Publié le 20 Mars 2010
Bonjour à tous
Février 1848, le royaume de France est en ébullition, la Monarchie de Juillet, bourgeoise et coloniale, va bientôt disparaitre et le roi Louis-Philippe abdiquer pour laisser place à la
République.
Pendant cette période trouble, le célèbre Alexandre Dumas et son "nègre littéraire" Auguste Maquet sont en Normandie pour chercher l'inspiration... L'auteur républicain et expansif et son
collaborateur royaliste et discret sont aussi différents qu'on peut l'être. Pourtant, ils ont écrit ensemble une quinzaine de romans, dont "Les trois mousquetaires" et "Le comte de Monte Cristo",
ainsi qu'une dizaine de pièces de théâtre. Une jeune et jolie femme va entrer dans leurs vies, bouleverser leur association et révéler les vrais visages de chacun.
Il est bien loin le temps du film "C'est arrivé près de chez vous" dans lequel Benoît Poelvoorde terrorisait les vieilles dames et nous donnait sa recette cynique du cocktail "Petit Gregory"...
Il est ici admirable dans le rôle-titre d'Auguste Maquet, et j'ai trouvé surprenant qu'il n'apparaisse qu'en deuxième position au générique de fin. Gérard Depardieu fait comme d'habitude du
Depardieu, tout en truculence dans le rôle sur-mesure d'Alexandre Dumas père, Dominique Blanc est magnifique comme toujours, Mélanie Thierry fraiche et délicieuse (mais qui ne le serait pas à
côté de Depardieu ?)... Enfin, Catherine Mouchet, bien loin de sa "Thérèse", continue depuis 1986 un joli parcours inégal et épatant.
Le film de Safy Nebbou est un petit régal, dans lequel se croisent les mensonges, les malentendus, l'Histoire de France, de beaux costumes et des répliques savoureuses. Il prend le parti pris de
présenter Auguste Maquet comme un simple collaborateur de Dumas, mais, aujourd'hui encore, personne n'est capable d'affirmer si cet homme de l'ombre était son "nègre" à part entière.
Ce mot, politiquement incorrect de nos jours, auquel les anglo-saxons préfèrent "écrivain fantôme", désigne un écrivain qui ne signe pas son oeuvre au profit d'un autre, méthode souvent utilisée
dans le monde très secret de l'édition. C'est d'ailleurs Eugène de Mirecourt qui a lancé le terme de "nègre" à propos de Dumas et de Maquet en 1845. De tous temps, ce procédé a permis à des
architectes, des grands peintres, des écrivains ou des hommes politiques de recevoir les honneurs de leurs contemporains aux dépens de leurs maçons, de leurs adjoints, de leurs nègres ou de leurs
"plumes". Ainsi, les exemples modernes ne manquent pas : Loup Durand pour Paul-Loup Sulitzer, Erik Orsenna pour François Mitterrand, Christine Albanel pour Jacques Chirac, Henri Guaino pour
Nicolas Sarkozy... Tout un monde d'apparences et de faux-semblants qu'a voulu dénoncer Roman Polanski sur le même sujet dans son dernier film, "The Ghost Writer", et pour lequel il a obtenu
l'ours d'argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin cette année.
Comme l'écrivait Molière en 1664 dans son Tartuffe :
"Mon Dieu, le plus souvent l'apparence déçoit :
Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit !"
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Autre_Dumas
http://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Maquet
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A8gre_litt%C3%A9raire
http://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_Poelvoorde
Tonton Daniel