le piéton de paris

Publié le 19 Août 2018


Bonjour à tous

Quel plaisir de déambuler dans les rues de la Capitale en compagnie de l'écrivain Léon-Paul Fargue ! Marcher au hasard, flâner sans but, se laisser porter par l'envie du moment ont toujours été les meilleurs moyens de découvrir une ville, ses habitants, son rythme, son âme. Afin de prendre l'air de la Capitale et comprendre l'esprit de Paname, il suffit donc de suivre "Le piéton de Paris" qui nous invitait en 1938 à le suivre à la découverte de sa ville-lumière !

Guidés par la plume amoureuse d'un vrai parisien, notre visite commence entre barrières et faubourgs par les arrondissements du nord-est, populaires et ouvriers, où se croisent le métro aérien, les tramways à chevaux et les eaux noires des canaux. Coincés entre des notes d'accordéon et d'orgues de barbarie, voici les bains publics, les usines, l'Hôtel du Nord, le Service municipal des pompes funèbres, les abattoirs et le marché aux bestiaux de la Villette... Quartier actif, encombré, toujours en mouvement, "ennemi de Dieu et du snobisme" où demeurent et travaillent les "paumés" et les "mômes de la cloche". Quartier où des mirages d'horizons lointains chevauchent la fumée des locomotives le long du canal Saint-Martin et du canal de l'Ourcq...

Notre deuxième vagabondage nous amène à Montmartre où, selon Fargue, on ne se promène pas, on voyage ! Après une évocation des passages couverts, nous voici dans les cafés des Champs-Elysées, puis à Passy-Auteuil, "quartier pour rentiers, en perpétuelle garden-party". Viennent ensuite les quais de Seine et leurs bouquinistes, la place du Théâtre-Français et les prostituées du Palais-Royal, le Marais et l'armoire de fer des Archives Nationales, la place des Vosges et le ghetto juif qui permet à l'auteur la dénonciation des pogroms et de l'antisémitisme en prévision de "lendemains chargés d'un imprévu qui pèse" et de noctambules "peut-être fascistes"...

Entre deux étapes, arrêtons-nous un instant au Fouquet's, "Bibliothèque Nationale du parisianisme élégant", au Boeuf sur le toit, à la Boule Rouge, à la halle aux vins, à la Rotonde et à la Coupole, "académies de trottoir où s'enseigne la vie de bohême, le mépris du bourgeois, l'humour et la soulographie". Sur la rive gauche, voici la Tour Eiffel au pied de laquelle on se baigne dans l'eau fraiche du fleuve, le jardin des plantes et le Museum, Saint-Germain des Prés et ses brasseries, l'esprit du boulevard, l'agitation littéraire et le tourbillon des nuits parisiennes de Montparnasse...

Hélas, dans cette ville en perpétuel mouvement, tout change ! Le pittoresque se dissout dans la vulgarisation, l'illusion et le rationalisme. Constat amer de la disparition d'un monde, d'une époque et de "l'esprit parisien". Adieu, esprit du front populaire ! Adieu, café de Montmartre dont "le patron jouait aux cartes" et qui a été remplacé par un débit de boissons touristique ! Adieu, cabarets et salles obscures de la rue de Lappes, artère vivante désormais "varice gluante d'enseignes électriques de la dernière heure" !
Aujourd'hui, un an après l'exposition universelle de 1937, les "grands buildings-colombariums" et les "immeubles de trente étages" dressent leurs silhouettes froides, la télévision reste un mystère, les journaux parlent de trains aérodynamiques et, plus graves, de parachutes et d'automitrailleuses... Comme le souligne l'auteur : "Chaque époque a ses ahurissements" !

Quatre-vingt ans après sa première parution, "Le piéton de Paris" se lit comme on regarde de vieilles cartes postales au bord dentélé ou un vieux film en noir et blanc d'avant-guerre. Déjà en 1938, Léon-Paul Fargue posait un regard désabusé et nostalgique mais non sans humour sur des souvenirs "chaque jour plus pâles". Le vrai parisien, "celui qui va aux Courses, goûte la peinture, connait les restaurants dignes de porter ce nom, promène une petite vendeuse en taxi entre deux corvées administrative et mondaine, celui qui ne prend rien au tragique et que l'on prend plaisir à rencontrer", le vrai parisien se fait rare ! Sous la "file indienne des réverbères" commencent aussi à disparaitre artistes, poètes, fantômes du passé, légendes et figures historiques, concierges de palaces ou conducteurs de fiacres... Même les parisiennes, grisette, cocotte, modiste, femme du monde ou maîtresse de maison tenant salon, toutes celles sans qui Paris ne serait plus rien ont rangé leurs tabliers et leurs coquetteries...

Anecdotes amoureuses et savoureuses, galerie de portraits parfois invraisemblables, témoignage extraordinaire sur une cité sans pareille mais aussi vision prémonitoire d'une société sur le point de basculer dans la folie... Suivons donc sans réserve ce "Piéton de Paris" et goûtons avec lui le plaisir d'une promenade dans la plus belle ville du Monde !

Tonton Daniel

http://tontondaniel.over-blog.com/2014/06/il-avait-plu-tout-le-dimanche.html

 

le piéton de paris

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #paris - ile de france, #la marche

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