Publié le 25 Juillet 2018


Bonjour à tous

D'un vieux tourne-disques s'élèvent la voix grave de Nina Simone et la vie difficile d'un vieil homme dans le sud des Etats-Unis, l'alcool, la prison, la mort de son chien... Malgré ce qu'il a vécu et enduré, ou peut-être à cause de ce qu'il a vécu et enduré, Mr Bojangles, le vieux philosophe, parle, danse et rit à la moindre occasion !

Source d'inspiration pour l'écrivain Olivier Bourdeaut, cet air triste est le fil directeur de son premier roman, "En attendant Bojangles", récit fantaisiste construit autour d'une famille aussi fantasque qu'improbable, aussi originale qu'extravagante, qui refuse le réel, perd volontairement la mémoire, change ses prénoms au gré de l'instant, évolue dans la vie comme sur une scène de théâtre.

Grâce à une habile mise en abyme autour des carnets secrets paternels et à une série de personnages pittoresques et farfelus, le récit nous entraine avec bonheur dans une histoire d'amour fou pleine de poésie, de fantaisie et de légèreté, accompagnée d'une réflexion sur le mensonge, la folie et l'art de raconter des histoires.

Hélas, à l'issue du dernier acte, le rideau cruel finit toujours par retomber et le retour à la réalité est toujours rude pour les acteurs futiles, inconséquents ou irresponsables... D'aucuns quitteront les planches, d'autres résisteront à la tourmente, quelques-uns, hors des conventions à l'image de Bojangles, décideront, quoi qu'il advienne, qu'il faut rester sur scène et toujours rire, danser et sauter jusqu'aux étoiles !

"Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer." (Beaumarchais - Le barbier de Séville - 1775)

"Il faut exagérer, sinon il n'y a rien !" (Philippe de Broca - Le Roi de coeur - 1966)

"Pour aimer le monde, il faut s'en éloigner !" (Philippe de Broca - Le Roi de coeur - 1966)

Tonton Daniel

 

en attendant bojangles

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Publié le 21 Juillet 2018

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Publié le 11 Juillet 2018


Bonjour à tous

Son nom sonne comme un coup de clairon ! Personnage principal de la pièce du prolifique Marcel Aymé, le comte de Clérambard mène sa famille désargentée à la baguette et n'hésite pas à faire travailler fils, épouse et belle-mère dans les courants d'air de leur hôtel particulier. Comme pour d'autres familles de leur condition, le salut pourrait peut-être venir d'un mariage arrangé entre noblesse miséreuse et bourgeoisie cossue... Mais c'est compter sans quelques caractères bien trempés, la personnalité d'une prostituée au grand coeur et l'intervention "divine" de Saint François d'Assise qui rappelle d'autres apparitions "fantastiques" dans l'oeuvre de l'auteur ("Le Passe-muraille", "La Grâce" ou "La Jument verte") !

Entre pragmatisme et idéologie, l'amour va donc s'en mêler, un miracle se produire, et Monsieur le comte changer d'avis après une révélation mystique et une conversion soudaine ! Grâce à l'humour grinçant et la langue parfaite de Marcel Aymé, le marchandage féroce et cynique entre les deux familles tourne rapidement à la farce, faisant presque oublier en filigrane l'étude de moeurs, la satyre sociale, la réflexion sur la morale, l'honneur et les conventions.

Souvent décrié par la critique mais adoré du grand public, l'auteur des "Contes du chat perché" refusera la Légion d'honneur en 1949, déclinera la même année une invitation à l'Élysée et refusera en 1950, année de parution de Clérambard, de siéger à l'Académie française ! Autant de bonnes raisons de (re)découvrir aujourd'hui un écrivain inclassable et anticonformiste qui faisait dire à son héros dans l'acte II : “L'humilité est l'antichambre de toutes les perfections” ! Nom d'un clairon !

Tonton Daniel

 

clérambard

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Publié le 8 Juillet 2018

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Publié le 1 Juillet 2018


Bonjour à tous

Malgré sa mauvaise réputation, le désordre est-il nécessaire à l'Etre humain ? C'est l'une des thèses proposées et développées par l'écrivain libano-américain Nassim Nicholas Taleb dans son imposant ouvrage "Antifragile - Les bienfaits du désordre" paru en 2012. Né au Liban, fin connaisseur des philosophes grecs, des pensées méditerranéennes, arabes et occidentales, polyglotte et érudit, l'auteur a été courtier en bourse, mathématicien probabiliste, professeur d'ingénierie du risque et est aujourd'hui spécialisé dans l'évaluation des risques d’événements rares et imprévus.

Désordre, hasard, volatilité et incertitudes seraient donc utiles et nécessaires à l'Humanité, et les exemples de sujets qui apparaissent négatifs a priori mais qui se révèlent positifs et bénéfiques à long terme sont nombreux : la sérendipité qui permet des découvertes inattendues, l'hormèse, la mithridatisation et la vaccination qui protègent l'organisme, les mutations génétiques hasardeuses qui induisent l'évolution des espèces, les friches naturelles où s'épanouit la biodiversité, la restriction calorique qui permet de vivre mieux et plus longtemps, le stress nécessaire à la survie, l'ajout de bruit aléatoire dans un système pour l'améliorer, le jardinier qui taille ses arbres pour les fortifier ou même la guerre qui permettrait d'une certaine manière à la société de rebondir, de progresser et de se réorganiser !

Associé à cette désorganisation "stimulante", le concept d'antifragilité décrit l'état d'un objet solide ou d'un homme résistant qui profiteraient du stress ou du désordre auxquels ils seraient soumis et qui en tireraient une amélioration ou un bénéfice. "Ce qui ne me tue pas me rend plus fort" écrivait déjà Friedrich Nietzsche en 1888...

Selon N.N.Taleb, il faut donc laisser agir le hasard et laisser les évènements suivre leur cours, patienter, temporiser, procrastiner, agir avec lenteur, encourager le non-interventionnisme dans tous les domaines, financier, politique ou médical. Arguant que "le bon réside surtout dans l'absence du mauvais", l'auteur met ainsi en avant le concept de "via negativa" : quoi qu'il fasse, il préfère s'abstenir, ne pas faire, ne pas intervenir, ne pas agir. Grâce au scepticisme et à la " connaissance soustractive", il évite toute forme de prédictions et de prévisions qui sont pour lui "la pire des pollutions humaines". Il faut aussi accepter l'inexplicable, l'inintelligible, la non-analyse, l'asymétrie (et la non-linéarité), rester favorable à l'expérience, à l'empirisme, au savoir heuristique, à l'opportunisme, à l'instinct et à l'intuition. En résumé, "moins, c'est plus" ! Il suffit d'observer et de copier la simplicité de la Nature, redécouvrir le principe physique d'entropie et rappeler que le passage inéluctable du temps s'accompagne invariablement d'un accroissement du désordre.

Et si "less is more", N.N.Taleb ajoute aussi que "small is beautiful" ! Il rejette la complexification de toutes choses dans notre civilisation moderne, la sophistication et la réduction de toute variabilité. Normale, aléatoire et omniprésente, la variabilité empêche grâce à de petites fluctuations régulières l'apparition des "cygnes noirs", ces évènements imprévisibles et extrêmes qui nous rendent de plus en plus vulnérables.

Au fil des pages, le pessimiste Nassim Nicholas Taleb dénonce "la malhonnêteté foncière des hommes" et rejette (dans le désordre !) prévisionnistes, statisticiens, politiciens, touristes, banquiers, transhumanistes, carriéristes de tout poil, "costumes vides" et autres "fragilistas", l'administration américaine, la "dictature des médias sur la pensée et la culture", les industries pharmaceutiques qui inventent de nouvelles pathologies, les écoles de commerce, les journaux du matin, les sujets à la mode ou même le jus d'orange matinal imposé par des industriels sans scrupules ! Il préfère l'érudition au savoir universitaire, l'antiquité méditerranéenne au monde moderne, l'art à la science, la "robustesse" des livres à la fragilité numérique, le pragmatisme à l'idéologie, "la culture du désert baignée de contemplation et de frugalité" au confort des villes "associé au déclin physique et moral"...

Hélas, la forme prête beaucoup plus à polémique que le fond des idées. Usant d'ironie et d'agressivité, cet homme à la personnalité complexe apparait peu à peu comme asocial, misanthrope, suffisant, orgueilleux, paranoïaque, amer, odieux... Persuadé qu'un homme héroïque et honorable doit prendre des risques pour défendre ses opinions, l'auteur provocateur prend souvent exemple sur la mafia dont l'organisation et le code de l'honneur seraient des modèles à suivre... Provocateur et controversé, il a été surnommé "le dissident de Wall Street" pour avoir critiqué ses anciens collègues, dénoncé leurs méthodes et prévu avant eux la crise financière de 2008. Il reconnait lui-même que son caractère rigide, ses accès de colère et sa personnalité conflictuelle lui ont souvent valu les foudres de ses détracteurs.

La dernière page tournée, le lecteur déconcerté sera sans doute partagé entre hilarité et ahurissement et se posera davantage de questions sur la personnalité de l'auteur que sur le bien-fondé de ses arguments : un homme qui se revendique à demi-mot comme prophète chrétien orthodoxe et qui "se plie aveuglément à la méthode heuristique de la religion", qui préfère "garder ses distances avec les ignorants" et qui use et abuse d'un discours hermétique, alambiqué, verbeux, abscons et agrémenté de graphiques parfois surréalistes est-il en fin de compte un génie malheureux ou un imposteur à l'ego démesuré ? Une seule chose est certaine : confronté à un mode de vie qui ne lui convient pas et à des contemporains qui ne le comprennent pas, cet homme au raisonnement désordonné a fini par devenir lui-même antifragile !

Tonton Daniel

http://tontondaniel.over-blog.com/2016/11/serendipite.html

http://tontondaniel.over-blog.com/2016/08/kintsugi.html

http://tontondaniel.over-blog.com/article-32366013.html (Au jardin - 2009)

 

antifragile

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Rédigé par tonton daniel

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