demographie

Publié le 27 Mars 2024

"La surpopulation est un mythe" annonce sans ambages la quatrième de couverture du livre d'Hervé Le Bras "Les limites de la planète" ! Dans ce livre paru en 1994, le démographe, enseignant et chercheur à l'Institut national d'études démographiques (INED), réfute fermement toute pensée malthusienne et affirme que désordres alimentaires, mortalité ozonique, réchauffement carbonique et surconsommation énergétique ne sont que vues de l'esprit et lieux communs, extrapolations et approximations, concepts et conclusions d'une "écologie profonde", au mieux résultats de calculs arbitraires ou d'expériences de laboratoire limitées donc contestables.

Rappelant la pensée de Darwin pour qui la notion d'équilibre n'existait pas et niant celle de Malthus pour qui environnement et société étaient définitivement figés, Hervé Le Bras répète que le concept de "population limite" est absurde et flou dans un monde et une nature "en continuel changement" et qu'il ne faut pas considérer l'Humanité comme une entité unique mais un ensemble divers et inégal.

Il ajoute avec conviction qu'on ne meurt presque jamais de faim mais principalement "des maladies causées par la faim"... Et que les causes de désordres alimentaires sont nombreuses et indépendantes d'un excès de population : répartition inégale des habitants, problèmes écologiques locaux, désordres sociaux, volontés politiques, spéculations économiques, "manipulations statistiques" ou gaspillages inévitables. Et de conclure : "Il n'existe pas plus d'explosion démographique que de surpopulation humaine générale de la planète", toute tentative de régulation et de contrôle de la croissance démographique est donc inutile !

Paru en 1994 quand la planète ne comptait "que" 5.5 milliards d'habitants, le livre présente une lecture à contre-courant du discours actuel ainsi que des arguments aujourd'hui très contestables. Trente ans plus tard, les humains continuent de proliférer et sont désormais plus de 8 milliards malgré les guerres, les épidémies, les catastrophes naturelles, les pollutions diverses et les dérèglements climatiques. La planète "en continuel changement" n'a sans doute pas encore atteint ses limites mais il est urgent de remettre en cause nos modes de vie et nous interroger sur notre propre nature, biologique ou spirituelle, soumise à "la main du hasard" ou capable de la transcender.

Tonton Daniel
 

les limites de la planète

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Publié dans #littérature, #démographie

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Publié le 15 Mars 2024

L'homme est un animal méchant, barbare et instinctif par nature ! Ce que démontrait l'écrivain britannique et prix Nobel de littérature William Golding dans son premier roman paru en 1954, "Sa Majesté des Mouches" (Lord of the Flies).

Echoués dans le décor paradisiaque d'une île vierge du Pacifique, de jeunes garçons britanniques âgés de 6 à 12 ans, seuls rescapés d'un accident d'avion, élisent d'abord un chef à qui échoit un coquillage exotique comme attribut symbolique de pouvoir et d'immunité. Entre construction d'abris, recherche de nourriture et entretien d'un feu de détresse, les rationnements et les problèmes matériels deviennent vite insurmontables.

Ceux qui palabrent s'opposent à ceux qui agissent, deux clans apparaissent, une société en miniature s'organise avec ses règles et ses fonctions attitrées. Entre épreuves et conseils, votes et stratégies, délibérations et mensonges, la politique laisse rapidement place à la loi du plus fort, domination qui soumet les plus faibles, précède "la fin de l'innocence" et révèle "la noirceur du coeur humain".

Loin de toute civilisation, par peur de l'obscurité, de la solitude et de l'inconnu, une forme de religion apparait également. Mais "Sa Majesté des mouches", idole pourrissante et grouillante d'insectes, indifférente aux offrandes et aux superstitions, verra les deux tribus s'engager dans une régression instinctive, une vie "primitive" et une guerre sauvage jusqu'au meurtre collectif d'un gamin par d'autres gamins ayant perdu toute humanité... La grande réunification n'aura jamais lieu.

Parfois révélée par les circonstances, la violence humaine est-elle donc innée ? A-t-elle été canalisée par des millénaires de lente civilisation ? L'Homme apprendra-t-il un jour à contrôler ses pulsions de haine et de mort et transcender sa nature première afin d'atteindre définitivement la raison, la sagesse et la paix ?

Tonton Daniel
 

sa majesté des mouches

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Publié dans #littérature, #démographie

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Publié le 16 Février 2024

Malgré son titre provocateur, "Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ?" de l'ingénieur et consultant Emmanuel Pont se révèle à terme un ouvrage très sérieux, extraordinaire de logique et rassurant grâce à une analyse pertinente et argumentée.

Le monde n'est-il régulé que par la faim comme le suggèrait l'économiste Thomas Malthus au XIXe siècle ? La population humaine à croissance exponentielle condamne-t-elle la vie sur Terre à plus ou moins court terme ? Peut-on évoquer une "surpopulation" et l'expliquer par des politiques natalistes historiques, des enjeux stratégiques financiers et militaires, de très anciens "mécanismes de blocage" politiques et économiques ou de simples intérêts particuliers, égoïstes, capitalistes ou religieux ? Agriculture intensive, "extractivisme" et hyperconsommation menacent-ils vraiment notre Environnement ?

Seul constat évident : les déséquilibres simultanés de notre planète et de notre société contemporaine. En premier lieu, on relèvera les problèmes écologiques, le réchauffement climatique et ses conséquences (fonte du pergélisol et des glaciers, désertification, feux de forêts, montée des eaux, tempêtes...), l'effondrement de la biodiversité, la déforestation, la surexploitation des ressources naturelles, la raréfaction de l'eau douce et les diverses pollutions terrestres, aquatiques et atmosphériques. On pourra ensuite les confronter aux problèmes sociaux parmi lesquels les inégalités économiques, les conflits géographiques, les émeutes de la faim, les famines, les migrations, l'éco-anxiété ou la collapsologie. L'accroissement vertigineux de l'espèce humaine est-il la cause de tout ces dérèglements ? 

Ceux qui en sont convaincus proposent logiquement des solutions natalistes incitatives, individuelles et collectives, sur le long terme : favoriser l'accès à l'éducation, au planning familial, à la contraception et à l'avortement, récompenser les familles à enfant unique ou attendre une régulation naturelle au fil du temps. Beaucoup de mesures inadaptées, insuffisantes ou trop lentes en regard de l'urgence mondiale selon beaucoup d'autres qui déclarent que la population n'est pas "une variable d'ajustement" et qui prônent plutôt des mesures politiques autoritaires, coercitives et immédiates, des solutions technologiques comme l'agro-écologie, l'agro-foresterie ou la méthanisation, une décarbonation de la société et de l'économie, des "initiatives locales, diverses et complémentaires" plutôt qu'un plan unique, des raisonnements locaux au lieu d'une pensée globale, des mesures alternatives, un changement des habitudes de consommation, voire la sobriété ou la décroissance pour les plus radicaux.

Ecologistes et démographes, scientifiques et politiciens, producteurs et industriels, tous sont conscients d'un problème très complexe touchant de nombreux sujets, libertés individuelles et collectives, éthique, économie, environnement, religion, santé, droit des femmes, éducation et culture. La démographie n'a jamais été une science exacte, elle est multifactorielle, les indicateurs incomplets et peu fiables, les prévisions difficiles et souvent inexactes, la surpopulation, un concept subjectif et flou. A nous d'inventer un nouveau modèle de société et d'agir avant de subir : "le nombre d'humains est beaucoup moins important que la manière dont ces derniers vivent et s'organisent" conclut Emmanuel Pont qui nous met cependant en garde contre "la déshumanisation, l'eugénisme et l'autoritarisme".

Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? Les plus résignés en sont persuadés et ont déjà choisi cette solution extrême. D'autres évoquent un faux problème et affirment que la population mondiale est déjà en voie de stabilisation. D'autres enfin, résolument optimistes, font le choix de la lutte, militent pour une indispensable liberté de procréation et le respect des choix personnels de chacun. Entre idéologie et pragmatisme, espoir et philosophie, choix de vie et choix de société, l'ère du grand questionnement vient de débuter. Celle de l'action suivra. Ou pas.

Tonton Daniel
 

faut-il arrêter de faire des enfants

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #démographie, #environnement

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Publié le 2 Juillet 2023


Bonjour à tous

Connaissez-vous l'histoire des rennes de l'île Saint-Matthieu, petite terre inhabitée de 357 km2 située en mer de Béring au large de l'Alaska ? Introduits sur l'île en 1944 par des gardes-côtes américains, 29 rennes y sont laissés en liberté afin de nourrir les hommes en cas de guerre prolongée. Mais quelques mois plus tard, à la fin du conflit, les humains repartent et laissent les rennes (devenus caribous car désormais canadiens !) avec pour seule nourriture les lichens qui poussent naturellement sur l'île et qui constituent la base de leur alimentation.

De passage en 1957 pour une étude portant sur les ruminants sauvages, le biologiste David Klein recense alors 1350 cervidés sur ce paradis perdu, mâles et femelles en parfaite condition physique. De retour en 1963, il compte désormais 6000 bêtes proliférant grâce à l'absence de tout prédateur. Mais trois ans plus tard, en 1966, un nouveau décompte fait état d'un groupe minuscule de 42 têtes seulement, constitué de 41 femelles et d'un mâle probablement stérile. Les milliers de rennes, doublement pris au piège car incapables de migrer et soumis à des conditions climatiques extrêmes en 1964, avaient consommé toute la nourriture disponible ! Le lichen, organisme végétal à croissance lente, avait presque entièrement disparu et les quelques baies présentes sur le territoire furent elles aussi insuffisantes à la survie du groupe.

Victimes de leur nombre, de leur appétit, du climat et de leur incapacité à se reproduire, les derniers rennes de l’île Saint-Matthieu sont morts en 1980, ne laissant pour seules traces de leur éphémère passage que bois et squelettes. Aujourd'hui habitée de renards polaires et de campagnols, St. Matthew Island est parfois visitée par quelques ours blancs mais abrite surtout de nombreuses populations d'oiseaux en période de nidification, bruants, cormorans, eiders, fulmars, guillemots, macareux, mouettes, goélands, pluviers, puffins et autres plongeons.

Illustration parfaite d'une surpopulation en milieu fermé entraînant la surexploitation des ressources naturelles et la destruction du bien commun, l'histoire des rennes de l'île Saint-Matthieu a souvent servi biologistes, démographes et écologues afin d'illustrer le concept de dépassement de la "capacité de charge", elle-même définie par "la population maximale que peut soutenir durablement un environnement en fonction de l'alimentation, de l'eau, ou d'autres ressources". Quant à la courbe d'évolution de cette population animale entre 1944 et 1963, elle rappelle étrangement celle de la démographie humaine mondiale depuis 1900... Comprenne qui voudra !

Tonton Daniel


Sources : Wikipedia / Internet
 

les rennes de l'île Saint-Matthieu
les rennes de l'île Saint-Matthieu

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #zoologie, #démographie, #environnement

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Publié le 16 Avril 2023

"La planification familiale, nouvel enjeu de l'Inde désormais pays le plus peuplé du monde - 14/04/2023

Face à la montée en flèche de la population de l'Inde, le service indien de planification familiale a un rôle important à jouer pour maintenir le taux de natalité à la baisse. Pour cela, le pays devra relever plusieurs défis, dont celui de ne plus faire peser ce fardeau uniquement sur les femmes et celui de réussir à toucher les classes populaires.

Freiner la croissance démographique en s’appuyant sur la contraception. C’est le grand défi qui attend l’Inde, en passe de détrôner la Chine de sa place de pays le plus peuplé du monde. Selon les prévisions des Nations unies, le pays doit passer ce cap dans la journée du 14 avril, durant laquelle sa population doit atteindre le seuil de 1 425 775 850 habitants.

Fait étonnant, au cours des deux dernières décennies durant lesquelles la croissance démographique de l'Inde est montée en flèche, son taux de fécondité a chuté. En 1964, les Indiennes avaient en moyenne six enfants, alors qu'aujourd'hui elles n'en ont plus que deux. Et ce, en partie grâce au service public de planification familiale, que l'Inde affirme avoir été le premier pays à mettre en place, en 1952.

"L'objectif premier était de ralentir la croissance démographique afin de soutenir le développement économique du pays, qui n'avait alors que quelques années d'existence [l'Inde a proclamé son indépendance en 1947, NDLR]", explique Anita Raj, directrice du centre de recherche sur l’égalité Femmes-Hommes, Center Gender Equity and Health de l'université de Californie à San Diego.

Le programme a connu quelques succès. Une enquête du ministère de la Santé indien révèle que quasi toute la population mariée en âge de concevoir connait les méthodes de contraception. Par ailleurs l'État fournit 68 % des contraceptifs aux personnes concernées, notamment des préservatifs, des pilules et des stérilets.
"Toutefois, si l'objectif était véritablement le choix et l'autonomie des femmes en matière de procréation, il faudrait en faire plus", explique Anita Raj.

Or baisse de la natalité et liberté de choix des femmes sont intimement liées. "Les données recueillies dans le monde entier montrent que lorsque les femmes ont la possibilité de contrôler leur fécondité et qu'elles bénéficient des opportunités qui en découlent [telles que l'éducation et les opportunités économiques], la taille des familles diminue toujours", explique Alistair Currie, directeur de campagne de Population Matters, une organisation caritative basée au Royaume-Uni qui s'intéresse à la démographie.

Aujourd’hui, la stérilisation masculine et féminine est encouragée par des incitations financières. Certains États indiens ont aussi introduit une politique de deux enfants assortie de sanctions, telles que l'interdiction d'occuper un emploi dans la fonction publique pour ceux qui ne s'y conforment pas.

La forme de prévention de la grossesse la plus utilisée en Inde reste la stérilisation féminine. Elle représente 38 % de tous les moyens de contraception utilisés, alors que le recours à la stérilisation masculine ne représente que 0,3 % des cas, d’après une étude du ministère de la Santé indien. Cela s'explique en partie par la mentalité patriarcale qui domine largement la société indienne. L'enquête sur la santé des familles révèle ainsi que plus d'un tiers des hommes considèrent la contraception comme une "affaire de femmes". 

La vasectomie masculine se heurte également à une résistance due aux souvenirs d’une politique conduite dans les années 1970 par le gouvernement indien. Face à la stagnation économique et sociale, l’exécutif avait alors lancé une campagne massive de stérilisation des hommes afin de contrôler la natalité. Les hommes ont été contraints de subir une vasectomie sous peine de voir leur salaire réduit ou de perdre leur emploi. Les hommes des classes les plus populaires pouvaient même être arrêtés par la police dans les gares ou aux arrêts de bus pour être envoyés en "camp de stérilisation".

Or actuellement, en plus de faire peser le fardeau sur les femmes, le recours à la stérilisation féminine après plusieurs grossesses "ne favorise pas l'espacement des naissances, qui est important pour la santé et la survie de la mère et de l'enfant. Elle n'est pas non plus une solution permettant aux femmes de contrôler le calendrier des grossesses, mais seulement de les limiter", explique Anita Raj. "Si la stérilisation est le choix de la femme et qu'elle contribue à sa santé, c'est très bien. Mais trop souvent, ces décisions sont fondées sur les attentes de la famille et de la communauté".

Selon Debanjana Choudhuri, spécialiste des droits de l'Homme basée en Inde, le fait que le ministère de la Santé ait récemment mis à disposition des stérilets (une contraception réversible) pourrait "changer la donne", mais il faudra selon elle attendre de 5 à 10 ans pour qu'il devienne populaire.
Dans l’état actuel des choses, il subsiste un écart important entre le taux de fécondité souhaité (nombre d'enfants que les femmes veulent avoir) de 1,6 et le taux de fécondité réel de 2. Ce qui laisse penser qu’un certain nombre de grossesses est subi, d’où le rôle à jouer par le planning familial.
"Nous espérons que toutes les grossesses sont désirées et que les gens ont la capacité de choisir [de tomber enceinte]", explique Alistair Currie. "Si c'était le cas, le taux de fécondité serait moins élevé en Inde.

Autre défi à relever pour le planning familial indien : réussir à toucher les classes populaires. En effet, les conditions socio-économiques déterminent les choix de nombreuses femmes en matière de grossesse, comme l'a révélé l'enquête sur la santé familiale de 2022. Les Indiennes plus pauvres et les moins éduquées vivant dans les zones rurales sont susceptibles d'avoir plus d'enfants à un âge plus jeune et sont moins exposées aux messages sur la contraception moderne. 

Selon les prévisions, la population de l'Inde devrait continuer d'augmenter au cours des prochaines décennies. La "variante moyenne" des projections des Nations unies fixe le pic de croissance à 1,7 milliard d'habitants en 2064. D’après les projections de la "variante basse", la courbe de croissance commencerait à s'aplanir en 2047. 
Cette poussée de croissance démographique se profile, car près de la moitié de la population indienne a moins de 25 ans. Une catégorie susceptible d'avoir ses propres enfants dans les années à venir. 

Pour ne rien arranger, une grande partie de cette population manque d'information sur les contraceptifs, explique Debanjana Choudhuri. "Le programme de planification familiale s'accompagne d'un préjugé : parce qu'il s'agit de planification familiale, beaucoup de jeunes [non mariés] pensent qu'il ne s'adresse pas à eux. La population adolescente doit être intégrée au débat sur la contraception. À l'heure actuelle, ils sont exclus, et c'est alarmant."
 

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #démographie, #actualité, #inde

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