dieu n'est pas grand

Publié le 31 Janvier 2015

Bonjour à tous

Moins d'un mois après les attentats de Paris, la lecture de "Dieu n'est pas grand" ("God Is Not Great") du journaliste anglo-américain Christopher Hitchens résonne de manière très particulière. Evoquant les caricatures danoises de Mahomet parues en 2006, le militant "antithéiste et défenseur des idées des Lumières" avait sous-titré son essai paru en 2007 "Comment la religion empoisonne tout" ! L'actualité semble confirmer inlassablement cette affirmation : manifestations anti-Charlie Hebdo en Afghanistan, exactions du groupe salafiste et djihadiste Boko Haram dans le nord du Nigéria, explosion dans une mosquée chiite au Pakistan, virevoltes du pape François sur la procréation des catholiques assimilée à celle des lapins, femmes hindoues incitées à avoir quatre enfants afin de "protéger leur religion", enlèvements et tortures d'hommes mariés par des rabbins ultra-orthodoxes à New York dans le cadre de divorces religieux...

Défenseur de la liberté d'expression, Christopher Hitchens n'hésite pas à employer des mots très forts : servilité, intolérance, dictature, magie noire, chimère, sottises, absurdités, cruautés, racisme... L'homme connait son sujet : ami de Salman Rushdie, il a beaucoup voyagé, du Darfour à Sarajevo, de Médine au Vatican, de Jérusalem au Tibet, a reçu le petit-fils de l'ayatollah Khomeini et participé entre autres évènements au procès en béatification de mère Térésa. Il explique la création de la religion par une biologie imparfaite, les humains étant toujours des "créatures en cours d'évolution", en proie aux peurs des phénomènes naturels et désirant échapper à la mort comme le soulignait Freud avant lui. Quant aux guérisons miraculeuses, ne sont-elles pas le résultat d'un effet placebo engendré par une foi sans discernement ? Le marxisme, lui, n'est pas une alternative rationnelle à la religion selon Christopher Hitchens, les deux idéologies appliquant un "dogmatisme comparable". L'auteur rappelle les guerres saintes, les croisades et les schismes, oppose la littérature qui nourrit les esprits aux saintes écritures abêtissantes et "les lumières de la raison" et de la science aux innombrables atrocités et exactions menées au nom de tous les dieux au fil des siècles, y compris en Asie et en Extrême-Orient. Il dénonce les absurdités bibliques, les télé-évangélistes et le créationnisme, cite le "De natura" de Lucrèce et "L'origine des espèces" de Charles Darwin, avant de conclure et de déclarer préfèrer le combat actif à toute utopie humaniste et passive.

Moins philosophique que le "Traité d'athéologie" de Michel Onfray, l'ensemble est un fourre-tout un peu brouillon qui part dans tous les sens et aborde des sujets a priori sans rapports directs : Kaaba, ONVI, catastrophes naturelles, commerce triangulaire, kamikazes japonais, suaire de Turin, hypothèse de Laplace, pari de Pascal, aliments interdits, "main invisible" d'Adam Smith, apartheid, et même Madonna ou Léon Trotski ! La sexualité n'est pas oubliée : contraception, avortement, planning familial, masturbation, préservatif... pas plus que l'excision et la circoncision. Le lecteur attentif trouvera quelques informations peu connues mais avérées et d'autres difficiles à vérifier. Parmi les premières, l'évangile selon Saint Matthieu qui évoque Jacques et la fratrie de Jésus (Matthieu, XIII, 55-57), les nombreuses similitudes entre Islam et Eglise mormone ou encore l'interdiction du suicide par l'Islam (quid des terroristes kamikazes ?). Parmi les affirmations invérifiables, l'origine de la charcuterie espagnole destinée à démasquer les musulmans au XVe siècle ou l'interdiction du recyclage du papier par les talibans par crainte de broyer des fragments du Coran...

Avec force détails, Christopher Hitchens parviendra peut-être à convaincre les indécis et les agnostiques que la religion est le mal principal de notre Société mais "Dieu n'est pas grand" n'ébranlera pas, hélas, la conviction des plus fanatiques qui de toute façon ne le liront jamais ! D'aucuns, plus pragmatiques, affirmeront également que la religion, par la crainte qu'elle inspire, est peut-être un mal nécessaire pour canaliser les faiblesses humaines et éviter l'anarchie la plus totale... D'autres enfin rappelleront que dans un million d'années, après l'inéluctable disparition de la civilisation humaine, tout ceci n'aura plus aucune importance...

Tonton Daniel

dieu n'est pas grand

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #religion

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :