le vautour, le voltarène et le petit chimiste

Publié le 21 Décembre 2018


Bonjour à tous

Le saviez-vous ? La population des vautours dans le sous-continent indien a chuté de 99% depuis 1990, passant de plusieurs millions d’oiseaux à quelques milliers aujourd'hui ! Selon les services sanitaires et la communauté scientifique, la quasi-disparition de ces rapaces résulte indirectement de l'emploi du Voltarène, un anti-inflammatoire non stéroïdien très commun en médecine traditionnelle et l'un des antidouleurs les plus vendus au monde, massivement utilisé par la médecine vétérinaire indienne pour soigner... les 500 millions de bovins que compte le cheptel du pays !

Rapaces charognards et communautaires, les vautours se nourrissent presque exclusivement en Inde, au Népal et au Pakistan des carcasses de bovins, animaux considérés comme sacrés et donc non consommés par la population hindoue. Ingurgité à haute dose et accompagné d'effets secondaires délétères, le Diclofenac, molécule active du Voltarène, provoque chez les oiseaux une grave insuffisance rénale et est ainsi devenu un poison mortel pour tous les nettoyeurs de la nature que sont vautours gyps, vautours chaugouns, vautours indiens et vautours à long bec. Deux autres espèces locales, vautour de l'Himalaya et vautour fauve, sont moins touchées car hibernant en Inde ou exclusivement montagnarde.

Inévitablement, par effet domino, ce désastre écologique a entraîné de nombreuses conséquences environnementales, sanitaires, économiques et culturelles : contaminations des points d’eau par les carcasses pourrissantes, remplacement du vautour dans la chaîne alimentaire par des espèces moins efficaces comme le chien et le rat devenus alors propagateurs de germes pathogènes, recrudescence de certaines maladies (rage, anthrax, peste...), coûts exorbitants induits pour les institutions de santé, abattage et stérilisation des chiens errants et même abandon par la communauté Parsis de ses rites funéraires !

Si l'utilisation de Voltarène vétérinaire est théoriquement interdite depuis mars 2006 par les autorités indienne, népalaise et pakistanaise, le produit est toujours en vente dans certaines régions du sous-continent et souvent remplacé par du Voltarène classique pour lequel aucune législation n'est en vigueur ! Et en Europe, malgré une demande officielle déposée par plusieurs associations visant à l'interdire, le médicament vétérinaire est toujours commercialisé alors que l'Espagne et l'Italie regroupent 90% de tous les vautours du continent, vautours fauves, vautours moines, vautours percnoptères et gypaètes barbus.

La disparition annoncée des vautours a fini par alerter écotoxicologues et agences sanitaires nationales qui affirment aujourd'hui après de nombreuses études que le Voltarène serait également nocif pour les consommateurs humains ! Prescrit sous ordonnance en France contre les douleurs arthritiques et rhumatismales, le Voltarène est désormais associé à un fort risque de trouble cardiaque (thrombose artérielle, crise ou arrêt cardiaques, AVC, arythmie...) et fortement déconseillé à tous les insuffisants cardiaques...

Entre colère, ahurissement et écœurement, qui saura trouver la morale de cette triste et lamentable fable ?

Sources : Internet et Magazine Sciences et Avenir n°861 (Novembre 2018)

Tonton Daniel
 

le vautour, le voltarène et le petit chimiste

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #zoologie, #médecine, #environnement, #le saviez-vous, #inde

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