Publié le 14 Novembre 2023

Héritier de Proust et de Rimbaud, Christian Bobin souffre d'une affection mortelle et très commune, le mal de vivre ! La musique, l'écriture ou "la passion mortelle de la lecture" pourraient l'en guérir, ou tout du moins atténuer ses souffrances, mais le poète ne trouve consolation et apaisement que dans la contemplation, la méditation, le rêve... Seuls comptent l'air du temps, la solitude, les chants d'oiseaux, les parfums, les mots...

Bientôt viendront les couleurs de l'automne, les feuilles fanées et le froid, puis la nuit, l'hiver et la neige, un temps circulaire de mort et de renouveau, inexorable et insupportable pour le poète obligé d'accepter "cette perte de temps". Que n'a-t-il "le don d'inexistence", semblable à cet enfant seul, silencieux, immobile, fermé à tout sentiment, indifférent au monde et à toute contingence terrestre ?

Rien de plus sublime que la "souveraineté du vide".

Tonton Daniel
 

souveraineté du vide

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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Publié le 9 Novembre 2023

Avec un titre pareil, le romancier Philippe Delerm a choisi son public ! Tout lecteur anxieux et plus tout jeune va en effet se jeter sur ce bouquin pour savoir s'il est concerné, si on parle de lui ou s'il est un vieux schnock qui s'ignore !

Paru en 2012, "Je vais passer pour un vieux con" recueille en effet petites phrases et paroles d'un autre temps, expressions toutes faites, "stupides et agaçantes", lâchées spontanément et parfois regrettées trop tard, qui en disent long sur ceux et celles qui les formulent. La bêtise, la vulgarité, la facilité, le conformisme général se trouvent partout où règnent hypocrisie sociale et convenances pré-établies, dans la rue, au café, au bureau, à la télévision, à table, en voiture, sur les quais d'une gare, au stade ou chez des amis.

Observation amusante de notre société, l'ouvrage se colore en demi-teinte dans un registre inhabituel pour l'écrivain, alternant amertume et mots choisis, érudition et mélancolie, poésie et accablement. Dans l'analyse des non-dits et des sous-entendus, Philippe Delerm n'est pas toujours tendre avec ses contemporains mais sa plume et son humour font tout passer, tout accepter, tout comprendre. Et la dernière page terminée, le lecteur plus tout jeune est soulagé et peut souffler, il remercie l'auteur car il n'est évidemment pas concerné ! Pas si con, papy !

Tonton Daniel
 

je vais passer pour un vieux con

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Rédigé par tonton daniel

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Publié le 4 Novembre 2023

"Nous sommes à l'âge du poison" déclarait dès 1962 la biologiste américaine Rachel Carson. Seule contre tous, lanceuse d'alerte avant l'heure, la scientifique visionnaire signait cette année-là "Printemps silencieux" (Silent Spring), succès international traduit en seize langues et vendu rapidement à deux millions d'exemplaires, ouvrage fondateur de la pensée écologiste, à l'origine de la création de l'Agence américaine de protection de l’environnement en 1970.

Extraordinairement documenté, fourmillant d'exemples concrets, de références, de noms, de dates, de faits réels, ce titre culte dénonçait l'usage massif, systématique et aberrant dans les campagnes américaines de produits chimiques de synthèse à usage de pesticides à large spectre, dits encore non sélectifs (insecticides, fongicides et herbicides). La liste de ces pesticides et des molécules qui les composent est interminable, hydrocarbures et naphtalènes chlorés (DDT, chlordécone, chlordane, lindane, heptachlore, aldrine, dieldrine, toxaphène...), phosphates et phosphorés organiques (malathion, parathion, glyphosate...), triazoles, carbamates, composés à l'arsenic, etc...

Après diffusions souvent massives et répétées dans les champs et sur les arbres, toutes ces substances tuent indistinctement et à plus ou moins long terme parasites et insectes pollinisateurs, abeilles, coccinelles et papillons, oiseaux et "mauvaises herbes", poissons et crustacés dans les cours d'eau, bactéries, champignons et vers de terre dans le sous-sol... Tous rejoignent nappes phréatiques et rivières, persistent longtemps dans l'environnement et s'accumulent le long des chaînes alimentaires jusqu'à l'Homme. Enfin, nombre d'entre eux sont soupçonnés d'engendrer mutations génétiques et chromosomiques et de favoriser ainsi chez les insectes une résistance à tout traitement et chez l'être humain infertilité et cancers.

La liste des coupables est bien longue elle aussi. Coupables, les industriels qui jouent aux petits chimistes inconscients et subventionnent la recherche sans aucun scrupule. Coupables, les administrations et autorités publiques négligentes, incompétentes, coupables de désinformation, soucieuses d'intérêts économiques privés et industriels. Coupables, tous ceux qui troublent volontairement "l'ordre établi de la Nature" en dépit du bon sens. En partie interdit grâce au livre dans de nombreux pays dès les années 1970, le DDT est toujours présent dans certains sols en raison de sa persistance élevée. Soixante ans après la parution du texte, de nouveaux produits tout aussi terrifiants et dévastateurs ont été commercialisés. Depuis les années 1990, les insecticides systémiques comme les néonicotinoïdes à base de soufre ou de chlore ont remplacé le DDT et ses complices, faisant naître de nouvelles craintes et de nouveaux combats !

Heureusement, une voix isolée s'élève parfois et arrive à se faire entendre. Afin de remplacer ces poisons que l'auteure qualifie de "biocides" et retrouver des printemps pleins de chants d'oiseaux, de nombreuses solutions existent : "observer et imiter la Nature", laisser agir les prédateurs naturels des nuisibles, utiliser "des méthodes et des réponses biologiques et non chimiques" éprouvées par les générations précédentes, éviter les monocultures, réapprendre la patience, ne pas "vouloir contrôler la Nature", accepter de perdre une petite partie des récoltes, regrouper citoyens, consommateurs et victimes dans une "société civile" organisée afin d'influencer les politiques gouvernementales, enseigner et rappeler au public que "l'Homme appartient lui aussi à la Nature"... Et enfin, relire "Printemps silencieux", à la fois enquête édifiante et courageuse et portrait d'un Homo sapiens bête à pleurer !

Tonton Daniel
 

printemps silencieux

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #environnement, #zoologie, #homo absurdus

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Publié le 26 Octobre 2023

"Coupe du monde de Zermatt : accusés de détruire un glacier, les organisateurs mis en garde par les autorités.

À moins d'un mois des descentes de Coupe du monde de ski alpin à Zermatt en Suisse, les autorités ont mis en garde mardi les organisateurs, accusés par les activistes du climat de détruire un glacier pour façonner la piste.

Des photos et des vidéos publiées par les médias suisses ces derniers jours ont montré des pelleteuses travaillant sur le glacier du Théodule, provoquant un certain émoi en Suisse où les glaciers fondent à un rythme alarmant depuis quelques années sous l'effet du réchauffement climatique.
Saisie par les ONG, la Commission cantonale des constructions du Valais a indiqué mardi avoir constaté qu'« une partie des installations empiète, sur une très faible surface, hors du domaine skiable homologué sur le territoire suisse ».

En conséquence, elle prononce « une interdiction immédiate d'utiliser les installations concernées hors du domaine skiable homologué », selon un communiqué.
« Dès que la situation météorologique le permettra, compte tenu des chutes de neige de ces derniers jours, cela sera rectifié, sans mettre en péril le parcours d'un point de vue sportif », a réagi le comité d'organisation du Matterhorn Cervino Speed Opening, qui renonce à faire appel.

L'an dernier, les épreuves de Coupe du monde de Zermatt/Cervinia avaient dû être annulées en raison de l'absence de neige, et surtout de l'impossibilité d'en créer en raison des températures élevées. Cette année, les épreuves doivent avoir lieu [entre le 11 et le 19 novembre] sur une piste dessinée sur les territoires suisse et italien, en partie sur le glacier suisse du Théodule.

Mais la publication le 15 octobre d'un article de 20minutes.ch affirmant, sur la base de relevés GPS, que le tracé de la piste excéderait les limites de la zone dédiée aux activités de ski a fait réagir les ONG de défense de l'environnement, dont WWF, Pro Natura [et Mountain Wilderness Schweiz]. Ces ONG, assistées par l'association « Avocat-e-s pour le Climat », ont saisi la Commission cantonale des constructions du Valais, accusant les organisateurs de la compétition de « détruire un glacier pour opérer une nouvelle piste en Coupe du monde de ski ».

La commission avait ordonné la semaine dernière l'arrêt des travaux menés hors du domaine skiable sur le glacier du Théodule afin de procéder à une analyse sur le terrain. Elle n'a pas pu encore s'y rendre en raison des conditions météorologiques, mais a d'ores et déjà prononcé mardi l'interdiction d'utiliser les installations hors du domaine skiable.

« La nécessité d'ordonner une éventuelle remise en état des lieux ainsi que le prononcé d’une amende seront analysés ultérieurement », a-t-elle indiqué. Elle entend également se pencher sur les travaux réalisés à l'intérieur du domaine skiable.

Selon les glaciologues de l'Académie suisse des sciences naturelles, les glaciers suisses ont fondu autant ces deux dernières années qu'entre 1960 et 1990, sous l'effet de conditions météorologiques extrêmes exacerbées par le dérèglement climatique. Après avoir perdu 6% de volume en 2022, année record, ils ont encore fondu de 4% cette année, deuxième recul le plus important depuis le début des mesures."

Source : https://www.ledauphine.com/skichrono/2023/10/24/coupe-du-monde-de-zermatt-accuses-de-detruire-un-glacier-les-organisateurs-mis-en-garde-par-les-autorites
 

le glacier et les pelleteuses
le glacier et les pelleteuses

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #actualité, #environnement, #dérèglements climatiques, #homo absurdus

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Publié le 20 Octobre 2023

Qui est "La Femme gelée" dont la romancière Annie Ernaux dressait le portrait en 1981 ? Un personnage de fiction ? Une inconnue ? Sa mère ? Elle-même ?

Dans le décor des milieux ouvriers et commerçants des années 50, la jeune Annie est encore une enfant pleine de rêves, fille unique, remuante et curieuse, jouant avec les garçons, ne faisant presque aucune différence entre ses parents atypiques. Puis vient pour elle le temps des copines, de l'école religieuse, des histoires inventées, l'évasion par la lecture, la découverte du monde, une certaine réussite scolaire...

A l'adolescence, les premières règles, les émois amoureux innocents, la révélation d'une mère "gueularde et peu féminine", ancrée dans les traditions et dans sa classe sociale. Puis la déception des autres et de soi-même, les garçons de passage, les réponses existentielles cherchées dans la philo et la littérature, la prise de conscience que "presque tous les malheurs des femmes viennent par les hommes", le cafard, la solitude, les questions, l'incompréhension...

C'est ensuite l'heure du mariage, accompagné de la maternité, devenu petite mort avec la fin des activités intellectuelles, le deuil des sorties culturelles, la disparition des projets, des rêves et de la liberté. Parcours-piège classique, redouté mais inévitable, que la lecture du "Deuxième sexe" de Simone de Beauvoir ne permettra pas d'éviter. Enfin l'émancipation par la vie professionnelle afin d'échapper à la condition féminine des années 60 et aux contraintes de toutes sortes, tentative presque avortée devant l'ampleur d'une tâche insurmontable...

La Femme gelée, paralysée, figée dans son moule, semblable aux autres, sans révolte ni revendication ni espoir, vaincue par la société et par la nature, sur laquelle le temps a fait son ouvrage, c'est l'auteure, c'est sa mère, c'est toutes les femmes, ici et ailleurs, depuis la nuit des temps et pour longtemps encore...

Tonton Daniel
 

la femme gelée

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Rédigé par tonton daniel

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