les lépreuses

Publié le 24 Août 2022


Bonjour à tous

Mais qui sont ces "lépreuses" qu'évoquait en 1939 le quatrième et dernier volet de la quadrilogie des "Jeunes filles" d'Henry de Montherlant ? Dans ce dernier recueil, il est l'heure pour Costals, homme lâche et cruel, de partir se réfugier au Maroc où il espère échapper au sacrement, au "verbiage, à l'insignifiance et à la stérilité", au temps des furoncles et du tricot qui succède inévitablement à celui du grand amour et des voyages en Italie !

Entre la lente noyade du mariage et la furtivité d'un rapport physique, l'homme a donc choisi pour son plaisir de retrouver une très jeune fille qu'il déflora quatre ans auparavant quand elle n'avait que douze ans et qui depuis se prostitue régulièrement ! Refusant à "s'isoler d'elle" par le passé, il avait été contaminé à deux reprises à son contact mais découvrira cette fois trop tard que la petite est désormais atteinte de la lèpre. Dans le doute d'une contamination, il devra choisir à nouveau, entre effondrement et abdication, combat et virilité ou sagesse et grandeur d'âme. Encore une fois, le choix d'Epicure est fait. Carpe diem ! La maladie possible et le temps restreint justifient la jouissance à venir, la réalisation des envies, désirs, caprices, pour soi et sans les autres. L'épreuve donne des couleurs à la vie, à l'existence, la rend plus précieuse, plus intéressante. "Le voyageur presse la nuit" et n'a aucun regret, il assume son destin, le revendique comme glorieux et différent du sort commun. "Il ne peut y avoir de sagesse sans égoïsme"...

Empli de souvenirs personnels d'Afrique du nord où séjourna longtemps Montherlant, ce dernier chapitre de la vie de Costals se conclut par un dernier échange épistolaire, mettant un terme final à toute interrogation et rappelant les temps heureux du premier tome. Notre écrivain finit par retrouver son confort personnel mais les femmes qu'il a croisé entre-temps, femmes mariées ou amoureuses, ont beaucoup souffert par sa faute. Comme des lépreuses consumées à petit feu par un mal sournois, incurable, lent, peu contagieux et parfois mortel comme une maladie d'amour...

Tonton Daniel
 

les lépreuses

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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