Bonjour à tous
D'où viennent les Basques ? Avec leur langue sans équivalent et leur culture singulière, ceux-ci ont toujours revendiqué avec orgueil leur spécificité et leur différence d'avec les autres
populations locales.
Pourtant, les Basques qui doivent leur nom aux anciens Vascons, loin d'être isolés, immobiles et imperméables à d'autres cultures, ont toujours été de grands voyageurs, depuis les chasseurs de
baleines de l'Atlantique jusqu'aux bergers émigrés en Amérique et en Australie en passant par les fils de paysans partis vers Paris après guerre. Certains sont même devenus célèbres : saviez-vous
que les parents de Simón Bolívar et ceux de Che Guevara étaient basques eux aussi ?
Aujourd'hui, la communauté basque aux Etats-Unis compte environ 100 000 personnes, 3 millions d'Argentins sont d'origine basque (y compris la famille de ma grand-tante partie à Buenos Aires dans
les années 30), 20 % des chiliens et des urugayens portent un nom basque.
Grâce aux avancées de la génétique, la communauté scientifique apporte une preuve supplémentaire à cette mobilité et peut aujourd'hui répondre à la question du particularisme basque : ...il n'y a
pas de différence entre un basque et un non-basque !
Voici qui ne devrait pas plaire aux indépendantistes...
L'article suivant est signé Nuño Domínguez pour Público, repris dans Courrier International n° 1009 du 4 mars 2010.
"Les Basques ne sont pas ce qu’ils croient être.
Une étude montre que le génome des Basques ne diffère pas de celui des autres populations espagnoles. Ce qui bouleverse les idées reçues.
La population basque intéresse depuis longtemps les spécialistes de la génétique des populations. Selon une théorie, les Espagnols descendraient d’agriculteurs du néolithique (il y a 10 000 ans)
alors que les ancêtres des Basques seraient des chasseurs-cueilleurs implantés depuis beaucoup plus longtemps dans la péninsule. En 1949, le généticien britannique Arthur Mourant avait publié une
étude confirmant les différences existant chez les Basques par rapport à d’autres Européens. Il se basait sur le facteur rhésus, le système MNS et le système ABO, des caractéristiques du sang.
Depuis, des recherches portant sur d’autres régions du génome humain ont mis à mal cette hypothèse.
Les Basques ne sont pas génétiquement différents des Espagnols : c’est ce que conclut l’étude de génétique des populations la plus complète réalisée jusqu’à présent en Espagne. Les chercheurs ont
comparé les génomes des habitants de dix régions et les résultats, publiés dans l’édition Internet de Human Genetics, ne montrent pas de variations significatives au sein de la population de la
péninsule. “Les Basques ne peuvent pas être considérés comme un groupe génétique isolé, et les théories sur leur origine doivent être révisées”, précisent les auteurs de ce travail dirigé par
Jaume Bertranpetit, chercheur à l’université Pompeu Fabra de Barcelone.
Les études précédentes donnaient en effet à penser que les Basques avaient vécu dans l’isolement pendant des siècles et ne s’étaient pas mélangés aux autres peuples ibériques. Il y a vingt ans,
Bertranpetit avait lui-même été l’un des principaux tenants de la différence génétique basque. Il se basait alors sur l’analyse des marqueurs génétiques classiques du sang, comme le fameux rhésus
négatif, qui semblait distinguer le peuple basque des autres peuples européens. Mais, à partir de 1991, les progrès des techniques de séquençage ont permis d’étudier beaucoup plus de marqueurs
génétiques. Quatre ans plus tard, une nouvelle étude de Bertranpetit montrait que l’ADN mitochondrial (transmis par la mère uniquement) des Basques et des autres Espagnols était très semblable,
voire identique, ce qui indiquait une proximité plus grande de leurs lignées. Les ancêtres des Basques et des autres Espagnols vivaient vraisemblablement au Moyen-Orient il y a 25 000 ans.
Il y a un an, des recherches portant sur 144 marqueurs génétiques présents chez des Français, des Espagnols, des Nord-Africains, des Basques espagnols et des Basques français n’ont pas montré de
différences notables.
Bertranpetit et son équipe ont alors renié le facteur rhésus et les autres marqueurs classiques. “Ce ne sont pas les meilleurs outils pour retracer l’histoire d’une population”, ont-ils conclu.
Ils ont analysé jusqu’à présent près de 300 000 marqueurs appelés SNP (single nucleotide polymorphism, à prononcer “snip”), répartis dans tout le génome. Ces marqueurs correspondent à des
variations génétiques spécifiques et permettent de déduire l’origine d’un individu ou sa prédisposition à une maladie.
Les chercheurs ont divisé l’Espagne en dix zones, puis prélevé dans chacune l’ADN de trente individus dont les quatre grands-parents étaient originaires de la région, condition indispensable pour
obtenir la meilleure représentativité possible. Les 300 échantillons ont ensuite été analysés et comparés. Résultat : “Les examens n’ont pas montré de différences notables entre les Basques et
les autres Espagnols.” Si les différences ne sont pas statistiquement significatives, il y a quelques particularités : ceux dont l’ADN se distingue le plus du lot sont les habitants
d’Estrémadure, suivis des Valenciens et, en troisième position, des Basques.
Les scientifiques ont comparé leurs données avec l’ADN des Français analysé dans le cadre du Projet sur la diversité du génome humain et se sont aperçus que les Basques espagnols ressemblaient
davantage aux Espagnols des autres régions qu’ils avaient étudiées qu’aux Basques français qui vivent de l’autre côté des Pyrénées.
Des résultats à confirmer par de plus vastes études
Pour Hafid Laayouni, chercheur à l’université Pompeu Fabra et collaborateur de Bertranpetit, il s’agit de l’étude génétique des populations espagnoles la plus détaillée à ce jour. “Les marqueurs
classiques utilisés auparavant ne faisaient que retracer l’évolution d’un gène, et non l’évolution du génome de toute la population”, précise-t-il.
Les marqueurs SNP indiquent que les Basques se sont davantage mélangés avec d’autres populations qu’on ne le pensait, au point qu’ils ne se différencient plus de la majorité des Espagnols. “S’ils
étaient restés isolés, cela aurait eu une incidence sur l’ensemble du génome”, poursuit Laayouni. Les chercheurs reconnaissent cependant que leurs résultats devront être confirmés par des études
impliquant non plus quelques centaines de personnes seulement, mais des milliers. La principale utilité de ce travail sera d’ordre médical, ajoute Laayouni. Les 300 000 marqueurs analysés
pourront servir à des recherches sur les gènes responsables de maladies".
http://fr.wikipedia.org/wiki/Diaspora_basque
Tonton Daniel