploi du Voltarène, un anti-inflammatoire non stéroïdien très commun en médecine traditionnelle et l'un des antidouleurs les plus vendus au monde, massivement utilisé par la médecine vétérinaire indienne pour soigner... les 500 millions de bovins que compte le cheptel du pays !

Rapaces charognards et communautaires, les vautours se nourrissent presque exclusivement en Inde, au Népal et au Pakistan des carcasses de bovins, animaux considérés comme sacrés et donc non consommés par la population hindoue. Ingurgité à haute dose et accompagné d'effets secondaires délétères, le Diclofenac, molécule active du Voltarène, provoque chez les oiseaux une grave insuffisance rénale et est ainsi devenu un poison mortel pour tous les nettoyeurs de la nature que sont vautours gyps, vautours chaugouns, vautours indiens et vautours à long bec. Deux autres espèces locales, vautour de l'Himalaya et vautour fauve, sont moins touchées car hibernant en Inde ou exclusivement montagnarde.

Inévitablement, par effet domino, ce désastre écologique a entraîné de nombreuses conséquences environnementales, sanitaires, économiques et culturelles : contaminations des points d’eau par les carcasses pourrissantes, remplacement du vautour dans la chaîne alimentaire par des espèces moins efficaces comme le chien et le rat devenus alors propagateurs de germes pathogènes, recrudescence de certaines maladies (rage, anthrax, peste...), coûts exorbitants induits pour les institutions de santé, abattage et stérilisation des chiens errants et même abandon par la communauté Parsis de ses rites funéraires !

Si l'utilisation de Voltarène vétérinaire est théoriquement interdite depuis mars 2006 par les autorités indienne, népalaise et pakistanaise, le produit est toujours en vente dans certaines régions du sous-continent et souvent remplacé par du Voltarène classique pour lequel aucune législation n'est en vigueur ! Et en Europe, malgré une demande officielle déposée par plusieurs associations visant à l'interdire, le médicament vétérinaire est toujours commercialisé alors que l'Espagne et l'Italie regroupent 90% de tous les vautours du continent, vautours fauves, vautours moines, vautours percnoptères et gypaètes barbus.

La disparition annoncée des vautours a fini par alerter écotoxicologues et agences sanitaires nationales qui affirment aujourd'hui après de nombreuses études que le Voltarène serait également nocif pour les consommateurs humains ! Prescrit sous ordonnance en France contre les douleurs arthritiques et rhumatismales, le Voltarène est désormais associé à un fort risque de trouble cardiaque (thrombose artérielle, crise ou arrêt cardiaques, AVC, arythmie...) et fortement déconseillé à tous les insuffisants cardiaques...

Entre colère, ahurissement et écœurement, qui saura trouver la morale de cette triste et lamentable fable ?

Sources : Internet et Magazine Sciences et Avenir n°861 (Novembre 2018)

Tonton Daniel
 

le vautour, le voltarène et le petit chimiste

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #zoologie, #médecine, #environnement, #le saviez-vous, #inde

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Publié le 21 Avril 2017


Bonjour à tous

Le saviez-vous ? L'expression "être en odeur de sainteté" qui signifie "être bien vu par une personne ou une collectivité" aurait une origine bien réelle. Face à des constatations évidemment très subjectives, les interprétations diffèrent, que l'on soit mystique, scientifique... ou écrivain !

Le parfum a toujours été associé à Dieu et au Paradis dans la tradition chrétienne. Le mot "Christ" ne signifie-t-il pas "oint" en grec ancien ? Les textes sacrés évoquent l'encens dont les volutes s'élèvent vers les cieux comme une prière, les offrandes de parfums des Rois Mages, les senteurs de rose, de lys ou de violette associés à la Vierge Marie. Ils décrivent également les parfums suaves et fleuris dégagés par les cadavres ou les reliques de quelques saints, parfois très longtemps après leur mort, phénomène auquel est associé l’incorruptibilité du corps. Fragrances de rose, de lis, de violette ou de jasmin, les exemples les plus connus sont ceux de Sainte Thérèse d’Avila et de Padre Pio qui exhalait de son vivant, dit-on, des senteurs paradisiaques. Les autorités religieuses expliquent cette "odeur de sainteté" par une "osmogénèse miraculeuse" et qualifient les saints concernés et les icones les représentant de "myroblites" ("d’où jaillit la myrrhe").

Face à ces "miracles", la science et la médecine moderne expliquent clairement ce phénomène odorant a priori bien réel chez certains individus par un changement de composition du sang, lui-même occasionné par un mode de vie ascétique. Le jeûne (religieux ou non, végétarien ou non) ralentit en effet la production de corps cétoniques et d'acétone par le foie, modifie le métabolisme, perturbe le fonctionnement des globules rouges sanguins et, finalement, réduit l'oxydation générale de l'organisme. Le cas de Thérèse d’Avila relèverait essentiellement de sa maladie, l'acétonémie diabétique. Dans certains cas, l'embaumement à base d'encens, d’aromates ou d’onguents, le bois, les fleurs ou les résines déposés près du cadavre, expliqueraient encore plus simplement le dégagement d'odeurs des reliques.

Il faut enfin être romancier et s'appeler Patrick Süskind pour créer le personnage de Jean-Baptiste Grenouille, parfumeur et meurtrier, imaginer que le plus angélique et le plus divin des parfums puisse faire naitre "une palpitation d'allégresse, une virginale et délicate lueur de bonheur", faire naitre l'amour "jusqu'à la folie, jusqu'au sacrifice de soi", maitriser "le coeur des hommes", les "inonder de beauté comme d'un feu radieux" et les faire "frémir de ravissement, pleurer de volupté et tomber à genoux comme à l'odeur de l'encens froid de Dieu" !

Tonton Daniel

"La consommation de pets-de-nonne ne garantit pas une mort en odeur de sainteté" (Patrick Heuschen)

 

en odeur de sainteté

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #lexique, #le parfum, #religion, #médecine, #la mort

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Publié le 10 Mars 2017


Bonjour à tous

Petite-fille d'esclaves noirs américains, Henrietta Lacks est née en Virginie en août 1920. Mariée à 21 ans, elle aura cinq enfants et c'est peu après son dernier accouchement dans un hôpital réservé aux patients noirs qu'on lui découvre une tumeur localisée sur le col de l'utérus, très vite diagnostiquée maligne et très invasive. Quelques cellules cancéreuses de la tumeur sont prélevées à deux reprises sans en informer la patiente et transmises au médecin en charge du service de recherche sur la culture des tissus humains à l’hôpital John Hopkins de Baltimore. Après guerre, les médecins savent déjà que des cellules qui se mettent à proliférer de manière anarchique forment une tumeur pouvant être responsable d’un cancer et cherchent donc à maintenir en vie des cellules humaines en culture afin de comprendre le rôle des protéines et des enzymes dans le contrôle de leur prolifération.

Alors qu'Henrietta Lacks décède en octobre 1951 à l'âge de 31 ans malgré une radiothérapie au radium survient l'incroyable découverte. Contrairement aux cellules humaines qui mourraient rapidement jusqu'alors in vitro, les cellules d'Henrietta Lacks vivent et se reproduisent indéfiniment ! Baptisées HeLa, initiales d'Henrietta, ces cellules exceptionnelles et théoriquement immortelles sont rapidement mises en culture et diffusées comme simple matériel biologique dans les laboratoires du monde entier. Depuis bientôt 70 ans, objet d'innombrables tests de vaccins et de médicaments ou de nombreux essais thérapeutiques, la lignée de cellules HeLa n'a jamais cessé de se multiplier, permettant la mise au point du vaccin contre la poliomyélite, une meilleure compréhension des virus, des maladies cancéreuses et des maladies chromosomiques et des avancées notables dans les domaines de la thérapie génique, de la congélation temporaire des tissus organiques et de la fécondation in vitro. Bien avant n'importe quel astronaute, des cellules HeLa ont même voyagé dans l'espace en 1960 pour étudier sur elles les effets de l'apesanteur !

Inconnue du grand public, Henrietta Lacks est devenue bienfaitrice de l'Humanité et aura sans le savoir sauvé indirectement des dizaines de milliers de patients atteints de différentes pathologies. Restée dans l'ignorance pendant plusieurs décennies, sa famille a obtenu le droit de regard sur ce qui pourra ou non être publié à l'avenir ainsi que le droit de siéger dans un comité scientifique et éthique ayant pour but de "valider les recherches génétiques conduites sur le génome d'Henrietta Lacks". La polémique n'est toujours pas close aux Etats-Unis où le cas a soulevé des questions éthiques très diverses, reconnaissance des droits des familles, consentement pour les prélèvements de tissus, propriété individuelle de l'ADN contenu dans des cellules prélevées, commercialisation de ces cellules... Sur ce dernier point, beaucoup ont noté et dénoncé l'enrichissement d'industriels de la santé utilisant les cellules d'Henrietta Lacks alors que cette dernière a été enterrée sans même une simple pierre tombale, que ses descendants n'ont toujours pas de protection sociale et qu'ils survivent aujourd'hui grâce aux maigres droits d'auteur d'une biographie de leur aïeule...

Depuis la nuit des temps, l'Homme a toujours cherché à comprendre et à vaincre la mort, faisant d'impossibles rêves d'immortalité. Aujourd'hui, les scientifiques pensent avoir compris une partie du secret des cellules HeLa. La cohabitation des gènes du papillomavirus ayant déclenché le cancer d'Henrietta Lacks et des gènes de la malade permettrait la présence et l'action inhabituelle de la télomérase, enzyme qui reconstitue les télomères des chromosomes dans les cellules après leur duplication, empêchant théoriquement tout vieillissement. L'histoire extraordinaire d'Henrietta Lacks n'est peut-être pas encore terminée...

Tonton Daniel

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henrietta_Lacks

https://fr.wikipedia.org/wiki/HeLa

http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/08/12/01008-20130812ARTFIG00342-pourquoi-les-cellules-d-henrietta-lacks-sont-immortelles.php

http://www.biopsci.com/2009/01/20/henrietta-lacks-du-cancer-a-limmortalite/

http://www.axolot.info/?p=379

 

 

henrietta lacks

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #portraits, #médecine, #la mort

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