Publié le 23 Octobre 2017
Bonjour à tous
Qu'ils semblent tristes ces vieux trains de marchandises, de banlieue et de voyageurs, immobiles, rouillés, oubliés sur des voies de garage ou dans des cimetières ferroviaires après trente à cinquante ans de bons et loyaux services !
La seule SNCF retire chaque année de la circulation près de 350 matériels roulants dont une centaine de locomotives. Sans compter les flottes de fret privées, on estime ainsi à 2600 le nombre de rames usagées dans l'Hexagone, représentant 150 kilomètres cumulés de wagons, fourgons, voitures et locomotives ! Les plus chanceuses auront droit à une cure de rajeunissement, nouveaux moteurs pour les locomotives, nouveaux habillages intérieurs pour les voitures, d'autres partiront à l'étranger pour commencer une deuxième vie... Mais la grande majorité du matériel radié sera démantelé, désossé et recyclé définitivement.
Malgré l'absence de filière organisée et de normes de déconstruction pour le matériel ferroviaire roulant arrivé en fin de vie, plusieurs gares de triage et centres techniques désaffectés de la SNCF servent aujourd'hui de dépôts à des centaines de trains fantômes. Les sites de Rouen, Le Mans et Chalindrey sont associés à un groupement d'industriels spécialisés dans la construction et la déconstruction ferroviaires comme Alstom, Hiolle Industries ou Ramery Environnement. Rien qu'à Rouen, 120 locomotives éléctriques ou diesel ont ainsi été "traitées" en 2012. Quant aux vieilles rames et voitures de la RATP, elles sont recyclées dans l'Aube et en Meurthe-et-Moselle par la société WIG France.
Si la création d'une filière de déconstruction est aujourd'hui à l'étude pour créer des emplois, compenser la baisse du marché des trains neufs par celui de la rénovation et recycler des pièces d'occasion, il n'existe dans la réglementation européenne aucune obligation pour le secteur ferroviaire à financer une filière de recyclage au contraire du secteur automobile. De même, il n'existe pas de réglementation internationale obligeant à tenir compte du recyclage au moment de la conception des trains.
Après désamiantage vient donc la récupération des pièces pouvant être revendues d'occasion, moteurs, compresseurs, radios, câbles, batteries et cartes électroniques. La revente de ces "déchets de ressource" constitue une activité si rentable qu'elle justifie à elle seule le recyclage de l'ensemble d'une rame. Vient ensuite la récupération des plastiques, huiles, verre, cuivre et aluminium avant l'étape ultime, le recyclage des métaux ferreux et de la carcasse dont 98% sont désormais récupérés. Pour la fabrication d'une nouvelle rame ? Peut-être... Car souvent, un train peut en cacher un autre !
Tonton Daniel