l'amour à versailles

Publié le 14 Août 2009


Bonjour à tous


Avec Sissi, Angélique et autres sucreries, j'ai longtemps cru que la Cour des rois, et surtout celle de Versailles, n'était que luxe, beauté, plaisir, calme et volupté, enchantement et raffinement...
La réalité historique ? La luxure et non le luxe, la volupté... celle des prostituées, le plaisir... celui du roi, et le raffinement... celui des ébats sexuels dans les fourrés du parc...


Jardinier en chef du domaine de Versailles depuis 30 ans, Alain Baraton sait tout de la petite Histoire, celle des alcôves, des parties carrées et des enfants illégitimes. Loin des portraits officiels, son livre "L'amour à Versailles" est édifiant et fait tomber bien des idées reçues sur la France des lumières !


Première étape vers la Bretagne et vers l'enfer, le site de Versailles est choisi comme garçonnière par Louis XIII pour le calme et la solitude propices à des aventures amoureuses. Assurément bissexuel, il rejoindra Louise de la Fayette ou le marquis de Cinq-Mars dans des bosquets conçus dès l'origine pour s'isoler de la foule...


Plus loin, on apprend comment Louis XIV a été déniaisé par la baronne de Beauvais, borgne, vérolée, vicieuse et surnommée Cateau la borgnesse, avant d'épouser pour raison d'état la jeune et vilaine Marie-Thérèse d'Espagne.
On croise successivement Philippe, frère du roi, et son amant le chevalier de Lorraine, Louise de la Vallière, maigre, boiteuse et les dents cariées, puis Mme de Montespan, qui aura "sur le tard, des allures de cétacé"... C'est aussi la duchesse de Chartres et la princesse de Conti se traitant publiquement de "sac à vin" et de "sac de guenilles"... Louis XIV vieillissant a les dents cariées, une loupe sur la tête, de l'embonpoint et, comme son grand-père Henri IV, une haleine pestilentielle !


Le libertin Louis XV, lui, est tout simplement un obsédé sexuel, cruel et vicieux, à la limite de la pédophilie quand il recrute pour son bordel personnel, le Parc aux Cerfs, des jeunes filles de douze ans sous prétexte de vouloir éviter la vérole. Paranoïaque et hypocondriaque, il utilisera tous les recoins du château pour la gaudriole et pour manger des fraises sur les seins de ses maitresses... A cette époque, prostitution organisée ou pas, les mères viennent "offrir" leurs filles au monarque, "les bosquets sentent le foutre" et la nymphomane duchesse de Retz s'exhibe nue dans le parc pour se faire prendre par qui le souhaite... "Que la fête commence !"


Et voici la marquise de Pompadour, "éduquée" par sa mère à toutes les techniques érotiques et sexuelles, "testée" comme toutes les autres par Lebel, premier valet de chambre du roi, surnommée "la macreuse" et donnant publiquement du "ma salope" à ses amies avant de se voir offrir ce qui deviendra plus tard le palais de l'Elysée...


L'impudique comtesse du Barry se promène elle aussi nue dans Trianon, jure comme un charretier et interpelle son royal et vieil amant dans la Galerie des Glaces : "Hé, la France !"


Avec Marie-Antoinette, nous rencontrons une femme petite, le cou gras, la poitine plate, mariée à un Louis XVI ennuyeux, pansu, "qui tient plus du crapaud que du prince" et qui finira par honorer sa femme sur les conseils de son beau-frère l'empereur Joseph II qui lui fait découvrir la position de la levrette !


A Versailles, "des femmes qui se sont données au roi dans un bosquet, il y en a autant que des mauvaises herbes au printemps"..., le bois devient "un claque à ciel ouvert (...) il y a quasiment autant de filles que d'arbres"...


Alain Baraton n'oublie pas le peuple qui a faim et nous fait surtout comprendre tout au long de son ouvrage pourquoi les parisiens grondent devant tant d'horreurs... Informée par pamphlets et quatrains satiriques (car tout se sait), la France file tout droit vers la Révolution...
Alain Baraton conclut avec les naturistes, exhibitionnistes et autres couples illégitimes contemporains qui ont presque déserté le parc depuis la tempête de 1999 mais qui n'attendent qu'une occasion pour revenir soupirer dans les bosquets...


Les anecdotes coquines fourmillent sur les moeurs de la Cour et sur ce qui se cache derrière l'apparence des lambris dorés : maquillage, hygiène, vêtements, éventails, mouches, codes des accessoires, langage des fruits et des fleurs, mais aussi les repas, les jeux, la musique, la danse, les godemichés, les dentelles...
"L'amour à Versailles" aurait fini il y a peu dans l'Enfer des bibliothèques et son auteur embastillé aux côtés du marquis de Sade car les portraits au vitriol peints et décrits par Alain Baraton sont dignes de la méchanceté perfide d'un courtisan du Grand Siècle. Le style est clair, fluide, drôle et léger comme une caresse de la Pompadour ! Le langage est fleuri, la fellation devient une "mise en bouche", le cunnilingus un "effeuillage de rose", le gland un "gros bigarreau rouge"...
Un vrai délice !


Tonton Daniel


 



Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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