l'envie

Publié le 26 Mai 2018


Bonjour à tous

Sophie n'a plus envie du tout ! "Mais envie de quoi" se demande le lecteur ? Envie de travailler, de vivre, de réfléchir ? Non, simplement envie de faire l'amour, d'avoir une relation physique, de faire semblant d'être comme les autres... Libido réduite à néant... Désir inexistant... Intérêt pour les hommes, zéro !

A la fois romancé et largement auto-biographique, "L'envie" de la journaliste Sophie Fontanel nous fait découvrir un sujet méconnu aujourd'hui, l'asexualité, absence naturelle et non subie de toute libido et de toute activité sexuelle partagée. Sentiment de honte, souffrance dûe à la différence, sujet inavouable dans une société sexualisée et reproductive où règne la "tyrannie intolérante du plaisir" et dans un environnement où le sexe est devenu un simple produit de consommation, Sophie Fontanel fait le point sur une période de sa vie si difficile à expliquer à soi et aux autres.

Causes possibles de ce mystère ? L'incompréhension entre les deux sexes, un blocage psychologique, le corps qui n'obéit pas ou plus, un sentiment de servitude, un besoin d'indépendance, de liberté, d'émancipation ou le simple renoncement "plus lointain que la solitude"... Mais aussi, par simple comparaison, l'envie de se démarquer volontairement des gens dits "normaux" et de leurs différences cachées hypocritement, de ces "automates pris dans le social" qui se déchirent, se séparent ou divorcent, de tous les anonymes frustrés, névrosés ou refoulés qui croient trouver un bonheur superficiel dans l'abstinence religieuse, l'échangisme, la prostitution, la masturbation, les dérivatifs pornographiques et tous les fantasmes imaginables !

Après une longue durée et l'apaisement de ses sens, l'envie reviendra pour Sophie, à l'improviste, au hasard d'une rencontre. Avec elle, la normalité et ses problèmes, le manque d'imagination, la platitude des rapports physiques, le retour vers le convenu, le commun... L'auteure découvrira alors qu'elle n'est pas réellement asexuelle mais a toujours été hétérosexuelle et simplement abstinente pendant une longue période. Une période de continence et de chasteté qui aura néanmoins permis le retour du rêve et d'un certain romantisme : "Les contes de fées existent dès qu'on ne fait plus l'amour" !

Aujourd'hui reconnue par certains comme une quatrième orientation sexuelle, l'asexualité est simplement définie depuis 2005 comme une "absence naturelle d'attirance sexuelle", la séparation de l'instinct sexuel et des sentiments, le divorce des sens et de l'émotion. D'autres pointent au contraire du doigt un choix personnel et incompréhensible, le refus de séduction, d'engagement ou de couple, les plus sceptiques évoquant même une simple expérience ou un phénomène social transitoire relevant de la nouveauté médiatique. Dans tous les cas, modèle de vie stérile et sans contrainte donc amoral et asocial, l'asexualité expliquerait plusieurs formes de sublimation artistique ou de compensation professionnelle en déplaçant l'énergie sexuelle vers d'autres activités. Encore marginale mais forte d'un mouvement revendiquant un drapeau, une journée, un défilé et de nombreux sites internet, l'asexualité est de plus en plus assumée. Héritage du mouvement "GINK" ? Suite logique de la mouvance "No kids" ? Signe symptomatique d'un mal-être ambiant ? Retour silencieux des amours platoniques et romantiques ? Envie de se démarquer du groupe et d'une société trop normée ? Nouveau besoin de se définir par rapport aux autres ? Autant de questions auxquelles devront désormais répondre sociologues, sexologues, démographes, philosophes et écrivains !

Tonton Daniel

 

l'envie

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #sexualité

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