Publié le 20 Décembre 2023

Aujourd'hui associée à la biodiversité qu'elle protège et au climat qu'elle régule, la forêt a longtemps été perçue par les humains comme un lieu de ténèbres et de mystères peuplé de sorcières et de fantômes. Malgré les progrès de la science, cette vision poétique et romantique n'a pas entièrement disparu. Témoin la forêt d'Aokigahara située au pied du mont Fuji au Japon, considérée depuis les années 1950 comme l'un des sites où l'on se suicide le plus au monde après le Golden Gate Bridge à San Francisco !

Surnommée localement "Jukai" ("mer d'arbres"), Aokigahara est installée sur une ancienne coulée de lave au relief accidenté couvrant 3.500 hectares. Dépeint en 1959 par l'écrivain japonais Seicho Matsumoto comme "un endroit idéal pour mourir en secret" puis conseillé en 1993 par l'auteur Wataru Tsurumi dans son controversé "Mode d'emploi complet du suicide", le site a été choisi pour décor de nombreuses oeuvres de fiction, films, livres et mangas. Selon la tradition, il serait aussi très présent au Pays du Soleil Levant dans la pratique mythique de l'ubasute, géronticide consistant à l'abandon volontaire de personnes âgées dans un endroit isolé...

Si des humoristes nippons s'amusent que le nombre de suicides par pendaison ou overdose de drogue serait en nette augmentation au Japon à l'approche du mois de mars marquant la fin de l'année fiscale, on recensait 108 suicides bien réels en 2004 à Aokigahara malgré des affichages préventifs et de fréquentes patrouilles de surveillance. Les autorités locales de la préfecture de Yamanashi ont donc décidé à cette date de ne plus publier aucun chiffre afin d'éviter toute publicité involontaire et macabre.

Malgré son cadre idyllique, sa faune abondante, ses oiseaux, ses papillons, ses nombreux conifères, érables et rhododendrons, la forêt des suicides demeure un lieu de ténèbres, de silence et de mort qui porte bien son nom !

Tonton Daniel
 

la forêt des suicides

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #japon, #arbres, #la mort

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Publié le 13 Décembre 2023

Diane et Actéon - Giuseppe Cesari - 1603 - Musée du Louvre

Diane et Actéon - Giuseppe Cesari - 1603 - Musée du Louvre

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #les arts, #actualité

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Publié le 8 Décembre 2023

"Réveillez-vous, gens qui dormez,
Priez Dieu pour les trépassés !"

Ainsi concluait le crieur de morts chargé d'annoncer publiquement le décès d'un villageois dans la France du XIIIe siècle. Vêtu d'un habit noir brodé de crânes, de tibias et de larmes, l'officier public passait de jour comme de nuit dans les ruelles de son village au son d'une cloche puis se postait dans un lieu propice à la diffusion des nouvelles, carrefour, place du marché ou parvis d'église. L'auditoire rassemblé et enfin silencieux après un ultime roulement de tambour, le "crieur-juré" énumérait le nom du défunt, la date des funérailles, le lieu de l'enterrement et la formule consacrée pour la prière aux morts.

La pratique concernait également les personnages illustres et l'Histoire rapporte qu'en 1416, à la mort de Jean de Berry, fils du roi de France Jean Le Bon et frère de Charles V, huit crieurs parcoururent les rues de Paris pendant quatre jours pour annoncer sa disparition.

Tout comme le garde champêtre, le crieur public ou le campanier itinérant, équivalent dans les campagnes du crieur de morts, le "clocheteur des trépassés" a officié bien après l'invention de l'imprimerie au XVe siècle, la plupart des membres de la communauté rurale ne sachant ni lire ni écrire. Seuls quelques-uns pouvaient alors déchiffrer et lire à haute voix les affiches placardées sur les murs de la cité ou la porte des églises. Au XVIIIe siècle, les plus riches commencent à faire distribuer à quelques destinataires choisis des petits billets, ancêtres des faire-part qui vont à leur tour se généraliser parmi les classes populaires. Enfin, au XXe siècle, les avis d’obsèques sont publiés dans les journaux quotidiens par les familles de défunts, enterrant définitivement un métier du passé parfaitement oublié aujourd'hui.

Sources : Internet / Le Parisien - Histoires de Paris n°13 - Dans le secret des cimetières parisiens - Décembre 2020

Tonton Daniel
 

le crieur de morts

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #la mort, #le saviez-vous

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Publié le 3 Décembre 2023

Qui de mieux pour évoquer "Le parfum des forêts" qu'un ancien bûcheron reconverti dans l'industrie du parfum ? Dominique Roques, aujourd'hui "sourceur d'extraits naturels" pour l’un des leaders mondiaux de la parfumerie et des arômes, a longtemps abattu des arbres par tradition familiale. Dans son dernier ouvrage, il tente de concilier deux discours paradoxaux, celui de l'homme émerveillé par la Nature et celui de l'exploitant au service d'intérêts industriels et financiers. Amour des arbres et exploitation des forêts pourraient donc faire bon ménage ?

Des cèdres du Liban quasiment disparus aux séquoias géants de Californie en passant par les hêtres européens, les pins des Landes et le gaïac du Paraguay, l'auteur évoque un temps immobile, silencieux et très long, l'histoire des arbres, végétaux plus anciens que les dinosaures auxquels ils ont survécu comme ils ont survécu jusqu'à présent aux haches, aux tronçonneuses et aux "moissonneuses d'arbres". Pour combien de temps encore ?

L'histoire parallèle des hommes et des forêts a en effet connu bien des remous. Au fil des siècles, charbonniers, sylviculteurs et bûcherons ont laissé place à une agriculture industrielle, à la déforestation des tropiques, au massacre de quelques peuples autochtones et aux besoins d'une pression démographique exponentielle. Afin de ralentir ou d'inverser la déforestation mondiale, nombre de solutions ont été proposées ou testées, plantations artificielles basées sur la monoculture mais synonymes de baisse de la biodiversité, d'utilisation massive de pesticides ou de compactage des sols, projets parfaitement utopiques de grandes "murailles vertes" africaines et chinoises ou encore plantations à grande échelle sous l'impulsion de grands groupes industriels papetiers, chimiques, pharmaceutiques ou de parfumerie...

Une vision pragmatique imposerait le retour des haies, l'agroforesterie ou l'exploitation raisonnée des forêts même si ces pratiques sont issues d'une réflexion sur l'amélioration des rendements ou la réduction des factures énergétiques. Quant à la sanctuarisation, la surveillance de forêts "sans finalité économique" ou la recréation de forêts primaires, elles restent pour l'instant anecdotiques et incompatibles avec le temps rapide des hommes.

Entre souvenirs, regrets et craintes pour l'avenir, Dominique Roques nous offre une vision très différente du discours habituel, une glorification anachronique et parfois dérangeante du métier de bûcheron mêlée à un réquisitoire contre le machinisme infernal et la course au profit, un récit dans lequel les bois odorants et les parfums sont hélas souvent absents ! Au lecteur de faire la part des choses et trouver un moyen terme entre une Réformation à la Colbert et une fable à la Giono !

Tonton Daniel
 

le parfum des forêts

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #arbres, #le parfum

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