inde

Publié le 16 Avril 2023

"La planification familiale, nouvel enjeu de l'Inde désormais pays le plus peuplé du monde - 14/04/2023

Face à la montée en flèche de la population de l'Inde, le service indien de planification familiale a un rôle important à jouer pour maintenir le taux de natalité à la baisse. Pour cela, le pays devra relever plusieurs défis, dont celui de ne plus faire peser ce fardeau uniquement sur les femmes et celui de réussir à toucher les classes populaires.

Freiner la croissance démographique en s’appuyant sur la contraception. C’est le grand défi qui attend l’Inde, en passe de détrôner la Chine de sa place de pays le plus peuplé du monde. Selon les prévisions des Nations unies, le pays doit passer ce cap dans la journée du 14 avril, durant laquelle sa population doit atteindre le seuil de 1 425 775 850 habitants.

Fait étonnant, au cours des deux dernières décennies durant lesquelles la croissance démographique de l'Inde est montée en flèche, son taux de fécondité a chuté. En 1964, les Indiennes avaient en moyenne six enfants, alors qu'aujourd'hui elles n'en ont plus que deux. Et ce, en partie grâce au service public de planification familiale, que l'Inde affirme avoir été le premier pays à mettre en place, en 1952.

"L'objectif premier était de ralentir la croissance démographique afin de soutenir le développement économique du pays, qui n'avait alors que quelques années d'existence [l'Inde a proclamé son indépendance en 1947, NDLR]", explique Anita Raj, directrice du centre de recherche sur l’égalité Femmes-Hommes, Center Gender Equity and Health de l'université de Californie à San Diego.

Le programme a connu quelques succès. Une enquête du ministère de la Santé indien révèle que quasi toute la population mariée en âge de concevoir connait les méthodes de contraception. Par ailleurs l'État fournit 68 % des contraceptifs aux personnes concernées, notamment des préservatifs, des pilules et des stérilets.
"Toutefois, si l'objectif était véritablement le choix et l'autonomie des femmes en matière de procréation, il faudrait en faire plus", explique Anita Raj.

Or baisse de la natalité et liberté de choix des femmes sont intimement liées. "Les données recueillies dans le monde entier montrent que lorsque les femmes ont la possibilité de contrôler leur fécondité et qu'elles bénéficient des opportunités qui en découlent [telles que l'éducation et les opportunités économiques], la taille des familles diminue toujours", explique Alistair Currie, directeur de campagne de Population Matters, une organisation caritative basée au Royaume-Uni qui s'intéresse à la démographie.

Aujourd’hui, la stérilisation masculine et féminine est encouragée par des incitations financières. Certains États indiens ont aussi introduit une politique de deux enfants assortie de sanctions, telles que l'interdiction d'occuper un emploi dans la fonction publique pour ceux qui ne s'y conforment pas.

La forme de prévention de la grossesse la plus utilisée en Inde reste la stérilisation féminine. Elle représente 38 % de tous les moyens de contraception utilisés, alors que le recours à la stérilisation masculine ne représente que 0,3 % des cas, d’après une étude du ministère de la Santé indien. Cela s'explique en partie par la mentalité patriarcale qui domine largement la société indienne. L'enquête sur la santé des familles révèle ainsi que plus d'un tiers des hommes considèrent la contraception comme une "affaire de femmes". 

La vasectomie masculine se heurte également à une résistance due aux souvenirs d’une politique conduite dans les années 1970 par le gouvernement indien. Face à la stagnation économique et sociale, l’exécutif avait alors lancé une campagne massive de stérilisation des hommes afin de contrôler la natalité. Les hommes ont été contraints de subir une vasectomie sous peine de voir leur salaire réduit ou de perdre leur emploi. Les hommes des classes les plus populaires pouvaient même être arrêtés par la police dans les gares ou aux arrêts de bus pour être envoyés en "camp de stérilisation".

Or actuellement, en plus de faire peser le fardeau sur les femmes, le recours à la stérilisation féminine après plusieurs grossesses "ne favorise pas l'espacement des naissances, qui est important pour la santé et la survie de la mère et de l'enfant. Elle n'est pas non plus une solution permettant aux femmes de contrôler le calendrier des grossesses, mais seulement de les limiter", explique Anita Raj. "Si la stérilisation est le choix de la femme et qu'elle contribue à sa santé, c'est très bien. Mais trop souvent, ces décisions sont fondées sur les attentes de la famille et de la communauté".

Selon Debanjana Choudhuri, spécialiste des droits de l'Homme basée en Inde, le fait que le ministère de la Santé ait récemment mis à disposition des stérilets (une contraception réversible) pourrait "changer la donne", mais il faudra selon elle attendre de 5 à 10 ans pour qu'il devienne populaire.
Dans l’état actuel des choses, il subsiste un écart important entre le taux de fécondité souhaité (nombre d'enfants que les femmes veulent avoir) de 1,6 et le taux de fécondité réel de 2. Ce qui laisse penser qu’un certain nombre de grossesses est subi, d’où le rôle à jouer par le planning familial.
"Nous espérons que toutes les grossesses sont désirées et que les gens ont la capacité de choisir [de tomber enceinte]", explique Alistair Currie. "Si c'était le cas, le taux de fécondité serait moins élevé en Inde.

Autre défi à relever pour le planning familial indien : réussir à toucher les classes populaires. En effet, les conditions socio-économiques déterminent les choix de nombreuses femmes en matière de grossesse, comme l'a révélé l'enquête sur la santé familiale de 2022. Les Indiennes plus pauvres et les moins éduquées vivant dans les zones rurales sont susceptibles d'avoir plus d'enfants à un âge plus jeune et sont moins exposées aux messages sur la contraception moderne. 

Selon les prévisions, la population de l'Inde devrait continuer d'augmenter au cours des prochaines décennies. La "variante moyenne" des projections des Nations unies fixe le pic de croissance à 1,7 milliard d'habitants en 2064. D’après les projections de la "variante basse", la courbe de croissance commencerait à s'aplanir en 2047. 
Cette poussée de croissance démographique se profile, car près de la moitié de la population indienne a moins de 25 ans. Une catégorie susceptible d'avoir ses propres enfants dans les années à venir. 

Pour ne rien arranger, une grande partie de cette population manque d'information sur les contraceptifs, explique Debanjana Choudhuri. "Le programme de planification familiale s'accompagne d'un préjugé : parce qu'il s'agit de planification familiale, beaucoup de jeunes [non mariés] pensent qu'il ne s'adresse pas à eux. La population adolescente doit être intégrée au débat sur la contraception. À l'heure actuelle, ils sont exclus, et c'est alarmant."
 

Lire la suite

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #démographie, #actualité, #inde

Repost0

Publié le 16 Février 2023


Bonjour à tous

Ne dépassant pas huit mètres de hauteur, Cerbera odollam, comme son cousin Cerbera manghas ou "faux manguier", est un petit arbre d'aspect inoffensif, portant de jolies feuilles persistantes vert brillant, de magnifiques fleurs blanches à rouges très parfumées et des fruits ressemblant à des mangues colorées et juteuses. Poussant à l'état sauvage au bord des cours d'eau, dans les mangroves et les deltas marécageux d'Asie du Sud et des îles de l'Océanie, on le trouve également en Australie, à Madagascar et en Chine mais c'est en Inde dont elle est originaire que cette espèce de la famille des Apocynaceae est la plus utilisée.

Car les fruits des cerberas renferment une ou deux graines extrêmement toxiques. Appelées localement "tanguin" ou "othalanga", ces noix sont en effet saturées de cerbérine, molécule agissant sur le rythme cardiaque et employée à très faible dose comme cardiotonique et vomitif par la pharmacopée traditionnelle indienne. Hélas, cette particularité est bien connue dans toute l'Asie ! Autrefois utilisés à Madagascar comme "poison d'ordalie" (pour déterminer la culpabilité ou l'innocence de personnes accusées de crime), les fruits de ces espèces très communes sont facilement accessibles et sont donc souvent utilisés aujourd'hui pour se suicider par arrêt cardiaque... ou commettre un meurtre ! Mélangée à des plats épicés qui masquent son goût, la substance mortelle est de plus difficilement détectable lors d'une autopsie et l'on estime à environ cinquante par an le nombre d'empoisonnements fatals, volontaires ou non, dans le seul état du Kerala dans le sud de l'Inde...

Plantées sans précaution dans de nombreux espaces publics comme le laurier-rose, autre membre très toxique de leur famille, ces espèces tueuses mais d'aspect inoffensif ne sont pas considérées comme menacées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Contrairement à ses victimes, le bien-nommé "arbre à suicide" n'est pas près de disparaitre...

Tonton Daniel
 

l'arbre à suicide

Lire la suite

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #arbres, #la mort, #inde

Repost0

Publié le 9 Janvier 2022


Bonjour à tous

Plus connu aujourd'hui pour ses films engagés et son destin tragique que pour ses nombreux écrits, Pier Paolo Pasolini a d'abord été poète, traducteur et journaliste. Au retour d'un voyage en Inde effectué en 1961 en compagnie du couple de romanciers italiens Alberto Moravia et Elsa Morante, il livre un extraordinaire témoignage intitulé "L'odeur de l'Inde", décrivant une nation "naïve" et paysanne, une société codifiée et figée dans le système des castes, une atmosphère empuantie au quotidien par les relents de lèpre et de peste.

Parcourant le continent de Bombay à Delhi et de Madras à Calcutta, en passant par Bénarès, Khajuraho, Cochin et Agra, Pasolini va de surprises en révélations, préférant souvent marcher seul dans les villes comme doivent le faire tous les curieux cherchant le plaisir de la découverte, l'éventualité d'une rencontre ou le miracle d'une révélation. Confronté à l'anarchie urbaine, à la misère, à la crasse, à la moiteur des Tropiques et aux vaches maigres assoupies dans la poussière, le voyageur qui croisera le premier ministre Nehru ou Soeur Teresa et "son idéal de vider la mer avec un dé à coudre" finira par comprendre les sourires, la résignation, l'errance, les rites religieux hermétiques, l'essence même d'une société où "la vie se déroule comme un ballet funèbre" et sur laquelle flotte en permanence "l'odeur de pauvres nourritures et de cadavre".

Soixante ans seulement après ce voyage dans un pays de 400 millions d'habitants qui en compte aujourd'hui trois fois plus (!), le récit semble hélas bien daté et ne laisse jamais entrevoir les futures évolutions technologiques, la vigueur nouvelle de la jeunesse indienne ou les inévitables changements de civilisation. 
Au gré du vent et du temps qui passe, l'odeur de l'Inde a changé... comme changent et finissent par disparaitre les parfums éphémères !

Merci, Chloé, pour cette agréable découverte !

Tonton Daniel
 

l'odeur de l'inde

Lire la suite

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #inde

Repost0

Publié le 26 Août 2021


Bonjour à tous

Qui connait aujourd'hui ces extraordinaires constructions que sont les "ponts vivants" indiens ? Construits par les peuples Khasi et Jaintia de l'État de Meghalaya, au nord-est de l'Inde, ils sont entièrement constitués de racines aériennes de figuiers à caoutchouc (Ficus elastica). Cette pratique ancestrale fonctionne sur le principe très simple mais au nom barbare d'anastomose botanique (ou inosculation), phénomène de fusion naturelle des organes de deux végétaux appartenant en général à la même espèce. Cette greffe naturelle concerne racines, branches ou troncs, est fréquente chez les résineux et permettrait aux arbres une mise en commun des ressources naturelles, une survie accrue et prolongée des arbres blessés, une meilleure protection contre des agents pathogènes ou une résistance mécanique accrue face aux vents, à l'érosion et aux glissements de terrain.

Dans le cas des figuiers à caoutchouc apparentés aux figuiers des banians, les racines aériennes servent naturellement d'ancrages au sol sur des pentes abruptes ou rocheuses et de supports aux lourdes branches d'arbres pouvant atteindre 40 mètres de haut dans un environnement tropical humide. Pour franchir torrents et rivières, Khasi et Jaintia ont donc mis à profit cette particularité pour élaborer de différentes manières des ponts entre des arbres situés sur des rives opposées. Parfois guidées par des échafaudages en bois ou en bambou qu'elles finissent par remplacer au fil du temps, les racines aériennes peuvent aussi profiter de troncs évidés d'aréquier leur servant à la fois de tuteurs creux, de protection et de source de nutriments mais les ponts sont le plus souvent créés par un long et patient travail de tressage manuel jusqu'à ce qu'ils puissent supporter le poids d'un être humain, vingt ou trente ans après le début du projet !

Contrairement au béton et à l’acier, ces structures vivantes sont plus résistantes avec l’âge, peuvent perdurer pendant plusieurs siècles et résister aux crues soudaines et aux violentes tempêtes fréquentes dans la région. Tant que les arbres restent en bonne santé, leurs racines continuent de croître, de s'épaissir et de se renforcer, donnant au pont la vigueur, la force et la supériorité des êtres vivants sur les matériaux inertes traditionnels. Le plus long pont de racines vivant connu mesure plus de 50 mètres, on en trouve également en Indonésie et il existe même trois exemples de ponts vivants doubles. La technique est parfois utilisée pour d'autres types de structures, échelles, plates-formes ou même gradins le long des terrains de sport !

Symboles de patience, de communion, de respect et de sagesse, les ponts vivants sont considérés aujourd'hui comme de parfaits doubles traits d'unions, lien social entre les hommes d'une part et symbiose entre hommes et Nature de l'autre. Qui dit mieux ?

Tonton Daniel
 

ponts vivants

Lire la suite

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #arbres, #environnement, #le temps qui passe, #architecture, #inde

Repost0

Publié le 7 Juillet 2021


Bonjour à tous

Lointaine, mystérieuse, exotique, impénétrable, fascinante, démesurée..., l'Inde a toujours paru aux yeux de l'Occident comme une terre de contrastes, figée dans une société inégalitaire et très codifiée, partagée entre le poids de traditions millénaires, le système complexe des castes, les hiérarchies familiales, la crainte de dieux cruels et l'héritage de l'impérialisme britannique.

C'est pourtant une Inde simple, intimiste et humaine que décrivait au XIXe siècle le poète, écrivain et philosophe indien Rabindranath Tagore, partisan du mouvement pour l'indépendance de l'Inde, défenseur de la condition féminine et prix Nobel de littérature en 1913. "Kabuliwallah et autres histoires", recueil de nouvelles publié en 1895, est peuplé d'enfants innocents, de filles à marier, de comédiens ambulants, de commerçants cupides et de vieillards ingrats, d'hommes et de femmes qui s'aiment, se déchirent, se jalousent, partagent humiliations, déceptions, frustrations et ambitions déçues.

Malgré un quotidien souvent sombre et impitoyable, la Nature, elle, est sublime, le soleil brûlant règne en maître sur le Bengale, l'eau est omniprésente, fleuves, rivières, étangs, pluies et moussons se mêlent aux jeux et aux larmes, les étoiles évoquent dans leur course le destin des hommes, les mariages arrangés, les fêtes religieuses, les histoires d'amour secrètes et impossibles. Puissance évocatrice des mots, beauté de la langue, poésie indéfinissable, les récits débordent de vie, de chaleur, de rayons de lune, d'arbres sacrés et d'offrandes religieuses, tout n'est que couleurs, musique, parfums, chants amoureux et langueur du temps qui passe...

Depuis son évocation par Rabindranath Tagore, l'Inde a conquis l'atome, l'Espace et son indépendance politique, elle a montré de nouveaux visages et perdu un peu de son aura mystérieuse. Alors, afin de ne pas oublier le passé ou pour simplement continuer à rêver, ouvrons un livre, témoignage irremplaçable, guide de voyage éclairé, promesse d'aventures merveilleuses et certitude de rencontres inoubliables. Il était une fois au pays de Kabuliwallah...

Tonton Daniel
 

kabuliwallah et autres histoires

Lire la suite

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #inde

Repost0