Publié le 31 Juillet 2019


Bonjour à tous

Avec 1,4 milliard d'habitants produisant annuellement 210 millions de tonnes d’ordures ménagères, la Chine est aujourd'hui le deuxième producteur de déchets au monde derrière les Etats-Unis. Refusant depuis janvier 2018 l'importation sur son sol de conteneurs de déchets en provenance des pays occidentaux, le gouvernement central de Pékin a pris conscience de son poids environnemental. Si jusqu'à présent, 80 % des déchets chinois étaient brûlés ou enfouis, l'Etat, le Parti communiste et le président Xi Jinping exhortent désormais les administrations locales et les citoyens chinois au recyclage individuel et à "la bataille du tri sélectif". Un système déjà existant dans quelques villes du pays mais inefficace, peu développé et mal adapté au développement fulgurant de la vente en ligne en Chine et à la grande quantité d'emballages que celle-ci génère.

Première étape, la ville de Shanghai avec ses 25 millions d'habitants et ses 22.000 tonnes de déchets quotidiens (3.000 "seulement" à Paris), qui vient d'instaurer depuis le 1er juillet un système complexe de collecte et de tri sélectif basé sur quatre types de déchets répartis dans autant de poubelles aux couleurs différentes : déchets humides (nourriture), déchets secs et résiduels (couche-culottes, emballages...), déchets toxiques (médicaments, piles...) et déchets recyclables (plastique, carton, verre, aluminium...). En plus de 4.200 points de collecte sont aussi mis en place un double barème d'amendes pour les "étourdis" et de récompenses pour les plus obéissants, des horaires stricts et des QR codes installés sur les sacs-poubelle des collectivités. Sans oublier pour les contrevenants la perte de points de "crédit social", ce système de notation des citoyens mis en place en 2018 qui les sanctionne socialement en cas d’incivilités.

Déboussolés mais pragmatiques et pleins d'humour, les habitants de Shanghai ont trouvé l'astuce pour se rappeler quelle poubelle utiliser avec... la règle du cochon ! "Si c’est quelque chose qu’un cochon peut manger, alors c’est du déchet humide ; si même un cochon n’en mangerait pas, c’est du déchet sec ; si cela peut tuer le cochon, c’est du déchet dangereux ; et si en le vendant on peut acheter un cochon, c’est du déchet recyclable" !

Deuxième étape, la généralisation à court terme de ce système aux 46 villes les plus importantes et donc les plus pollueuses du pays, avec l'objectif de recycler 35 % de leurs déchets d'ici 2020. Mais pour l'instant, business is business, même dans l'Empire du Milieu ! De petits malins ont créé leurs entreprises et proposent désormais de s'occuper contre rémunération de la collecte à domicile et du tri des ordures des particuliers. D'autres vendent des mini-poubelles portatives pendant que des start-up créent des jeux comme "Garbage classification". Des géants du net comme WeChat, Baidu ou Alibaba via ses filiales Ele.me et Alipay ont mis en place des applications pour mobiles sensés informer et faciliter le tri.

Dénoncée par certains, cette "dictature écologique" semble pourtant nécessaire à beaucoup d'autres et pourrait devenir un exemple à suivre par le reste de la planète face au manque de civisme et aux comportements individuels souvent égoïstes et inconscients. Le pragmatisme et la nécessité de préserver la Nature et notre Environnement doit hélas passer aujourd'hui avant le respect des libertés individuelles.

Tonton Daniel
 

tri sélectif à shanghai
tri sélectif à shanghai
tri sélectif à shanghai
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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #chine, #déchets et recyclage

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Publié le 27 Juillet 2019


Bonjour à tous

Les chiffres le prouvent, il y a de plus en plus d'arbres sur le territoire français. Hélas, ce comptage trompeur qui pourrait laisser croire à une extension du domaine forestier masque une terrible réalité. Oubliez les forêts romantiques et d'agrément ! La forêt française aujourd'hui n'est souvent qu'une forêt de production, un "désert vert", une "usine à bois" dont la vie animale est totalement absente. Oiseaux, rongeurs, mammifères, insectes mais aussi faune souterraine, lombrics, champignons et bactéries ont déserté ces espaces certes arborés mais sans humus et ne ressemblant en rien à une forêt naturelle ou primaire.

Sujet principal du documentaire "Le Temps des forêts" signé par François-Xavier Drouet et récompensé au Festival de Locarno en 2018, le mot d'ordre assumé de cette sylviculture désormais industrielle est à la logique commerciale, à la gestion d'entreprise et à la rentabilité financière. Inspirée par le modèle agricole à cycle intensif, cette activité économique se traduit concrètement par la sélection d'essences à croissance rapide, l'emploi d'engrais et de pesticides, des plantations "monotypes" d'épicéas ou de pins de Douglas, la mécanisation du travail et l'emploi d'abatteuses au détriment des hommes et des bûcherons, des coupes rases désastreuses pour l'environnement, la pollution des cours d'eau, le lessivage, la fragilisation et la stérilisation des sols...

"Forêts silencieuses" sans bruits ni chants d'oiseaux, alignements monotones et géométriques, massifs boisés "standardisés" dont les feuillus sont peu à peu remplacés par des résineux, certains parlent aujourd'hui d'une "malforestation" aussi désastreuse que la traditionnelle déforestation. Les arbres qu'on ne laisse ni vieillir ni arriver à maturité deviennent de simples marchandises, plantés comme de vulgaires légumes, coupés comme des céréales, vendus, transformés et broyés comme une simple matière première, biomasse renouvelable tristement destinée à la fabrication d'emballages et à la production de "bois-énergie".

Principal accusé de ce documentaire dérangeant, l'O.N.F. (Office National des Forêts), organisme chargé à la fois de fournir un bilan financier positif et d'assurer la pérennité et la régénération de la forêt publique, mission paradoxale qui a entraîné depuis 2002 la vente de nombreuses forêts domaniales à des intérêts privés, une "négation progressive du métier de forestier" et le suicide de dizaines d’ouvriers agricoles...

De plus en plus d'arbres ? Un stockage de carbone utile pour lutter contre le dérèglement climatique planétaire ? Certes. Mais parfois, le pragmatisme ne suffit pas !

Tonton Daniel
 

le temps des forêts

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #arbres, #environnement, #économie

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Publié le 14 Juillet 2019


Bonjour à tous

Poète mythique à la personnalité complexe et tourmentée, artiste fragile et sombre, rebelle anarchiste et libertaire, homme libre et toujours en mouvement, Arthur Rimbaud a inventé au XIXe siècle un style littéraire à son image, pessimiste et engagé, qui lui a permis de s'évader avec des mots et de fuir un "bonheur domestique" qu'il détestait par-dessus tout. Patriotique mais anti-militariste, louant Dieu mais anti-clérical, pacifiste mais trafiquant d'armes, maniant la rime mais reniant les romantiques, chantant la femme mais partageant un temps les plaisirs terrestres avec Verlaine, le poète-aventurier a multiplié les contradictions durant sa courte vie, jusqu'à rester lucide sur son propre parcours : "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" !

Sa poésie, elle, orientée initialement vers la forme, puis vers le fond, enfin vers le symbole, a évolué au gré des amours, des rencontres et des voyages. Des générations d'écoliers ont appris et récité "Le dormeur du val", "Voyelles", "Ma bohème" ou "Le bateau ivre", vers de jeunesse évoquant la mort, la guerre, la liberté, les grands espaces ou le passage des saisons. Mais peu connaissent "Une saison en enfer" sur laquelle plane le fantôme de Verlaine ou les "Illuminations", extraordinaires poèmes en prose, en forme de réflexions, de fragments, de fulgurances, littérature d'approche délicate, déconcertante, hermétique et souvent incompréhensible pour le béotien et le non-initié.

On l'aime ou on la déteste, la poésie d'Arthur Rimbaud ne s'explique pas, ne s'analyse pas, ne s'éclaircit pas. Novatrice, exceptionnelle, irrationnelle et bousculant l'ordre établi, elle a inspiré et influencé de nombreux auteurs depuis la disparition du poète à l'âge de 37 ans... La marque du génie ?

Tonton Daniel

 

poésies rimbaud

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature

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Publié le 10 Juillet 2019


Bonjour à tous

Quelques nouvelles de la Kingom Tower évoquée ici même en janvier 2010 puis en juin 2014...

Initialement conçue pour devenir le plus haut gratte-ciel de la planète avec un mile de hauteur, soit 1.609 mètres, la Mile-High Tower de Jeddah en Arabie saoudite ne devrait aujourd'hui s'élever de manière symbolique qu'à 1.001 mètres. Cette victoire du système métrique sur le projet initial est en réalité celle du pragmatisme, la proximité de la Mer Rouge et la géologie de la région n'autorisant pas l'édification d'une structure plus haute. Rebaptisé Kingdom Tower puis Jeddah Tower, le building regroupant bureaux, hôtel, appartements, commerces et observatoire devrait être la pièce maîtresse de Kingdom City, un quartier en développement situé au nord de la ville qui compte déjà un autre record depuis 1985, le jet d'eau le plus haut du monde avec ses 312 mètres de hauteur.

Entièrement financée par le prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud via la Kingdom Holding Company dont il est l'actionnaire principal, la tour d'un kilomètre au design sobre et élégant a été dessinée par le cabinet d'architecte Adrian Smith & Gordon Gill qui a du relever de nombreux défis techniques (stabilité, écarts de température dus à l'altitude, effets du vent...). Sa construction a été confiée à la société Saudi Binladen Group. Même revus à la baisse, les chiffres donnent le vertige : 1001 mètres, 167 étages (dont le dernier à 668 mètres de hauteur avant la flèche), 31.700 panneaux vitrés, 59 ascenseurs, 270 pieux de fondation s'enfonçant jusqu'à 105 mètres de profondeur, un poids de 900.000 tonnes dont 80.000 tonnes d'acier, une superficie totale de 310.000 m2 pour une emprise au sol de 3.750 m2 et un coût estimé à 1,3 milliard d'euros !

Démarrés en avril 2013, les travaux étaient prévus pour s'achever en 2019 et la livraison de l'édifice annoncée pour janvier 2020. La construction hors-sol a débuté comme prévu en avril 2014 et s'est poursuivie normalement jusqu'en 2017, date à laquelle la chute du prix du pétrole sous la barre des 50 dollars a entraîné l'ouverture d'une période financièrement très difficile pour l'Arabie Saoudite et ses entreprises. Novembre 2017 a aussi vu l'arrestation pour corruption du président du Saudi BinLaden Group, puis celle du prince Al-Walid Ben Talal sur ordre du prince héritier Mohammed ben Salmane qui lui reprochait son opposition à sa nomination comme prince héritier du royaume. Libéré en janvier 2018 puis détenu en résidence surveillée à Riyad, le prince Al-Walid Ben Talal continue depuis de suivre à distance la construction de sa tour.

A la fois prouesse technique, gouffre financier, désastre environnemental, manifeste politique, symbole on ne peut plus masculin d'orgueil et de puissance, la Jeddah Tower est une vraie tour de science-fiction ! Hélas, en mai 2017, le noyau central de l'immeuble n'atteignait que 58 étages pour 238 mètres. Aujourd'hui, les travaux auraient repris mais nul ne sait à quelle date cet édifice hors norme sera inauguré. Ni même s'il sera terminé un jour, certaines rumeurs évoquant même un arrêt définitif du chantier, éventualité probablement insupportable pour qui veut s'afficher comme maître de la région face à Dubaï et au Qatar... A suivre !

Tonton Daniel

Source : magazine Sciences et Avenir n°869 - Juillet 2019
 

jeddah tower

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #architecture

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Publié le 7 Juillet 2019


Bonjour à tous

Récemment rendue publique par le Centre de surveillance de la conservation de la nature des Nations unies, la base de données Deep-Sea Debris Database recense photos et vidéos prises depuis 30 ans lors de plusieurs milliers d'expéditions sous-marines par de nombreux engins robotisés ou habités. Parmi les images montrant filets de pêche, débris en plastique, en caoutchouc, en métal, en bois ou en tissu, l'une des plus récentes fait particulièrement frémir !

En atteignant 10.928 mètres de profondeur à bord du sous-marin DSV Limiting Factor affrété par l’université britannique de Newcastle et la British Geological Survey, l'explorateur américain Victor Vescovo a battu le 1er mai dernier le record de la plongée la plus profonde jamais réalisée. Outre ce record technique et la découverte d'espèces inconnues, il a pu filmé de nombreux objets en métal et en plastique posés sur les fonds abyssaux de la fosse des Mariannes, dont un sac portant une inscription qui reposait par 10.898 mètres de fond ! Située dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique, la fosse des Mariannes est connue pour être la plus profonde du monde avec ses 11.034 mètres de colonne d'eau.

L'étude de la base de données révèle que 89 % des déchets retrouvés sont des objets en plastique à usage unique comme des bouteilles, des sacs, des emballages et des couverts jetables, objets qui mettent plus de 100 ans à se décomposer dans cet environnement très froid en produisant inévitablement d'innombrables microparticules. Photos et vidéos montrent aussi des animaux marins prisonniers des débris dans des zones pourtant peu peuplées. D'autres études ont prouvé la présence massive de polluants organiques persistants et de molécules chimiques écotoxiques comme le PCB (biphényles polychlorés ou pyralènes) dans la fosse des Mariannes. On estime aujourd'hui la quantité de plastiques emportés par les vagues côtières, jetés des bateaux, drainés par les fleuves et les rivières, puis flottant, dérivant ou reposant dans les mers de la planète à environ trois cents millions de tonnes...

Gouvernements, collectivités, entreprises et citoyens, nous pouvons tous agir pour que la Planète Océan ne se change définitivement en Planète Déchet.

Tonton Daniel
 

plastique abyssal

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #déchets et recyclage, #environnement

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