Bonjour à tous

Hallucinant reportage diffusé avant-hier soir sur France 5 ! Réalisé en 2022 et signé Audrey Gloaguen, "Les fantômes du pétrole" évoque l'histoire de tous les anciens forages et puits d'exploration de l'industrie pétrolière abandonnés partout dans le monde. Appelés aussi "puits orphelins" ou "puits zombies", ils seraient 20 à 30 millions répartis sur toute la planète ! Improductifs et mis à l'arrêt depuis des dizaines d'années pour certains, nombre d'entre eux ont été mal rebouchés, cimentés à la va-vite ou pas colmatés du tout. Ces puits fantômes rouillent, fuient et laissent échapper pétrole brut, benzène, sulfure d'hydrogène H2S ou méthane, gaz à effet de serre 28 fois plus dangereux pour l'environnement que le CO2, contaminant définitivement terres agricoles, nappes phréatiques et zones résidentielles.

Lanceurs d'alerte, scientifiques, climatologues et écologistes tirent aujourd'hui le signal d'alarme face à cette "bombe climatique" méconnue. Evoquant les 12.500 puits désormais inexploités en France, le reportage se concentre particulièrement sur les Etats-Unis, allant de la Californie au Texas en passant par la Pennsylvanie, état américain qui compte à lui seul 800.000 puits fantômes, où l'on trouve parfois des puits de pétrole dans la cour des écoles primaires et des raffineries en plein centres-villes et où plusieurs habitations ont déjà explosé suite à des remontées incontrôlées d'hydrocarbures...

Accusant et nommant des majors comme Chevron et Shell, le reportage se déplace enfin en pleine mer, sur le plancher océanique de la Mer du Nord d'où s'échappe beaucoup de méthane et où les champs en fin de vie regroupent 15.000 puits abandonnés ainsi que de vieilles plate-formes usagées très encombrantes pour leurs propriétaires... Simple illustration de futurs désastres offshores à grandes profondeurs...

Fraudes avérées, surveillance inexistante, montages administratifs entre sociétés complices, puits inexploités déclarés volontairement "inactifs" pour éviter les frais de rebouchage ou de nettoyage des sites pollués... "Je ne suis pas inquiet pour l'avenir, je suis inquiet pour le présent" conclut un des témoins... On le serait à moins !

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

"Ne jamais dire de quoi parle un grand livre" conseille l'écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr au presque début de son roman "La Plus secrète mémoire des hommes"...

Jeune romancier prometteur, Diégane part en quête d'un auteur mythique et de son seul livre, tous deux disparus en 1938 à la veille de la seconde guerre mondiale. Qualifié par certains de "mystification littéraire", reconnu par d'autres comme une somme d'emprunts ou un vulgaire plagiat et encensé par beaucoup comme un véritable chef-d'oeuvre, "Le labyrinthe de l'inhumain" signé du mystérieux T.C. Elimane va conduire Diégane sur les traces des fantômes du passé et l'amener finalement à s'interroger sur ses propres capacités littéraires.

Déracinés entre deux mondes complémentaires et contradictoires, l'Afrique ancestrale peuplée de légendes, de traditions orales, de diseurs d'histoire et de forces invisibles, et l'Europe, puissance coloniale matérialiste où seuls perdurent les écrits, l'écrivain et son double évoqueront dans une vertigineuse mise en abyme la transmission de la langue, du savoir et de la mémoire, l'héritage culturel et littéraire, le manque de reconnaissance et de notoriété des poètes et auteurs africains, la négritude revendiquée par beaucoup d'écrivains et d'intellectuels noirs et métis depuis Aimé Césaire ou Léopold Sédar Senghor. L'occasion pour tous les deux de chercher et de trouver autant de réponses que de nouvelles questions !

Malgré une certaine fragilité en filigrane, un doute sur sa propre nature, des inégalités suggérant presque une écriture à plusieurs mains ou l'emploi fréquent et orgueilleux de mots rares et oubliés, "La Plus secrète mémoire des hommes", c'est avant tout l'érudition, le souffle et la puissance d'une langue extraordinaire au service d'un récit très sombre auréolé du prix Goncourt 2021. Un texte qui enseigne "la force du silence absolu" que conseille Mohamed Mbougar Sarr et que seules permettent la littérature et la contemplation du ciel et des étoiles...

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Epidémie de Covid, ralentissement de la croissance, bulle immobilière, méfiance des partenaires économiques, remise en question du parti au pouvoir, corruption généralisée, problèmes environnementaux majeurs, territoires controversés, différends frontaliers et économiques avec l'Inde... l'Empire du Milieu fait également face aujourd'hui à une crise démographique majeure, un vieillissement accéléré et une baisse de sa population, la première depuis les années 60 !

Source : https://www.ouest-france.fr/monde/chine/population-qui-diminue-et-qui-vieillit-la-chine-face-a-une-crise-demographique-f511313c-9674-11ed-a0e2-3c14145668d8

"Pourquoi la Chine va affronter une crise démographique majeure :

La Chine a annoncé mardi 17 janvier 2023 que, pour la première fois depuis les années 1960, sa population avait baissé en 2022. Le pays va devoir faire face à un défi démographique dans les années à venir, avec une population qui va diminuer, et vieillir.
En 2022, la population chinoise a baissé de 850 000 habitants, selon les données communiquées mardi 17 janvier par le Bureau national des statistiques chinois. Le nombre de décès survenus en 2022, 10,41 millions, est supérieur au nombre de naissances, 9,56 millions.
Pour la première fois depuis 1960, époque de famine, la population baisse donc en Chine. Cette érosion démographique avait été envisagée mais survient plus tôt que prévu. En 2019 encore, l’Onu pensait en effet que la Chine atteindrait son pic de population en 2031-2032. Mais la baisse s’est enclenchée dès 2022.
Selon les prévisions de l’Onu, l’Inde devrait dès cette année dépasser la Chine en tant que pays ayant le plus d’habitants au monde.

587 millions d’habitants en 2100 ?

La baisse démographique enclenchée devrait être durable, et les projections des Nations unies et d’une étude chinoise prévoient une forte diminution tout au long du siècle.
Selon l’Académie des sciences sociales de Shanghai, la population chinoise pourrait diminuer de moitié d’ici à 2100, et s’établir alors à 587 millions d’habitants.
Les différents scénarios projetés par les Nations unies sont sur la même tendance.
Selon les projections des Nations unies, la population chinoise baissera d’ici à 2100, quel que soit le scénario envisagé. La Chine compterait 766 millions d’habitants en 2100 selon le scénario médian, 1,15 milliard selon le scénario haut, et 488 millions selon le scénario bas.

Une population qui vieillit :

La baisse de la population chinoise est en grande partie provoquée par la baisse du taux de fécondité, qui s’est effondré à 1,15 enfant par femme en 2021. Le seuil de renouvellement des générations est de 2,1.
Cette baisse intervient alors que la politique de limitation des naissances a été assouplie. Il y a encore 10 ans, les Chinois n’avaient le droit d’avoir qu’un enfant. Depuis 2021, ils peuvent en avoir trois.
Mais les Chinois sont peu enclins à avoir des enfants, malgré les nombreuses aides mises en place. Le coût de la vie a fortement augmenté, en particulier les frais d’éducation d’un enfant. Le niveau d’études plus élevé des femmes repousse également les grossesses.
La politique de l’enfant unique a également contribué à mettre en place une habitude culturelle de familles plus petites.
Conséquence de cette baisse de la natalité, la pyramide des âges devrait s’élargir vers le haut dans les années à venir.

Poids économique :

Le déclin de la population conjugué à son vieillissement pourrait peser lourd dans les décennies à venir sur l’économie chinoise.
En effet, selon les projections de l’Académie des sciences sociales de Shanghai, le nombre de personnes en âge de travailler (15-64 ans) devrait passer sous le nombre de personnes de plus de 65 ans en 2080.
"Le déclin et le vieillissement de la population […] auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100​, prévient Xiujian Peng, chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université du Victoria (Australie).
La baisse de la population active est synonyme de coût du travail plus élevé ​et cela affectera la compétitivité de la Chine sur le marché mondial​, souligne-t-elle.
Selon les projections de son équipe, sans réforme du système des retraites, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100 – contre 4 % en 2020.
Le vieillissement de la population entraînera également un coût des soins des personnes âgées de plus en plus important, qui pèsera sur les actifs."

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Décor sombre et royaume enchanté où se croisent les fantômes de Rimbaud et du Grand Meaulnes, la forêt des Ardennes a servi d'abri à la relation mystérieuse entre l'écrivain et journaliste Blaise Cendrars et la jeune Elisabeth Prévost, deux êtres que tout séparait a priori lors de leur rencontre à Paris en février 1938. Mutilé de la "Grande Guerre" pendant laquelle il combattit au sein de la Légion étrangère, l'auteur de "L'Or" a déjà beaucoup bourlingué et cherché la liberté "par le voyage, l'alcool ou la violence" quand il accepte l'invitation d'Elisabeth à la rejoindre chez elle dans sa propriété des Ardennes à la veille de la seconde guerre mondiale. Elisabeth, elle, est une aventurière de 27 ans, voyageuse et insouciante, ni fantaisiste ni excentrique, juste une femme libre que l'écrivain fatigué va reconnaître comme muse, comme amie, comme complice, un double féminin qu'il surnommera affectueusement "Madame mon copain" ! Différents en apparence, tous deux auraient pu néanmoins partir ensemble faire le tour du monde sur un coup de tête afin de découvrir de nouveaux horizons, goûter de nouveaux plaisirs et vivre intensément le moment présent. Ils n'en auront hélas pas l'occasion.

A l'abri des regards et du monde, leur isolement secret durera un an et demi jusqu'à la déclaration de guerre de 1939 qui les séparera définitivement. Celui qui avait écrit quinze ans plus tôt "Quand tu aimes, il faut partir" a-t-il choisi la fuite, l'effacement, le renoncement ? Malgré quelques indiscrétions, la nature de cette relation est toujours restée inconnue mais sert aujourd'hui de prétexte et de fil directeur à François Sureau, avocat, écrivain, ancien officier de la Légion étrangère et désormais membre de l'Académie française pour son court récit "Un an dans la forêt". Avec beaucoup d'érudition, il y partage ses souvenirs d'enfance, d'armée et de voyages ainsi que sa réelle admiration pour le jouisseur et l'aventurier, admiration d'où semblent percer par moments une pointe de jalousie et quelques regrets...

Dépositaires de nombreux secrets et incapables de la moindre imagination, les arbres de la forêt des Ardennes, quant à eux, gardent toujours le silence et la vérité sur cette liaison aussi fugace qu'énigmatique...

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Oubliez vite la définition traditionnelle du mot "spectacle", synonyme d'exhibition et de divertissement ! Pour Guy Debord, considéré comme l'un des derniers grands intellectuels du XXe siècle, notre civilisation est devenue "La Société du Spectacle", société dans laquelle l'économie remplace la politique et l'Histoire, société dont la nouvelle religion consumériste se substitue à la fois aux idéologies socialistes et libérales, bref une "négation du réel" au profit d'un monde virtuel, inutile, celui de la "marchandise" et du spectacle.

Révolté contre la Société et politiquement engagé auprès des anarchistes et des marxistes révolutionnaires, l'écrivain, membre de "l'Internationale situationniste", a critiqué tous les systèmes politiques sans exception, de l'anarchisme au fascisme en passant par le socialisme et le libéralisme, tous vecteurs d'un spectacle mondialisé, "spectacle diffus" imposé par la société bourgeoise, capitaliste et libérale à l’ouest, et "spectacle concentré" imposé par le socialisme, la bureaucratie et le capitalisme d'État à l'est où les bolchéviks deviennent les "nouveaux propriétaires du prolétariat" !

Lui-même marchandise consommant les marchandises qu'il fabrique et qu'on lui impose, l'ouvrier, sans lien avec ce qu'il produit désormais, est devenu à la fois spectacle et spectateur, "homme méprisable" abruti par un système créant pour lui des besoins non vitaux par le biais de la publicité, du cinéma et de la télévision. Un système aliénant qui finit par s'auto-reproduire en boucle dans le mouvement perpétuel d'un temps circulaire, un temps transformé à son tour en une marchandise et dans lequel l'Homme devient l'esclave de son mode de vie productiviste.

Rédigé en 1967 et composé de 221 réflexions ou "thèses", le livre de Guy Debord était destiné à réveiller les consciences mais reste souvent obscur, abscons, caricatural, voire surréaliste. D'aucuns ont cependant souligné son aspect prophétique, l'auteur y prévoyait et dénonçait en effet l'avènement du monde de l'image, la téléréalité, le travail sur écran, la robotisation, la dictature de l'automobile et des supermarchés, la "victoire de la ville sur la campagne", l'explosion de la consommation culturelle, le tourisme de masse, la nécessité de croissance infinie... Devenu modèle de réflexion pour beaucoup de penseurs, celui qui rêvait d'"ouvriers dialecticiens" et qui criait "Ne travaillez jamais !" imaginait-il que son livre finirait lui aussi par faire partie du spectacle qu'il dénonçait ?

Tonton Daniel