Publié le 14 Juillet 2019


Bonjour à tous

Poète mythique à la personnalité complexe et tourmentée, artiste fragile et sombre, rebelle anarchiste et libertaire, homme libre et toujours en mouvement, Arthur Rimbaud a inventé au XIXe siècle un style littéraire à son image, pessimiste et engagé, qui lui a permis de s'évader avec des mots et de fuir un "bonheur domestique" qu'il détestait par-dessus tout. Patriotique mais anti-militariste, louant Dieu mais anti-clérical, pacifiste mais trafiquant d'armes, maniant la rime mais reniant les romantiques, chantant la femme mais partageant un temps les plaisirs terrestres avec Verlaine, le poète-aventurier a multiplié les contradictions durant sa courte vie, jusqu'à rester lucide sur son propre parcours : "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" !

Sa poésie, elle, orientée initialement vers la forme, puis vers le fond, enfin vers le symbole, a évolué au gré des amours, des rencontres et des voyages. Des générations d'écoliers ont appris et récité "Le dormeur du val", "Voyelles", "Ma bohème" ou "Le bateau ivre", vers de jeunesse évoquant la mort, la guerre, la liberté, les grands espaces ou le passage des saisons. Mais peu connaissent "Une saison en enfer" sur laquelle plane le fantôme de Verlaine ou les "Illuminations", extraordinaires poèmes en prose, en forme de réflexions, de fragments, de fulgurances, littérature d'approche délicate, déconcertante, hermétique et souvent incompréhensible pour le béotien et le non-initié.

On l'aime ou on la déteste, la poésie d'Arthur Rimbaud ne s'explique pas, ne s'analyse pas, ne s'éclaircit pas. Novatrice, exceptionnelle, irrationnelle et bousculant l'ordre établi, elle a inspiré et influencé de nombreux auteurs depuis la disparition du poète à l'âge de 37 ans... La marque du génie ?

Tonton Daniel

 

poésies rimbaud

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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Publié le 10 Juillet 2019


Bonjour à tous

Quelques nouvelles de la Kingom Tower évoquée ici même en janvier 2010 puis en juin 2014...

Initialement conçue pour devenir le plus haut gratte-ciel de la planète avec un mile de hauteur, soit 1.609 mètres, la Mile-High Tower de Jeddah en Arabie saoudite ne devrait aujourd'hui s'élever de manière symbolique qu'à 1.001 mètres. Cette victoire du système métrique sur le projet initial est en réalité celle du pragmatisme, la proximité de la Mer Rouge et la géologie de la région n'autorisant pas l'édification d'une structure plus haute. Rebaptisé Kingdom Tower puis Jeddah Tower, le building regroupant bureaux, hôtel, appartements, commerces et observatoire devrait être la pièce maîtresse de Kingdom City, un quartier en développement situé au nord de la ville qui compte déjà un autre record depuis 1985, le jet d'eau le plus haut du monde avec ses 312 mètres de hauteur.

Entièrement financée par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud via la Kingdom Holding Company dont il est l'actionnaire principal, la tour d'un kilomètre au design sobre et élégant a été dessinée par le cabinet d'architecte Adrian Smith & Gordon Gill qui a du relever de nombreux défis techniques (stabilité, écarts de température dus à l'altitude, effets du vent...). Sa construction a été confiée à la société Saudi Binladen Group. Même revus à la baisse, les chiffres donnent le vertige : 1001 mètres, 167 étages (dont le dernier à 668 mètres de hauteur avant la flèche), 31.700 panneaux vitrés, 59 ascenseurs, 270 pieux de fondation s'enfonçant jusqu'à 105 mètres de profondeur, un poids de 900.000 tonnes dont 80.000 tonnes d'acier, une superficie totale de 310.000 m2 pour une emprise au sol de 3.750 m2 et un coût estimé à 1,3 milliard d'euros !

Démarrés en avril 2013, les travaux étaient prévus pour s'achever en 2019 et la livraison de l'édifice annoncée pour janvier 2020. La construction hors-sol a débuté comme prévu en avril 2014 et s'est poursuivie normalement jusqu'en 2017, date à laquelle la chute du prix du pétrole sous la barre des 50 dollars a entraîné l'ouverture d'une période financièrement très difficile pour l'Arabie Saoudite et ses entreprises. Novembre 2017 a aussi vu l'arrestation pour corruption du président du Saudi BinLaden Group, puis celle du prince Al-Walid Ben Talal sur ordre du prince héritier Mohammed ben Salmane qui lui reprochait son opposition à sa nomination comme prince héritier du royaume. Libéré en janvier 2018 puis détenu en résidence surveillée à Riyad, le prince Al-Walid Ben Talal continue depuis de suivre à distance la construction de sa tour.

A la fois prouesse technique, gouffre financier, désastre environnemental, manifeste politique, symbole on ne peut plus masculin d'orgueil et de puissance, la Jeddah Tower est une vraie tour de science-fiction ! Hélas, en mai 2017, le noyau central de l'immeuble n'atteignait que 58 étages pour 238 mètres. Aujourd'hui, les travaux auraient repris mais nul ne sait à quelle date cet édifice hors norme sera inauguré. Ni même s'il sera terminé un jour, certaines rumeurs évoquant même un arrêt définitif du chantier, éventualité probablement insupportable pour qui veut s'afficher comme maître de la région face à Dubaï et au Qatar... A suivre !

Tonton Daniel

Source : magazine Sciences et Avenir n°869 - Juillet 2019
 

jeddah tower

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #architecture

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Publié le 7 Juillet 2019


Bonjour à tous

Récemment rendue publique par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations unies, la base de données Deep-Sea Debris Database recense photos et vidéos prises depuis 30 ans lors de plusieurs milliers d'expéditions sous-marines par de nombreux engins robotisés ou habités. Parmi les images montrant filets de pêche, débris en plastique, en caoutchouc, en métal, en bois ou en tissu, l'une des plus récentes fait particulièrement frémir !

En atteignant 10.928 mètres de profondeur à bord du sous-marin DSV Limiting Factor affrété par l’université britannique de Newcastle et la British Geological Survey, l'explorateur américain Victor Vescovo a battu le 1er mai dernier le record de la plongée la plus profonde jamais réalisée. Outre ce record technique et la découverte d'espèces inconnues, il a pu filmé de nombreux objets en métal et en plastique posés sur les fonds abyssaux de la fosse des Mariannes, dont un sac portant une inscription qui reposait par 10.898 mètres de fond ! Située dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique, la fosse des Mariannes est connue pour être la plus profonde du monde avec ses 11.034 mètres de colonne d'eau.

L'étude de la base de données révèle que 89 % des déchets retrouvés sont des objets en plastique à usage unique comme des bouteilles, des sacs, des emballages et des couverts jetables, objets qui mettent plus de 100 ans à se décomposer dans cet environnement très froid en produisant inévitablement d'innombrables microparticules. Photos et vidéos montrent aussi des animaux marins prisonniers des débris dans des zones pourtant peu peuplées. D'autres études ont prouvé la présence massive de polluants organiques persistants et de molécules chimiques écotoxiques comme le PCB (biphényles polychlorés ou pyralènes) dans la fosse des Mariannes. On estime aujourd'hui la quantité de plastiques emportés par les vagues côtières, jetés des bateaux, drainés par les fleuves et les rivières, puis flottant, dérivant ou reposant dans les mers de la planète à environ trois cents millions de tonnes...

Gouvernements, collectivités, entreprises et citoyens, nous pouvons tous agir pour que la Planète Océan ne se change définitivement en Planète Déchet.

Tonton Daniel
 

plastique abyssal

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #déchets et recyclage, #environnement

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Publié le 7 Juillet 2019

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #paroles et musique

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Publié le 29 Juin 2019


Bonjour à tous

En couverture, un cierge, objet symbolique, doublement phallique et religieux, orné d'un titre provocateur, agressif et précis, une référence biblique sans équivoque à l'Ancien Testament. Traduit dans plusieurs langues et sorti simultanément dans de nombreux pays, le dernier ouvrage du journaliste et écrivain Frédéric Martel, "Sodoma : enquête au cœur du Vatican", dévoile en pleine lumière et sur 600 pages l'un des plus grands secrets de l'Eglise catholique, l'homosexualité d'une grande majorité des prélats de la curie romaine. Un de ces ouvrages au titre et au contenu sulfureux qui finissaient autrefois à l'Index ou dans "l'enfer" des bibliothèques !

Le propos de l'auteur, bien introduit dans le milieu, n'est pas de pointer du doigt une orientation sexuelle au demeurant très naturelle ou "d'outer" des individus en particulier, mais de rechercher la vérité sur un "système", de dénoncer l'hypocrisie, la misogynie, la schizophrénie et la surprenante homophobie déclarée du Vatican, de révéler les apparences trompeuses, la "culture du secret" et la "conspiration du silence" qui ont entraîné au fil du temps, entre autres effets secondaires, le concubinage secret d'innombrables prêtres, le silence sur la pédophilie, l'exploitation servile et les abus sexuels subis par de nombreuses religieuses. 

Basée sur les témoignages et confessions de très nombreux cardinaux, évêques, prêtres et nonces apostoliques souvent eux-mêmes "de la paroisse", l'enquête explique dès l'introduction le choix du sacerdoce comme une échappatoire au mariage offerte depuis des siècles par une institution structurée et protectrice permettant aussi une reconnaissance sociale et la protection d'un refuge quasi "familial". Quant à l'homophobie paradoxale de cette curie à dominante gay, elle est simplement expliquée par le déni de toute déviation et la jalousie envers ceux qui sont libres de toute contrainte morale.

Selon la personnalité de ses membres, l'homosexualité s'exprime au Vatican de différentes manières. Abstinence, chasteté ou sublimation d'instincts refoulés, mais aussi drague sur internet, pratiques au grand jour, recrutement à Rome de prostitués masculins parmi les immigrants clandestins, tourisme sexuel et allers-retours vers l'Asie, l'Afrique, le Maghreb et l'Amérique latine ! L'auteur affirme d'ailleurs que "le SIDA a fait des ravages au saint-siège durant les années 1980 et 1990" !

Au fil des pages de ce théâtre d'ombres dont les femmes sont totalement absentes mais où se croisent les fantômes de Proust, Pasolini, Michel-Ange, Rimbaud, Gide, Bacon ou Peyrefitte, les portraits des derniers papes depuis Paul VI font frémir ! Jean-Paul II apparaît comme un conservateur plein de raideur, Benoit XVI est un "homophile ascétique" et un "grand inquisiteur" dont le règne marque le triomphe d'une idéologie anachronique, d'une rigidité sans faille et d'une théologie dogmatique incompatibles avec le pragmatisme moderne d'une Société LGBTIQ+, diverse et tolérante, règne qui se conclura par un renoncement aussi opaque et incompréhensible qu'un trou noir. Quant à François, son impuissance initiale va très vite laisser place à un durcissement et à une volonté de réforme, à une libération de la parole, à une reprise en main, lente, progressive, silencieuse contre tous les débordements idéologiques, les scandales financiers, les abus sexuels et les collusions politiques.

Sodoma est aussi un livre d'histoire contemporaine dans lequel on retrouvera la dictature de Pinochet, le syndicat Solidarnosc, la chute du mur de Berlin, l'anticommunisme primaire, les connivences avec les ultra-droites américaine et européennes, le régime cubain des frères Castro, la "Théologie de la libération" et les luttes entre pouvoirs politiques et courants religieux en Amérique latine. Où l'on (re)découvre aussi les archives secrètes et les dossiers sensibles conservés à la secrétairerie d'Etat, les guerres internes entre factions, le cléricalisme tendancieux, le mensonge institutionnalisé, les trafics d'influence, le jeu des affinités et des protections hiérarchiques, les "rumeurs, médisances, règlements de comptes et vengeances" fréquents au Saint-Siège... 

En filigrane, Frédéric Martel pointe enfin du doigt les positions et les discours ecclésiastiques traditionnels, le célibat imposé, le rejet du préservatif, la condamnation de l'avortement, du mariage pour tous et de la théorie du genre qui expliquent la déchirure irréparable entre l'Eglise et la société des hommes. Malgré un style très fluide et des arguments pénétrants, on pourra juste reprocher au livre son titre qui restreint trop souvent l'homosexualité à une simple pratique hors de tout sentiment et il faut attendre l'épilogue pour évoquer la normalité de couples durables et heureux. Dans ce déluge de sacrilèges, l'un des moments les plus humains du récit reste d'ailleurs le témoignage d'un escort napolitain qui laisse entrevoir avec beaucoup de sensibilité les frustrations, la fragilité et la détresse de nombreux prêtres soumis à leurs passions temporelles.

L'apparition d'un arc-en-ciel dans les nuées vaticanes et la lecture de cet OVNI littéraire provoqueront sans doute ahurissement, colère et interrogations.
Comme beaucoup d'autres, les voies du Seigneur sont impénétrables !

Tonton Daniel
 

sodoma, enquête au coeur du vatican

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #religion, #secrets et mystères, #sexualité

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