le charme discret de l'intestin

Publié le 26 Août 2015

Bonjour à tous

Attention ! Sujet délicat ! Concocté dans sa cuisine par une jeune étudiante en médecine, "Le charme discret de l'intestin" de Giulia Enders est un ouvrage inclassable par sa forme ou par son sujet. Ni ouvrage médical ni ouvrage de vulgarisation, ce déjà best-seller sous-titré "Tout sur un organe mal-aimé" nous raconte sans tabou la vie de notre système digestif avec beaucoup d'humour, de bon sens, d'anecdotes et de détails scientifiques et anatomiques.

Ceux qui chercheront ici des conseils alimentaires et nutritionnels resteront sur leur faim ! Si parmi les nombreux sujets abordés au menu, quelques-uns sont très présents dans les médias féminins où fleurissent conseils diététiques et régimes originaux (radicaux libres, régime sans gluten, fibres et acides gras...), d'autres en revanche se révèlent beaucoup moins classiques et parfois inattendus ! Vous pourrez ainsi croiser au fil des pages quelques abeilles et des salmonelles, des oxyures et le comte Dracula, vous trouverez un carnet scatologique et la très réelle échelle de Bristol comparant les différents types de selles humaines, vous comprendrez pourquoi l'invention du suppositoire est simple et géniale et vous apprendrez sans doute l'existence d'une pratique surprenante, la transplantation fécale, ou bactériothérapie fécale, destinée à lutter chez certains patients contre les infections liées à la bactérie Clostridium difficile !

Plus sérieusement, Giulia Enders rappelle aussi l'action antalgique de la salive, l'asymétrie de l'estomac, la fonction de l'intestin grêle ou le rôle du nerf vague et des neurotransmetteurs. Comme avant elle le diététicien Pierre Pallardy dans son ouvrage "Et si ça venait du ventre ?", l'auteure confirme l'importance du système nerveux viscéral ou entérique appartenant au système nerveux autonome. Considéré aujourd'hui par nombre de neurobiologistes comme un "deuxième cerveau", ce système nerveux encore méconnu pourrait être à l'origine de certaines formes de schizophrénie, de la maladie de Parkinson et de dépressions consécutives à un "mal-être" de l'intestin.

En dessert, la dernière partie du livre est consacrée à la flore bactérienne et à l'indispensable microbiote intestinal considéré comme un organisme à part entière, qui vit, travaille, se reproduit et communique avec les autres organes. Sans bactéries en effet, pas d'aliments fermentés en amont, pas de yaourts, pas d'arôme dans le vin, pas de vitamines dans la choucroute... et pas de digestion ni de diarrhée du voyageur en aval ! Saviez-vous que la population bactérienne intestinale est différente chez les vrais jumeaux ? En complément du groupe sanguin et du génotype, les biologistes considèrent chaque être humain comme un écosystème et évoquent désormais l'entérotype et les trois grandes familles intestinales dépendant des bactéries prédominantes qu'on y trouve. Certains vont jusqu'à imaginer des comportements humains sous influence de bactéries manipulatrices... Enfin, opposée à une hygiène exagérée et à la prise systématique d'antibiotiques, l'auteure rappelle pour finir que "Nettoyer devrait consister à réduire le nombre de bactéries, pas à les éliminer toutes"...

"Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger" rappelait Molière avec pragmatisme... Après avoir dévoré la dernière page et digéré le contenu de cette recette aussi digeste que savoureuse, il est enfin temps pour vous de passer à table ! Bon appétit !

Tonton Daniel

le charme discret de l'intestin

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #médecine, #alimentation

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