une chambre à soi

Considéré aujourd'hui comme l'un des textes fondateurs du féminisme et classé à ce titre parmi les essais majeurs de la littérature mondiale, "Une chambre à soi" (A Room of One's Own) de la romancière britannique Virginia Woolf dresse un constat culturel et social édifiant de l'Angleterre de 1929 : les femmes n'ont alors que très rarement accès aux mondes du travail et de l'instruction, aux milieux de l'art et de la littérature, aux responsabilités financières et politiques. En résumé, elles n'ont aucune indépendance, aucune liberté intellectuelle, aucune possibilité de s'exprimer ou d'écrire.

Afin de contrer "l'effet produit sur l'esprit par la pauvreté" et libérer ses soeurs d'un esclavage patriarcal, Virginia Woolf imagine avec beaucoup de pragmatisme une société dans laquelle chacune disposerait "de quelque argent et d'une chambre à soi". Plus importantes que le droit de vote selon l'auteure, ces conditions matérielles indispensables permettrait aux femmes de braver les discours masculins, de posséder enfin l'argent qu'elles gagnent et aux écrivaines de créer sans être dérangées par la triple charge du ménage, des enfants et du mariage.

Bousculant les barrières du genre, Virginia Woolf prodigue enfin ses conseils à toutes celles qui désirent renverser les mentalités, voyager seules pour s'ouvrir l'esprit, accéder aux bibliothèques universitaires sans être accompagnées ou simplement s'asseoir dans l'herbe à la recherche d'une idée... Un siècle plus tard, l'écrivaine visionnaire serait certainement ravie de constater l'évolution générale des conditions de vie dans son pays mais horrifiée de constater que le harcèlement, le sexisme et la violence envers les femmes n'ont ni diminué ni disparu !

"All I want is a room somewhere
Far away from the cold night air
With one enormous chair
Oh, wouldn't it be loverly ?"

"My Fair Lady" - 1964

Tonton Daniel