terre des hommes

Publié le 8 Mai 2019


Bonjour à tous

Attention, chef-d'oeuvre ! Paru en 1939, "Terre des Hommes", troisième roman signé Antoine de Saint-Exupéry, est tout à la fois récit autobiographique, livre de voyages, réflexion philosophique et discours métaphysique. En convalescence à New-York après un très grave accident aérien, l'auteur âgé de 38 ans y évoque la vieillesse et la sagesse, la vie et la mort, l'oubli et le néant. Ayant conscience de l'écoulement du temps qui permet paradoxalement un voyage immobile, il écrit et résume alors : "Lorsque l'on vieillit, on médite"...

Dix ans après les conquêtes de "Courrier sud" et les épreuves de "Vol de nuit", le monde de l'aviateur a bien changé. Si le gardien du courrier continue à faire "les cent pas de la Grande ourse au Sagittaire" et si les étoiles s'éteignent toujours dans la tempête, déjà le vol aux instruments, les cadrans et la radio annoncent la routine, la sécurité et la fin de l'aventure aéropostale. Le temps a passé, l'avion a transformé la guerre moderne en "chirurgie sanglante", a enseigné aux hommes "la ligne droite", leur a montré "le vrai visage de la Terre", désert de sel aride, stérile et inhospitalier, et démontré leur insignifiance et leur solitude "à l'échelle cosmique".

"Terre des hommes" est aussi une parabole écologiste avant l'heure, teintée du pessimisme de celui qui le premier découvre la Nature depuis le ciel : "Nous habitons une planète errante" où la civilisation humaine n'est que "fragile dorure". Et le désert est le seul endroit qui permette par son éloignement et son étrangeté de comprendre la valeur fantastique d'un arbre ou d'une cascade, de contempler des pluies d'étoiles filantes, de s'endormir sous une "pèlerine" d'étoiles et de montrer au naufragé assoiffé qu'il a autant besoin d'eau que de la compagnie de ses semblables.

Dans une vision extraordinairement romantique, le récit, enfin, évoque la condition humaine en opposant l'homme des villes à l'homme du désert. Le premier connait les tracas et mesquineries du quotidien, les lois injustes, les "trains de banlieue", les "absurdes petits dimanches", les biens matériels comme autant de mirages étriqués, les promesses futiles et vaines des religions. Ces bureaucrates vivant dans l'égoïsme et la sécurité ont oublié leur condition d'Homme et les "vérités paysannes" : "Dans les villes, il n'y a plus de vie humaine". Amer et pessimiste, Saint-Exupéry affirme que la société moderne, responsable d'innombrables "Mozart assassiné(s)", ne fabrique plus que des ouvriers endormis, des petits bourgeois, des politiciens de village et des hommes instruits mais incultes !

L'homme du désert, lui, est un héros orgueilleux et exalté qui vit la vie comme un voyage, "refuse le monde présent", est fier de contribuer "à bâtir le monde" et se révèle très conscient qu'il va mourir jeune, un héros droit et responsable comme le furent les amis de l'auteur, Jean Mermoz et Henri Guillaumet à qui est dédié le livre, celui qui déclara après avoir été perdu plusieurs jours dans les Andes : "Ce que j'ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait." La seule vérité pour ces surhommes réside dans l'amitié, la fraternité, "l'universel" : "Liés à nos frères par un but commun et qui se situe en dehors de nous, alors seulement nous respirons et l'expérience nous montre qu'aimer ce n'est point nous regarder l'un l'autre mais regarder ensemble dans la même direction."

Déjà, loin de cette Terre des Hommes, des guerres civiles et de l'esclavage humain, l'auteur évoque les traces d'un renard dans le désert, "les petits princes des légendes", "une rose nouvelle"... Mais ceci est une autre histoire sublime, un autre songe miraculeux, un autre chef-d'oeuvre au firmament de la pensée humaine !

Tonton Daniel
 

terre des hommes

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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