les rennes de l'île Saint-Matthieu

Publié le 2 Juillet 2023


Bonjour à tous

Connaissez-vous l'histoire des rennes de l'île Saint-Matthieu, petite terre inhabitée de 357 km2 située en mer de Béring au large de l'Alaska ? Introduits sur l'île en 1944 par des gardes-côtes américains, 29 rennes y sont laissés en liberté afin de nourrir les hommes en cas de guerre prolongée. Mais quelques mois plus tard, à la fin du conflit, les humains repartent et laissent les rennes (devenus caribous car désormais canadiens !) avec pour seule nourriture les lichens qui poussent naturellement sur l'île et qui constituent la base de leur alimentation.

De passage en 1957 pour une étude portant sur les ruminants sauvages, le biologiste David Klein recense alors 1350 cervidés sur ce paradis perdu, mâles et femelles en parfaite condition physique. De retour en 1963, il compte désormais 6000 bêtes proliférant grâce à l'absence de tout prédateur. Mais trois ans plus tard, en 1966, un nouveau décompte fait état d'un groupe minuscule de 42 têtes seulement, constitué de 41 femelles et d'un mâle probablement stérile. Les milliers de rennes, doublement pris au piège car incapables de migrer et soumis à des conditions climatiques extrêmes en 1964, avaient consommé toute la nourriture disponible ! Le lichen, organisme végétal à croissance lente, avait presque entièrement disparu et les quelques baies présentes sur le territoire furent elles aussi insuffisantes à la survie du groupe.

Victimes de leur nombre, de leur appétit, du climat et de leur incapacité à se reproduire, les derniers rennes de l’île Saint-Matthieu sont morts en 1980, ne laissant pour seules traces de leur éphémère passage que bois et squelettes. Aujourd'hui habitée de renards polaires et de campagnols, St. Matthew Island est parfois visitée par quelques ours blancs mais abrite surtout de nombreuses populations d'oiseaux en période de nidification, bruants, cormorans, eiders, fulmars, guillemots, macareux, mouettes, goélands, pluviers, puffins et autres plongeons.

Illustration parfaite d'une surpopulation en milieu fermé entraînant la surexploitation des ressources naturelles et la destruction du bien commun, l'histoire des rennes de l'île Saint-Matthieu a souvent servi biologistes, démographes et écologues afin d'illustrer le concept de dépassement de la "capacité de charge", elle-même définie par "la population maximale que peut soutenir durablement un environnement en fonction de l'alimentation, de l'eau, ou d'autres ressources". Quant à la courbe d'évolution de cette population animale entre 1944 et 1963, elle rappelle étrangement celle de la démographie humaine mondiale depuis 1900... Comprenne qui voudra !

Tonton Daniel


Sources : Wikipedia / Internet
 

les rennes de l'île Saint-Matthieu
les rennes de l'île Saint-Matthieu

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #zoologie, #démographie, #environnement

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