Publié le 29 Mai 2022


Bonjour à tous

Livre choc paru en 1999, "No logo - La tyrannie des marques" de la journaliste canadienne Naomi Klein a été traduit en 22 langues avant de devenir l'une des principales références de l'altermondialisme. Cherchant "l'ombre derrière l'éclat", Naomi Klein nous rappelle pour commencer les évènements du célèbre "vendredi Marlboro" le 2 avril 1993, date d'une colossale erreur marketing ayant entraîné la décision de plusieurs multinationales nord-américaines de changer radicalement leur stratégie commerciale : "Des marques, pas des produits" ! A partir de ce jour, les grands groupes vont vendre et imposer insidieusement à leurs clients-consommateurs une culture de substitution, un style de vie, un quotidien entièrement dédié à leurs marques. On ne vendra plus un produit, on le racontera. Le "branding" et le "storytelling" vont se répandre sur toute la planète.

En occident, les conséquences sociales et matérielles s'enchaînent inexorablement : fermeture d'usines et de lignes de production, licenciements de masse, délocalisations à l'autre bout du monde dans les zones de libre échange et les zones franches industrielles du tiers-monde. Dans le secteur des services, c'est la baisse des salaires et du syndicalisme, la victoire de la précarité, du temps partiel, de l'intérim, et dans la rue, la jeunesse des milieux défavorisés devient complètement soumise aux marques et aux logos. Expression de la société de consommation, du système capitaliste et de la mondialisation économique, le logo devient langue internationale et universelle, il envahit l'espace public, les transports en commun, les écrans de cinéma et les salles de classe, il est partout, de plus en plus gros, et représente pour certains le symbole conquérant d'un "fascisme culturel", les entreprises, devenues forces politiques, se substituant aux états, aux enseignants et à la démocratie.

Ailleurs sur la planète, dans toute l'Asie du sud-est, en Amérique latine et en Afrique, c'est le développement des sweatshops, ateliers de confection sordides où le personnel, souvent jeune et féminin, est exploité dans des conditions de travail, d'hygiène et de sécurité insupportables. Peu connaissent alors cet esclavage moderne terrifiant, le harcèlement, le travail des enfants, les avortements et les accidents mortels. Néanmoins, avant même la fin du siècle, la spirale infernale commence à ralentir, la parole se libère et l'indifférence laisse place à une révolte collective et anticommerciale. Le "culture jamming" élabore détournements d'images et de logos, la résistance culturelle se réapproprie l'espace public, les mouvements citoyens internationaux et les activistes lanceurs d'alerte se coordonnent et incitent au boycott, au militantisme, aux achats sélectifs et au commerce responsable. La liste est longue de toutes les marques incriminées par l'auteure, principalement nord-américaines (Nike, Disney, Starbucks, Walmart, Coca-Cola, Gap, Levi's, Mattel, McDonald's, Pepsi, Microsoft ou Reebok) et européennes (Shell, Diesel ou Adidas).

Depuis la parution du livre il y a vingt ans, les soubresauts de l'Histoire, les avancées technologiques et les crises économiques ont bouleversé nos craintes et nos certitudes. 11 septembre 2001, pandémie de COVID-19 et conflit russo-ukrainien, développement des réseaux sociaux, d'internet et de la vente en ligne, crise des subprimes de 2007, Brexit et montée en puissance de l'économie chinoise n'ont pas empêché (et souvent expliquent) l'accroissement des inégalités sociales, le retour des nationalismes et une récession globale et durable. En réponse aux nouveaux problèmes de cette période, la "résistance" s'est réorganisée avec la mise en place des Forums sociaux mondiaux, la lutte pour le développement durable et la remise en cause du modèle économique de croissance indéfinie.

Néanmoins, à peine ouvert, le débat sur la puissance des marques et des logos semble déjà clos car anecdotique face aux gigantesques problèmes que les Hommes semblent enfin découvrir à l'échelle planétaire, surpopulation, ravages environnementaux et dérèglements climatiques. Citoyens du monde, notre nouveau combat en ce début de XXIe siècle n'est plus "No Logo" mais "No Chaos" !

Tonton Daniel
 

no logo

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #économie, #environnement

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Publié le 25 Mai 2022


Bonjour à tous

Dans le décor idyllique d'un vallon perdu en Haute Provence, un écrivain en recherche de liberté et d'inspiration se réfugie dans un monastère abandonné. Jardinage quotidien, feux de cheminée évocateurs de lointains souvenirs, couleurs flamboyantes de l'automne, forêt qui murmure et chaton qui ronronne, voilà a priori de quoi remplir la nouvelle vie d'un ermite en quête de solitude, de temps libre et d'authenticité.

En exergue de son roman "Dernier arrêt avant l'automne", l'écrivain René Frégni s'adresse à "ceux qui trouvent dans les livres un peu de réconfort, de paix et d'évasion". L'amoureux des mots pour qui "lire est un voyage", qui affirme que "tout est dans les livres" et qui a partagé sa passion en devenant animateur d'ateliers d'écriture a toujours été à la recherche du mot juste, celui qui fait ressurgir les bruits, les couleurs, les parfums du passé.

Hélas, ici, le style ampoulé, l'écriture descriptive et les détails autobiographiques envahissent beaucoup trop la discrétion et l'austérité cisterciennes ! Une intrigue décousue, un manque de souffle et des personnages frisant la caricature font enfin une lecture inégale, décevante et bavarde. Dans la bataille du fond et de la forme, l'éloquence et la recherche du mot juste doivent parfois passer par la suggestion, le mystère, le silence...

Tonton Daniel
 

dernier arrêt avant l'automne

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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Publié le 15 Mai 2022


Bonjour à tous

Traversant comme une étoile filante le chemin de la romancière Annie Ernaux dans un passé aux contours flous, A. est un jeune homme de trente ans son cadet, à la fois timide et entreprenant. Malgré les différences d'âge, d'expérience et de milieu social, la rencontre improbable va rapidement se transformer en passion amoureuse et en liaison au parfum de scandale dans le refus des convenances, l'insouciance du lendemain et le bonheur de l'instant présent.

Mais A. n'est-il pas, dès le début de cette relation, une excuse inavouée pour revenir vers les lieux de mémoire ? Une histoire dans l'histoire ? Une "expérience initiatique" ? Le prétexte destiné à retrouver la précarité, l'inconfort matériel et les dimanches de l'enfance ? Une échappatoire à l'habitude et au passage du temps ? "Il était le porteur de la mémoire de mon premier monde" confie la narratrice en recherche de jeunesse, d'innocence et de bêtise.

Ou alors A. n'est-il que le simple argument d'un bref chapitre autobiographique rédigé à la manière d'un palimpseste, manuscrit effacé volontairement pour écrire encore et encore une nouvelle histoire et "reconstruire la dimension vécue du passé" ? "J'avais l'impression d'écrire / vivre un roman dont je construisais avec soin les épisodes" avoue Annie Ernaux sans illusion ni remords.

"Il m'arrachait à ma génération mais je n'étais pas dans la sienne" réalise enfin la vieille dame avec lucidité qui ajoute que le jeune homme restera malgré tout, après leur tacite et inévitable séparation, le catalyseur et exutoire involontaire ayant permis le travail d'écriture, le choix des mots et celui de la forme du récit pour la rédaction de "L'Evènement", témoignage le plus personnel et le plus bouleversant de l'auteure.

Semblable à un petit grain de sable venu d'un autre monde, disparaissant après s'être consumé et laissant sur son passage une traînée lumineuse dans un ciel étoilé, "Le jeune homme" s'évanouira de manière inéluctable comme toutes les étoiles filantes. Libre et sans regret.

Tonton Daniel
 

le jeune homme

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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Publié le 7 Mai 2022

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #cinéma

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Publié le 1 Mai 2022

"La tendresse, c'est prendre des coups pour les éviter à ceux qu'on aime."

"La vie peut être très agréable quand on a le droit de choisir ceux avec qui on vit."

"Si je n'avais pas d'ennemis, je m'en fabriquerais, parce que ce sont autant mes ennemis que mes amis qui ont fait de moi ce que je suis."

("Appelle-moi par mon prénom" - Ed. Livre de poche - 1985)

 

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Rédigé par tonton daniel

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