ponts vivants

Publié le 26 Août 2021


Bonjour à tous

Qui connait aujourd'hui ces extraordinaires constructions que sont les "ponts vivants" indiens ? Construits par les peuples Khasi et Jaintia de l'État de Meghalaya, au nord-est de l'Inde, ils sont entièrement constitués de racines aériennes de figuiers à caoutchouc (Ficus elastica). Cette pratique ancestrale fonctionne sur le principe très simple mais au nom barbare d'anastomose botanique (ou inosculation), phénomène de fusion naturelle des organes de deux végétaux appartenant en général à la même espèce. Cette greffe naturelle concerne racines, branches ou troncs, est fréquente chez les résineux et permettrait aux arbres une mise en commun des ressources naturelles, une survie accrue et prolongée des arbres blessés, une meilleure protection contre des agents pathogènes ou une résistance mécanique accrue face aux vents, à l'érosion et aux glissements de terrain.

Dans le cas des figuiers à caoutchouc apparentés aux figuiers des banians, les racines aériennes servent naturellement d'ancrages au sol sur des pentes abruptes ou rocheuses et de supports aux lourdes branches d'arbres pouvant atteindre 40 mètres de haut dans un environnement tropical humide. Pour franchir torrents et rivières, Khasi et Jaintia ont donc mis à profit cette particularité pour élaborer de différentes manières des ponts entre des arbres situés sur des rives opposées. Parfois guidées par des échafaudages en bois ou en bambou qu'elles finissent par remplacer au fil du temps, les racines aériennes peuvent aussi profiter de troncs évidés d'aréquier leur servant à la fois de tuteurs creux, de protection et de source de nutriments mais les ponts sont le plus souvent créés par un long et patient travail de tressage manuel jusqu'à ce qu'ils puissent supporter le poids d'un être humain, vingt ou trente ans après le début du projet !

Contrairement au béton et à l’acier, ces structures vivantes sont plus résistantes avec l’âge, peuvent perdurer pendant plusieurs siècles et résister aux crues soudaines et aux violentes tempêtes fréquentes dans la région. Tant que les arbres restent en bonne santé, leurs racines continuent de croître, de s'épaissir et de se renforcer, donnant au pont la vigueur, la force et la supériorité des êtres vivants sur les matériaux inertes traditionnels. Le plus long pont de racines vivant connu mesure plus de 50 mètres, on en trouve également en Indonésie et il existe même trois exemples de ponts vivants doubles. La technique est parfois utilisée pour d'autres types de structures, échelles, plates-formes ou même gradins le long des terrains de sport !

Symboles de patience, de communion, de respect et de sagesse, les ponts vivants sont considérés aujourd'hui comme de parfaits doubles traits d'unions, lien social entre les hommes d'une part et symbiose entre hommes et Nature de l'autre. Qui dit mieux ?

Tonton Daniel
 

ponts vivants

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #arbres, #environnement, #le temps qui passe, #architecture, #inde

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