ramuntcho

Publié le 11 Septembre 2021


Bonjour à tous

Inspiré par le Pays Basque intérieur où il séjourne à partir de 1891, loin des plages, de la côte et des pêcheurs, l'écrivain Pierre Loti imagine en 1897 une histoire d'amour, d'interdits et d'amitiés viriles sur fond "de messe, de partie de pelote, de fandango au clair de lune" et de contrebande.

Dans ce Pays Basque de la fin du XIXe siècle où l'on parle une langue mystérieuse et où les hommes sont encore séparés des femmes dans les églises, les paysans mènent une "vie rustique aux traditions immuables", les gendarmes traquent les contrebandiers, c'est le temps du départ pour les Amériques qu'ont connu tant de familles pour fuir la misère, bergers vers l'Amérique du sud, marins vers l'Atlantique nord, ouvriers vers les Etats-Unis.

C'est dans ce décor sur lequel plane "l'esprit des ancêtres" que Gracieuse et Ramuntcho, jeunes gens prudes et sérieux, rêvent, s'aiment et font des projets de mariage. Lui, "contrebandier et joueur de pelote", né de père inconnu et rêvant d "ailleurs", elle, jeune fille sage et pieuse, partagée entre son amoureux et son Sauveur. A force d'hésitations, d'incompréhension et de hasards malheureux, soumis aux traditions, aux rancoeurs villageoises et aux figures maternelles omniprésentes, les amoureux partiront chacun de son côté avec "la terreur d'un frôlement de leurs mains"...

Un siècle après, plus de frontières, plus de contrebande, plus de départs pour l'Amérique, les fantômes de Gracieuse et de Ramuntcho se sont évanouis mais "l'esprit d'autrefois" n'a pas entièrement disparu car les hommes ici ont la sagesse de ne pas s'opposer au temps qui passe. Le décor pastoral n'a pas changé non plus, villages de petites maisons blanches posées autour du clocher, du cimetière et du fronton, nature verte et sauvage, torrents et vieux ponts, forêts de hêtres, parfums de foin séché et de menthe sauvage, chant nocturne des rainettes, sommets enneigés des Pyrénées...

Au-delà d'une vision exotique et romantique de la culture basque, aujourd'hui amusante à force de bérets, d'espadrilles et de complaintes ancestrales, Pierre Loti use et abuse de tournures de phrases alambiquées, d'envolées lyriques et d'un style descriptif ne laissant aucune place pour l'imagination. Par moment sombre et triste, le récit évoque souvent la mort, annonce un drame inéluctable et rappelle une carte postale du temps passé, aux couleurs fanées comme les pages jaunies d'un vieux livre oublié. Et pourtant ! Malgré ses nombreux défauts, "Ramuntcho" restera toujours l'un des plus beaux témoignages littéraires permettant de comprendre le folklore et la si particulière identité basques !

Tonton Daniel
 

ramuntcho

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #pays basque

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