allemagne pauvre 2

Publié le 27 Février 2009


Bonjour à tous

La crise ! Encore la crise ! Toujours la crise ! Où l'on apprend l'existence de "soupes populaires pour enfants" dans l'un des pays les plus riches du monde... Deuxième article consacré à l'Allemagne pauvre, écrit par Guido Kleinhubbert pour l'hebdomadaire allemand d'investigation Der Spiegel et repris par Courrier International dans son n° 955 du 19 février 2009 :

"ALLEMAGNE •  Le boom des soupes populaires pour enfants 

Faute de moyens, de plus en plus de parents envoient leur progéniture dans des cantines gratuites. Un phénomène qui suscite l’inquiétude des associations caritatives mais n’émeut guère les collectivités publiques.

A 12 h 30 précises, la foule arrive. Des enfants de 3 à 4 ans prennent d’assaut les hautes marches du perron. Des écoliers arrivent avec leur gros cartable sur le dos. Des adolescentes de 15 ans viennent, leur bébé dans les bras, escortées de plusieurs frères et sœurs. Tout ce petit monde fonce droit au réfectoire. Au menu aujourd’hui : pâtes et escalope de dinde. Tous les midis, dans le quartier berlinois de Hellesdorf, l’Arche sert gratuitement le déjeuner à 500 enfants. L’établissement – qui abritait une école à l’ère de la RDA – est devenu la soupe populaire la plus célèbre d’Allemagne. En 2008, ses cuisiniers ont servi 200 000 repas à leurs petits clients, soit 20 % de plus que l’année précédente.
La même augmentation a été constatée dans la petite centaine de restaurants de l’association Deutsche Tafel. Gerd Haüser, le patron de l’organisation, estime à 250 000 le nombre d’enfants qui viennent régulièrement prendre des repas que l’association distribue bénévolement. Ce chiffre effrayant en dit long sur l’Allemagne, sur ses habitants qui vivent au seuil de la pauvreté et sur l’échec des responsables politiques. Pour Gerd Haüser, cet afflux d’enfants est une conséquence directe de la baisse des allocations familiales introduite, en 2005, par la loi dite Hartz IV [du nom de Peter Hartz, ex-directeur du personnel de Volkswagen, chargé de la réforme du marché du travail sous le gouvernement de Gerhard Schröder]. Les parents perçoivent aujourd’hui 211 euros par enfant de moins de 14 ans. Jugé anticonstitutionnel, ce montant devrait être revu à la hausse. Mais la plupart des familles ont renoncé depuis longtemps à savoir combien il leur en coûterait de nourrir leur enfant et elles envoient leur progéniture à la soupe populaire sans sourciller. Et aucun responsable associatif ne croit qu’augmenter les allocations de 20 euros par mois incitera les parents à refaire la cuisine. Au contraire, plus il s’ouvre de restaurants gratuits, plus il y a de clientèle. “L’offre crée aussi en partie la demande”, estime Gerd Haüser. Le Löwenhaus, un établissement de l’Arbeiter-Samariter-Bund situé à Harburg, un quartier de Hambourg, propose un forfait tout compris : trois repas par jour, une aide aux devoirs et des excursions. Mais pourra-t-il financer à long terme cette prise en charge des enfants ? Rien n’est moins sûr. Les institutions sont de plus en plus nombreuses à jouer des coudes pour récupérer le surplus des supermarchés, les subventions ne suffisent plus. Toutes les cantines gratuites se trouvent confrontées au même dilemme moral. Pour des questions de trésorerie, elles devraient limiter le nombre de couverts. Mais comment pénaliser les enfants pour les faiblesses supposées des parents ? A midi, un petit garçon fait irruption au Löwenhaus. Personne ne le connaît. Il balbutie son prénom. Eugen. Quand on lui demande son âge, il montre sept doigts. “Un gamin comme ça, on ne peut pas lui dire : désolé, rentre chez toi”, explique l’un des responsables de l’établissement.

L’État et les Länder se renvoient la balle

En ces temps de crise économique, de hausse du chômage et de baisse des dons, le système de restauration gratuite montre ses limites. Les associations caritatives ne voient qu’une issue : il faudrait que les écoles prennent enfin à leur charge les enfants dans le besoin. Cette solution, pourtant unanimement considérée comme logique, n’est toujours pas applicable en Allemagne. Depuis des années, la classe politique débat pour savoir qui devrait supporter le coût d’une restauration scolaire gratuite. Les Länder estiment qu’une telle mesure sociale relève de la responsabilité de l’Etat, tandis que les autorités fédérales rappellent que la politique scolaire est l’affaire des Länder.
Dans les faits, les filiales de la Deutsche Tafel et de l’Arche en viennent de plus en plus souvent à proposer des repas gratuits dans les cantines scolaires – comme dans l’école primaire du Priesterweg, à Potsdam, située dans un quartier où vivent de nombreuses familles monoparentales et sans emploi. Elvira Eichelbaum, la directrice, a fait le premier pas. Il y a quelques mois, on lui a amené une élève de CP en larmes. Epuisée, la petite fille s’était évanouie en classe. Elle n’avait pas mangé depuis des jours. Afin que cela ne se reproduise plus jamais, Elvira Eichelbaum a sollicité des fonds publics et, dans un premier temps, mis en place un service de déjeuner, pour 2,70 euros par jour et par enfant – somme trop élevée pour la plupart des parents. Elle a tenté d’obtenir des subventions de l’Etat et du Land. En vain. A l’issue d’un rendez-vous, elle a été invitée à déjeuner à la cantine du ministère de l’Education du Brandebourg. Là, elle a pu découvrir que les salariés de l’administration, eux, bénéficiaient de repas subventionnés. Coût du plat principal : entre 0,80 et 1,60 euro". 

http://tontondaniel.over-blog.com/article-20227997.html

Tonton Daniel

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #europe

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