religion

Publié le 28 Décembre 2022


Bonjour à tous

Existe-t-il "une façon d'être en paix avec notre finitude" ? s'interroge Delphine Horvilleur, rabbin, écrivaine et conteur, dans son dernier ouvrage "Vivre avec nos morts". La mort est-elle définitive comme l'enseignent la Torah et la Bible hébraïque, ou provisoire comme le suggèrent des interprétations plus modernes promettant à chacun une forme de résurrection ?

Avec une intelligence et une humanité rares, la messagère qui ouvre un "passage entre les vivants et les morts" fait revivre les disparus qu'elle a connus et accompagnés à travers une dizaine de chapitres et autant d'identités, s'interroge sur sa mission, nous permet de mieux appréhender l'identité et les traditions juives, note l'importance de la tradition orale, de la langue et des mots dans le judaïsme, et avoue trouver souvent "plus de questions" que de réponses. Sagesse et humilité imposent donc de toujours laisser place au doute, dénoncer les dogmes infaillibles, laisser les portes ouvertes et "accepter d'être bancal"...

Récompensé du prix Renaudot poche 2022, ce "Petit traité de consolation" dans lequel se croisent Simone Veil, Marceline Loridan-Ivens ou Itsh'ak Rabin, ainsi que les fantômes de la Shoah, des victimes d'attentats et des anonymes disparus dans la solitude dénonce aussi bien l'intolérance et l'antisémitisme auxquels est confrontée la diaspora juive depuis toujours que l'extrêmisme et le fanatisme juifs, fruits de l'ignorance et de l'Histoire. Enfin, malgré son titre et son sujet, "Vivre avec nos morts" est aussi ponctué de quelques notes d'humour, en apparence légères et anecdotiques mais ô combien significatives, disséminées en contrepoint au fil des pages, mêlant autodérision, esprit de distanciation et "culot talmudique". Mécanisme de défense, règle de survie, outil de résilience, le rire, partie intégrante de la culture juive, est-il la réponse à la question sur notre finitude et notre place dans l'Univers ?

Tonton Daniel
 

vivre avec nos morts

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #la mort, #religion

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Publié le 17 Octobre 2022


Bonjour à tous

Publié en 1963, en pleine Guerre Froide entre Occident et URSS, le roman de politique-fiction de l'écrivain australien Morris West "Les Souliers de Saint Pierre" ("The Shoes of the Fisherman") résonne aujourd'hui comme le témoignage d'un passé révolu. Le récit sur lequel passent souvent des "nuages atomiques" met en lumière le rôle du pape et de l'Église catholique dans la géopolitique internationale à l'issue de la crise des missiles de Cuba d'octobre 1962.

Partagé entre pouvoirs temporel et spirituel et chaussé des "Souliers de Saint Pierre", le nouveau pape d'origine ukrainienne Cyrille Ier doit composer avec les arcanes vaticanes, la puissance orgueilleuse de la Curie romaine, une situation internationale explosive et ses propres convictions. Jeune et pragmatique, il découvrira rapidement tous les défauts d'une Eglise sclérosée, trop vaste, trop rigide, trop dogmatique, repliée sur elle-même et ignorante du quotidien des fidèles. Soucieux de réformes, d'ouverture et de modernité, il soulèvera les questions du célibat des prêtres et de l'emploi unique du latin et interviendra auprès des puissants pour offrir au Monde une paix fragile et provisoire.

Le roman visionnaire de Morris West deviendra célèbre quinze ans après sa parution, lors de l'élection du pape Jean-Paul II en 1978, pontife d'origine polonaise en lutte contre l'idéologie communiste, voyageur et missionnaire infatigable et victime d'un attentat à Rome en mai 1981 comme l'envisageait l'auteur au chapitre IX.

Après plusieurs cycles de "détente" et de refroidissement entre blocs opposés, un traité de non-prolifération nucléaire, la chute du Mur et celle de l'URSS, l'émergence économique et politique de la Chine et de l'Europe, l'Histoire des Hommes a bien changé depuis soixante ans. Un passé révolu ? "L'histoire n'est qu'un éternel recommencement !" aurait déclaré l'historien grec Thucydide au Ve siècle avant notre ère. Ce que semble confirmer le contexte actuel et l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022. L'Etre humain n'apprendra-t-il donc jamais de ses erreurs passées ?

Tonton Daniel
 

les souliers de saint pierre

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #religion, #histoire

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Publié le 14 Avril 2021


Bonjour à tous

Rééditées en 2015, "Les mémoires d'un astronome" de Camille Flammarion furent rédigées en 1911 par un homme déjà âgé mais n'évoquent que les trente premières années du prestigieux créateur de la Société astronomique de France, de sa naissance en 1842 à la guerre franco-prussienne de 1870. Loin de se restreindre à la seule astronomie, cette extraordinaire et passionnante autobiographie nous plonge dans le monde des sciences du XIXe siècle, nous fait revivre un Paris déjà disparu pour son auteur, nous rappelle la petite et la grande Histoire et nous transporte à travers le temps et les étoiles !

Né en province, le jeune Camille se révèle être un "enfant contemplatif", curieux de tout, passionné par le spectacle de la Nature, fasciné par la Vie et révolté par la mort et l'injustice. Entré à seize ans à l'Observatoire de Paris, il découvre à la fois le caractère épouvantable de son célèbre directeur Urbain Le Verrier, "dictateur hautain, dédaigneux et intraitable" et une "astronomie mathématique" décevante, bornée à calculer la seule position des astres sans s'occuper de leur nature. Bourreau de travail et esprit indépendant, cet homme libre rédige alors les premiers ouvrages d'une longue série de publications à but éducatif qui permettront à ce vulgarisateur de génie et brillant conférencier de faire l'éloge de la science et des techniques sa vie durant.

Reconnu très tôt de son vivant comme un homme d'exception, Camille Flammarion renonce dès l'âge de vingt ans aux "mensonges conventionnels de la civilisation", à "la vie mondaine et ambitieuse", à la fréquentation "des rentiers et des inutiles". Affirmant n'avoir "aucune ambition", il refuse d'entrer à l'Académie Française, déclare que la gloire est un esclavage et confie que "le comble du bonheur et de l'indépendance (lui) paraitrait d'être jardinier et inconnu" !

Cherchant des réponses à toutes les questions, la vie de celui pour qui "les livres sont de bons amis" sera constamment dédiée à "la recherche de l'explication des phénomènes" et dictée par la simple observation du monde. Indissociable de la philosophie, l'astronomie est pour lui une discipline au-delà de la politique et des passions humaines, source de vérité qui lui enseigne que Dieu est une "invention humaine" et l'homme un "atome pensant", que le dogme religieux est une "pure fiction" et le christianisme une "doctrine invraisemblable et inadmissible" dont "les principes sont absolument faux". A mi-chemin entre le matérialisme de Diderot et le déisme de Voltaire, il considère néanmoins la religion comme "oeuvre d'utilité sociale", affirme que l'Univers a été organisé par un esprit supérieur afin d'y recevoir la Vie, se dit "spiritualiste" et reste convaincu de l'existence de "forces psychiques" qui lui feront un temps fréquenter les milieux spirites d'Allan Kardek.

Pacifiste et idéaliste, cet homme qui se définissait comme altruiste a toujours été révolté par la division des hommes en nations et finira par avouer sa déception face à une espèce capable des pires erreurs collectives. "L'humanité n'est pas belle" écrira cet observateur de "la comédie humaine" qui lutta toute sa vie contre les préjugés et les idées préconçues. L'Homme est faible, violent et sot, "l'Humanité a besoin de croyances", le Monde devrait se couvrir de lunettes astronomiques plutôt que de baïonnettes... Dans sa conclusion pleine de confiance et d'espoir, l'ouvrage prophétise malgré tout le triomphe de la culture scientifique, "la suppression de la guerre entre les peuples" et "l'affranchissement de la pensée humaine vers la lumière et la liberté" !

Remarquable d'érudition, de bon sens et de sagesse, "Les mémoires d'un astronome" est un livre indispensable à redécouvrir d'urgence même si l'on n'adhère pas aux convictions spiritualistes de son auteur. Face aux "choses vulgaires de la Terre", face aux ruines qui évoquent la vanité des hommes et le temps qui passe, Camille Flammarion nous suggère de lever les yeux et de contempler le spectacle infini des cieux, mystérieux, poétique, insondable... et révélateur de l'insignifiance humaine !

Tonton Daniel
 

les mémoires d'un astronome

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #astronomie et espace, #portraits, #religion, #histoire

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Publié le 29 Juin 2019


Bonjour à tous

En couverture, un cierge, objet symbolique, doublement phallique et religieux, orné d'un titre provocateur, agressif et précis, une référence biblique sans équivoque à l'Ancien Testament. Traduit dans plusieurs langues et sorti simultanément dans de nombreux pays, le dernier ouvrage du journaliste et écrivain Frédéric Martel, "Sodoma : enquête au cœur du Vatican", dévoile en pleine lumière et sur 600 pages l'un des plus grands secrets de l'Eglise catholique, l'homosexualité d'une grande majorité des prélats de la curie romaine. Un de ces ouvrages au titre et au contenu sulfureux qui finissaient autrefois à l'Index ou dans "l'enfer" des bibliothèques !

Le propos de l'auteur, bien introduit dans le milieu, n'est pas de pointer du doigt une orientation sexuelle au demeurant très naturelle ou "d'outer" des individus en particulier, mais de rechercher la vérité sur un "système", de dénoncer l'hypocrisie, la misogynie, la schizophrénie et la surprenante homophobie déclarée du Vatican, de révéler les apparences trompeuses, la "culture du secret" et la "conspiration du silence" qui ont entraîné au fil du temps, entre autres effets secondaires, le concubinage secret d'innombrables prêtres, le silence sur la pédophilie, l'exploitation servile et les abus sexuels subis par de nombreuses religieuses. 

Basée sur les témoignages et confessions de très nombreux cardinaux, évêques, prêtres et nonces apostoliques souvent eux-mêmes "de la paroisse", l'enquête explique dès l'introduction le choix du sacerdoce comme une échappatoire au mariage offerte depuis des siècles par une institution structurée et protectrice permettant aussi une reconnaissance sociale et la protection d'un refuge quasi "familial". Quant à l'homophobie paradoxale de cette curie à dominante gay, elle est simplement expliquée par le déni de toute déviation et la jalousie envers ceux qui sont libres de toute contrainte morale.

Selon la personnalité de ses membres, l'homosexualité s'exprime au Vatican de différentes manières. Abstinence, chasteté ou sublimation d'instincts refoulés, mais aussi drague sur internet, pratiques au grand jour, recrutement à Rome de prostitués masculins parmi les immigrants clandestins, tourisme sexuel et allers-retours vers l'Asie, l'Afrique, le Maghreb et l'Amérique latine ! L'auteur affirme d'ailleurs que "le SIDA a fait des ravages au saint-siège durant les années 1980 et 1990" !

Au fil des pages de ce théâtre d'ombres dont les femmes sont totalement absentes mais où se croisent les fantômes de Proust, Pasolini, Michel-Ange, Rimbaud, Gide, Bacon ou Peyrefitte, les portraits des derniers papes depuis Paul VI font frémir ! Jean-Paul II apparaît comme un conservateur plein de raideur, Benoit XVI est un "homophile ascétique" et un "grand inquisiteur" dont le règne marque le triomphe d'une idéologie anachronique, d'une rigidité sans faille et d'une théologie dogmatique incompatibles avec le pragmatisme moderne d'une Société LGBTIQ+, diverse et tolérante, règne qui se conclura par un renoncement aussi opaque et incompréhensible qu'un trou noir. Quant à François, son impuissance initiale va très vite laisser place à un durcissement et à une volonté de réforme, à une libération de la parole, à une reprise en main, lente, progressive, silencieuse contre tous les débordements idéologiques, les scandales financiers, les abus sexuels et les collusions politiques.

Sodoma est aussi un livre d'histoire contemporaine dans lequel on retrouvera la dictature de Pinochet, le syndicat Solidarnosc, la chute du mur de Berlin, l'anticommunisme primaire, les connivences avec les ultra-droites américaine et européennes, le régime cubain des frères Castro, la "Théologie de la libération" et les luttes entre pouvoirs politiques et courants religieux en Amérique latine. Où l'on (re)découvre aussi les archives secrètes et les dossiers sensibles conservés à la secrétairerie d'Etat, les guerres internes entre factions, le cléricalisme tendancieux, le mensonge institutionnalisé, les trafics d'influence, le jeu des affinités et des protections hiérarchiques, les "rumeurs, médisances, règlements de comptes et vengeances" fréquents au Saint-Siège... 

En filigrane, Frédéric Martel pointe enfin du doigt les positions et les discours ecclésiastiques traditionnels, le célibat imposé, le rejet du préservatif, la condamnation de l'avortement, du mariage pour tous et de la théorie du genre qui expliquent la déchirure irréparable entre l'Eglise et la société des hommes. Malgré un style très fluide et des arguments pénétrants, on pourra juste reprocher au livre son titre qui restreint trop souvent l'homosexualité à une simple pratique hors de tout sentiment et il faut attendre l'épilogue pour évoquer la normalité de couples durables et heureux. Dans ce déluge de sacrilèges, l'un des moments les plus humains du récit reste d'ailleurs le témoignage d'un escort napolitain qui laisse entrevoir avec beaucoup de sensibilité les frustrations, la fragilité et la détresse de nombreux prêtres soumis à leurs passions temporelles.

L'apparition d'un arc-en-ciel dans les nuées vaticanes et la lecture de cet OVNI littéraire provoqueront sans doute ahurissement, colère et interrogations.
Comme beaucoup d'autres, les voies du Seigneur sont impénétrables !

Tonton Daniel
 

sodoma, enquête au coeur du vatican

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #religion, #secrets et mystères, #sexualité

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Publié le 6 Mars 2019


Bonjour à tous

Un reportage ECOEURANT ! 
La chaîne ARTE diffusait hier soir un documentaire signé Marie-Pierre Raimbault et Eric Quintin, "Religieuses abusées, l'autre scandale de l'Eglise".
Où il est ici question d'un des plus grands secrets de l'Eglise catholique, d'abus institutionnalisés et de pratiques régulières connus et dissimulés depuis des dizaines d'années par les plus hautes autorités vaticanes : les viols subis par religieuses et novices abusées en toute impunité par des "directeurs de conscience" et des "guides spirituels" sans scrupules jouant sur la vulnérabilité, l'innocence, la naïveté, la honte, la crédulité, le devoir d'obéissance de leurs "sœurs"...
Après les actes et les manipulations mentales viennent la censure, le mensonge, l'hypocrisie, la "conspiration du silence"...
A grande échelle, en Afrique et en Asie, le SIDA est utilisé comme prétexte par des prêtres prédateurs pour remplacer les prostituées par des religieuses et il est même question d'un "proxénétisme clérical" qui aboutit souvent à l'avortement de religieuses enceintes...
La pédophilie n'est pas la seule horreur que s'autorise l'Eglise catholique !
Ecoeurant !

Tonton Daniel
 

religieuses abusées , l'autre scandale de l'église

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #religion, #télévision, #sexualité, #secrets et mystères

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