Publié le 10 Mai 2021


Bonjour à tous

La téléréalité peut-elle être considérée comme une forme d'art comme le suggère la quatrième de couverture du dernier roman d'Aurélien Bellanger qui parait au moment même où le microcosme culturel et médiatique parisien célébre les vingt ans de la première émission de téléréalité française, le désormais célèbre Loft Story ? Présentée en préambule par son auteur comme une fiction, l'histoire est celle d'un "enfant de la télévision", jeune Rastignac des années 90, accro au petit écran dans un temps sans téléphone portable ni internet ni réseaux sociaux, que plusieurs rencontres et beaucoup d'orgueil vont conduire à Paris pour y devenir en deux temps et trois mouvements le plus gros producteur d'émissions de l'Hexagone et le premier à y importer et y imposer le concept de téléréalité.

Hélas, le parcours de notre arriviste occupent les trois premiers quarts d'un bouquin déroulant clichés et idées reçues sur l'envers du décor et le monde impitoyable de la lucarne magique, animateurs narcissiques, course à l'Audimat, hommes de l'ombre aux motivations diverses (gloire, puissance ou profit), histoire jonchée de cadavres, de scandales, de sexe, de drogue, d'hypocrisie, de méchanceté, d'ambitions et de coups tordus. Derrière l'écran en couleurs, beaucoup de noirceur !

Après un bref rappel de l'expérience "Biosphère 2" et du film "The Truman show" arrivent enfin les premiers lofteurs, la critique de Big Brother que le lecteur attend depuis la première page et le rappel de tous les qualificatifs employés depuis deux décennies pour qualifier ce nouveau genre de spectacle. "Voyeurisme", "décadence", "existence par procuration", "prostitution télévisuelle", "esclavage", "télé-poubelle", "crime contre la civilisation" et même "danger pour la démocratie" ! 

Ni témoignage ni analyse, à la fois roman et documentaire, voici une littérature au genre indéfini, reflet d'une époque hésitante et peu plaisante, partagée entre fascination et rejet. Compréhensible par la seule génération Dorothée-Goldorak, l'oeuvre est bavarde, superficielle, enflée de noms et de détails, et ne répond à aucune question. Basée sur l'individualisme, la trahison, le harcèlement moral et l'exploitation des faiblesses d'autrui, la téléréalité n'est-elle qu'un épiphénomène passager lié à la survie incertaine de la télévision, l'une des illustrations du "personal branding" prophétisé dès les années 60 par Andy Warhol ou l'anticipation de programmes terrifiants jouant avec "la mort en direct" ?

Avec un tout petit peu de recul, de bon sens et d'impartialité, les plus malins répondront que la téléréalité présente une réalité qui n'en est pas une, que ce phénomène de fake television s'apparente à celui des fake news en fonctionnant sur la fascination, la passivité et la crédulité des masses. Et que ses rares points communs avec le domaine artistique résident dans sa capacité de transfigurer la réalité, de provoquer la controverse et de faire du pognon ! Ce qu'Aurélien Bellanger illustre, pointe et traduit de manière assez gonflée en comparant Loana sortant de sa piscine à la Vénus de Botticelli émergeant de son coquillage ! A chaque époque ses icônes et ses convictions !

Tonton Daniel
 

téléréalité

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #télévision

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Publié le 5 Mai 2021


Bonjour à tous

Déjà évoqués ici en novembre 2013, le visage pâle et le sourire angélique de la "Joconde noyée" nous reviennent aujourd'hui sous les traits de "L'inconnue de la Seine", dévoilés par le romancier Didier Blonde dans un récit passionnant, plein de grâce et de délicatesse. Guidé par des fantômes bienveillants et par le souvenir du "Piéton de Paris" que fut Léon-Paul Fargue, il nous emmène dans le Paris oublié de 1901, le long d'un fleuve aux eaux troubles, sombres et fascinantes, au temps des pêcheurs à la ligne, des lavandières et des baigneurs du dimanche.

Le récit commence de nos jours avec la découverte par un libraire parisien du masque mortuaire de la jeune fille qu'on surnomma autrefois la "Joconde du suicide", celle dont l'histoire vraie et extraordinaire fut chantée par des poètes et des écrivains comme Supervielle, Aragon, Horváth ou Rilke. A la fois célèbre et anonyme dans la mort comme le sera quelques années plus tard le soldat inconnu inhumé sous l'Arc de Triomphe de la Capitale, l'inconnue reste aujourd'hui une icône nimbée d'obscurité, un miroir secret qui "renvoie chacun à sa propre conscience".

Notre libraire a perdu sa compagne récemment et considère "la mort comme une énigme à déchiffrer". Obsédé par ce silence, il fera tout pour superposer les deux visages et comprendre qui était la jeune femme derrière le masque. Ses investigations l'amèneront à croiser une autre enquêtrice, il élaborera plusieurs hypothèses insatisfaisantes, mais ne renonçant pas à ses rêves et préférant le mystère à la vérité, la transfiguration à la réalité, il choisira finalement de reprendre ses recherches...

N'est-il pas en effet plus important de chercher que de trouver ?

Tonton Daniel
 

 

l'inconnue de la seine

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #la mort, #secrets et mystères

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Publié le 2 Mai 2021


Bonjour à tous

Antoine, critique d'art et admirateur inconditionnel de Vuillard et des Nabis, déteste Venise ! Il va néanmoins retourner se perdre dans les calles de la Sérénissime afin de retrouver Ornella, jeune femme croisée à Paris, et résoudre le mystère de "la bulle de Tiepolo". Qui est et que fait le personnage mystérieux de la fresque peinte par Giandomenico Tiepolo au XVIIIe siècle intitulée "Il mondo nuovo" et représentant le spectacle de la lanterne magique ?

Court récit de Philippe Delerm, réflexion sur l'art, l'édition et la création, cette bulle de savon de Tiepolo est aussi un symbole du temps qui passe, une sphère instable, chatoyante et déformante qui propose la vision d'un monde éphémère, fragile et fugace. La rencontre décisive entre Antoine et Ornella, tous deux confrontés à des secrets de famille et tourmentés par leurs passés respectifs, va leur permettre de percer les "métaphores secrètes" de deux oeuvres d'art très différentes et de contempler enfin Venise et le monde autrement.

Tonton Daniel
 

la bulle de tiepolo
la bulle de tiepolo
la bulle de tiepolo

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #les arts

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