Publié le 29 Novembre 2020


Bonjour à tous

Dans son numéro 574 de décembre 2020, le magazine Ciel et Espace habitué d'habitude à nous faire rêver évoque courageusement un sujet peu souvent abordé, la pollution atmosphérique engendrée par le lancement de fusées spatiales, pollution peu connue et peu visible mais dont l'impact écologique et environnemental ne doit plus être ignoré.

Afin d'échapper à l'attraction terrestre, fusées et lanceurs spatiaux utilisent différents types de carburants solides ou liquides dont la combustion produit plus ou moins de produits dangereux, CO2, suies, particules d'alumine, acide chlorydrique, monoxyde de carbone ou oxydes d'azote.
Les propulseurs à poudre équipant par exemple la défunte navette spatiale, Ariane 5 ou la future fusée SLS transportant le vaisseau Orion destiné aux prochaines missions du programme lunaire Artemis contiennent perchlorates d'ammonium et d'aluminium ou nitrate de potassium.
Autre exemple, le très toxique peroxyde d'azote constitue l'un des nombreux ergols et propergols liquides ayant propulsé l'ancienne Ariane 4 et aujourd'hui les Proton russes et les Longue Marche chinoises.
Le RP-1, lui, est un kérosène ultra-raffiné utilisé par les Falcon 9 de SpaceX, les Atlas 5 de la NASA et les Soyouz de Roscosmos, hydrocarbure désulfuré mais potentiellement générique de résidus et d'imbrûlés.

Le lancement d'une Falcon 9 émet environ 425 tonnes de CO2, soit un peu plus qu'un vol transatlantique, mais le petit nombre de lancements spatiaux annuels (une centaine en moyenne par an contre environ 40 millions de décollages d'avions) explique par comparaison une émission globale de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique bien inférieure à celle de l'industrie aéronautique.

En revanche, il faut évoquer les quantités astronomiques de particules fines émises annuellement par l'ensemble des lanceurs, 225 tonnes de suies carbonées, soit autant que l'ensemble de la flotte aérienne mondiale. Et contrairement aux suies des avions lessivées par les précipitations, ces particules rejetées dans la stratosphère y restent en suspension, s'accumulent durant des années entre 30 et 50 kilomètres d'altitude et sont susceptibles de modifier la circulation des courants aériens, de détériorer la couche d'ozone ou d'influer à long terme sur le climat planétaire.

L'essor de l'industrie spatiale avec l'arrivée du secteur privé et de ses lanceurs s'ajoutant depuis peu aux fusées "nationales" peut donc faire craindre le pire. Elon Musk et les milliers de satellites prévus par SpaceX pour son réseau Starlink, Richard Branson et l'aberrant programme de tourisme spatial de Virgin Galactic avec Spaceship 2 ou Jeff Bezos avec Blue Origin et ses lanceurs New Shepard et New Glenn devraient bientôt polluer à eux seuls davantage que Wenshang, Cap Canaveral, Baïkonour et Kourou réunis !

Pollution atmosphérique, débris spatiaux en orbite, pollution lumineuse, pollution grise émise lors de la construction des fusées, pollution des océans par les retombées accidentelles ou organisées, l'industrie spatiale qui a fait rêver plusieurs générations de chercheurs et d'enfants est hélas en train de devenir une industrie comme les autres. Motivation écologique ou financière, des projets "propres" sont néanmoins à l'étude avec la fin des lanceurs à usage unique, la réutilisation des propulseurs thermiques ou la conception par le CNES d'une Ariane Next à propulsion liquide (méthane et oxygène) ne générant "que" CO2 et vapeur d'eau.

Chaque rêve a son prix, mais il faut parfois ouvrir les yeux et savoir se réveiller.

Sources : internet + magazine Ciel et Espace n°574 (Décembre 2020)

Tonton Daniel
 

fusées spatiales et pollution atmosphérique

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #astronomie et espace, #environnement, #dérèglements climatiques

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Publié le 22 Novembre 2020

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Publié dans #paroles et musique

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Publié le 14 Novembre 2020


Bonjour à tous

Inutile de chercher la station thermale de Montvert-les-Bains sur une carte de France, cette commune située par l'écrivain Maurice Denuzière dans les monts du Forez pour son dernier roman éponyme sert de décor imaginaire et furtif à la première étape d'un long voyage dans l'Europe du début du XXe siècle.

De Paris à Venise et de Vienne à Berlin en passant par Baden et Marienbad, un jeune héritier idéaliste entreprend en 1900 de visiter l'Europe à la rencontre de ses peuples, de ses idées, de son histoire et de sa culture. Pendant quatorze ans, ses pas vont le conduire en Andalousie, en Prusse, en Angleterre, en Autriche-Hongrie et dans l'empire allemand où il croisera une société composée d'aristocrates anglais, de millionnaires américains, d'espions prussiens et d'aventurières hongroises, un monde en dehors du monde, milieu insouciant et huppé, qui danse, qui s'amuse, qui se déplace au gré des saisons thermales en train de luxe, en paquebot ou en limousine.

Témoin lucide, curieux et privilégié de son époque, le voyageur constatera aussi que cette société mondaine très codifiée dissimule souvent cupidité, arrogance, turpitudes, adultères ou mépris de "la plèbe" ! A la recherche d'une mystérieuse oeuvre d'art disparue et d'une énigmatique "Dame en mauve", il fera de nombreuses conquêtes, perdra plusieurs amis, découvrira d'anciens secrets familiaux avant d'achever son voyage initiatique et de rentrer auprès des siens pour se poser enfin.

Passionnant sur le fond, le récit est hélas déroutant sur la forme ! Dialogues précieux et mièvres frisant le ridicule, descriptions interminables et inutiles dignes d'un guide touristique ou d'une encyclopédie, ambiance lénifiante rappelant celle d'une ville thermale, cette fresque pédante et sophistiquée est heureusement sauvée par quelques beaux passages plein de sagesse, des accents pro-européens et un discours humaniste sous-jacent dénonçant la montée des nationalismes, les intrigues diplomatiques et les alliances politiques à l'aube de la première guerre mondiale.

Mêlant fiction, "Grand Tour" et Belle Epoque, le bientôt centenaire Maurice Denuzière semble regretter un monde sur le point de disparaitre et n'hésite pas à rappeler à plusieurs reprises le discours visionnaire de Victor Hugo fait à l'Assemblée nationale en 1871 appelant à la création des Etats-Unis d'Europe. Un manifeste politique maladroit dont beaucoup pourraient néanmoins s'inspirer aujourd'hui afin d'éviter que l'Histoire ne soit un éternel recommencement !

Tonton Daniel

 

montvert-les-bains

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #europe, #histoire

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Publié le 8 Novembre 2020

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #USA, #actualité

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Publié le 1 Novembre 2020


Bonjour à tous

Oeuvre scandaleuse, sulfureuse et amorale pour son temps, "Madame Bovary", premier roman de l'écrivain Gustave Flaubert paru en 1857, valut à son auteur un procés pour "outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs". Le portrait "réaliste" et cynique d'une femme libre, hors convenances bourgeoises et morale religieuse, qui subira toute sa vie la tyrannie des hommes et de son siècle, se double en effet d'un formidable réquisitoire contre les "conventions de la société", les contraintes sociales, les notables provinciaux, la bourgeoisie "égoïste", le clergé qui "boit souvent" et les "prêtres ignorants" !

Le premier amour de la jeune Emma Rouault, férue d'histoires d'amour et de chevalerie, se révèle vite mesquin, petit, médiocre et convenu, auprès d'un mari qui ronfle, fade, respectueux, économe, routinier et sans imagination. C'est le temps de l'ennui, d'une vie monotone, réglée, campagnarde, d'un quotidien banal et bien trop matériel pour celle qui, toute sa vie dans un besoin d'absolu et à la recherche permanente du bonheur, rêvera du coup de foudre, du grand Amour et du Prince charmant.

Vient alors la pureté des amours platoniques, la complicité courtoise et le calme idéal auprès d'un amoureux éthéré et transi mais hélas vertueux, angélique et indécis. Insatisfaite et une fois de plus déçue, Emma se réfugie dans les bras virils d'un amant fougueux. C'est le temps de la passion, de l'aveuglement, de l'amour maladif, absolu, déraisonné mais hélas non partagé et, par dépit, Emma reviendra vers son premier amour. Entre malédiction et fatalité suivront adultère, rendez-vous secrets, mensonges, craintes et abandon physique dans un fiacre aux rideaux tirés roulant à bride abattue dans les rues de Rouen...

Le hasard des rencontres conduira peu à peu Madame Bovary, figure romantique, rêveuse, sentimentale et inconséquente mais également passionnée, insatisfaite, douloureuse et tragique, à la ruine financière, à la déchéance physique, à la dépression nerveuse, au scandale public et au drame final...

Très justement sous-titré "Moeurs de province", ce magnifique et aujourd'hui célébrissime portrait est aussi un extraordinaire témoignage sur les moeurs du XIXe siècle, il engage à une réflexion sur le pouvoir du roman et de la lecture et fut le précurseur d'un nouveau genre littéraire, le réalisme. Rançon du succès, cette oeuvre qui a marqué son époque et rendu célèbre son auteur a enfin engendré un nouveau substantif, le bovarysme, défini dans les dictionnaires comme "le comportement qui consiste à fuir dans le rêve l'insatisfaction éprouvée dans la vie". Mais le vrai secret de ce portrait féminin n'est-il pas qu'il parle avant tout et en filigrane des hommes, lâches, égoïstes, orgueilleux, menteurs et ennuyeux ?

Tonton Daniel
 

madame bovary

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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