le bréviaire arabe de l'amour

Publié le 15 Septembre 2019


Bonjour à tous

Destiné à un sultan vieillissant pour guérir son impuissance sexuelle, "Le bréviaire arabe de l'amour" est un petit livre turc du XVIe siècle dont le titre original était beaucoup plus explicite : "Pour que le vieillard retrouve toute la vigueur de sa jeunesse" ! Il fut rédigé par le savant religieux et haut dignitaire ottoman Ibn Souleiman qui fit de nombreux emprunts à la littérature et à la poésie arabo-musulmane de son époque, dont "Le jardin parfumé", manuel d'érotologie arabe écrit peu avant par Cheikh Mohammed Nefzaoui et dont Ibn Souleiman s'inspira partiellement.

A l'instar du "Jardin parfumé", le contenu de ce bréviaire au langage cru et fleuri est pour le moins hétéroclite et disparate : remèdes contre les "pannes", recettes aphrodisiaques, méditations philosophiques, contes grivois, anecdotes amusantes, poésies sulfureuses, conseils maternels aux jeunes filles ou encore liste détaillée de nombreuses positions et postures. S'il est question de deux obsessions arabes impliquant l'hygiène et le passage au hammam (utiliser des parfums capiteux et supprimer la pilosité "bestiale"), on pourra oublier les recommandations "thérapeutiques" désignant le coït comme un traitement et une source de santé ainsi que les explications "médicales" sur les humeurs humides et sèches ou les tempéraments chauds et froids de chaque individu.

Alors que l'auteur évoque et reconnait des pratiques "déviantes" sans toutes les condamner, lesbianisme et homosexualité,  zoophilie et bestialité, pédérastie et sodomie, il insiste souvent sur le libertinage et la séduction, les baisers volés et les amours défendues, les préliminaires, l'orgasme simultané et une certaine forme d'amour courtois pour le moins surprenante. Afin de contourner la schizophrénie de l'acte sexuel, il conseille fortement le dialogue, le respect et l'égalité entre époux, alors même que la femme, simple objet de désir, initiatrice ou indépendante, est souvent décrite comme capricieuse, rusée, impulsive, effrontée, voire nymphomane !

Indissociable de la religion musulmane et des préceptes du Coran, le texte se veut une aide au coït de procréation, évoque aussi bien la douce ivresse provoquée par le vin que le coïtus interruptus halal ou les "théologiens de l'amour" et rappelle indirectement que l'Islam a toujours été une religion très sexualisée, la seule à promettre au paradis des bienfaits "physiques" à ses croyants. Le Bréviaire s'achève par un envoi final destiné à glorifier Dieu et à bénir Mahomet mais nul ne sait si le sultan à qui s'adressait l'ouvrage a tiré profit de celui-ci !

"Les hommes sont esclaves de leur passion" (chapitre XXX), donc "L'homme raisonnable est celui qui sait se passer des femmes." (Chapitre XXIV)

Tonton Daniel
 

le bréviaire arabe de l'amour

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #sexualité

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