Publié le 8 Juin 2018

Rédigé par tonton daniel

Publié dans #paroles et musique

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Publié le 3 Juin 2018


Bonjour à tous

Novembre 1972. La chambre d'un hôpital parisien. Dans ce décor propice à la réflexion, un homme malade envisage sa disparition après avoir beaucoup cotoyé la souffrance et la mort des autres, puis dresse le bilan provisoire d'une vie à l'aide de quelques souvenirs désordonnés, images furtives du passé, détails insignifiants et anecdotes historiques ravivés par la fièvre et le délire. Souvent décrit comme un grand mythomane, André Malraux, l'homme hospitalisé, a néanmoins vécu plusieurs vies, combattu le fascisme pendant la guerre d'Espagne, lutté au sein de la Résistance pendant la deuxième guerre mondiale, beaucoup voyagé en Orient et dans des contrées lointaines, publié de nombreux ouvrages, obtenu le prix Goncourt en 1933, rencontré les grands de ce monde et le Général de Gaulle dont il fut l'ami, le confident et enfin le ministre.

C'est d'abord un épisode sur le front russe, des voix sans visage dans le noir d'une tranchée allemande, les horreurs de la guerre chimique, les gaz de combat, représentation symbolique de la mort qui rampe, lente et inexorable. Puis, face à la mort et à l'agonie, la grandeur du sacrifice et la Fraternité entre soldats ennemis, communion opposée au Mal, valeur complémentaire et indispensable de la liberté et de l'égalité.
Vient ensuite un dialogue métaphysique entre l'auteur et son médecin, prétexte à réflexion sur le scepticisme, le sens de la vie, le suicide, et pour l'agnostique qu'est Malraux, un questionnement sur Dieu, la foi, la vie après la mort, le lien indéfectible entre souffrance et christianisme. Genèse contre génétique, idéologie contre pragmatisme, signification contre explication, Vérité de la religion face au doute de la science, chacun des deux hommes exposera ses arguments en formulant involontairement davantage encore de nouvelles questions sans réponse.

"Oeuvre testamentaire" et dernier tome des mémoires non officielles d'un érudit à la personnalité complexe, "Lazare" emprunte son titre à un épisode biblique, le prénom de l'oncle de Jésus que ce dernier ressuscite. Livre sur le deuil et sur "la corruption du temps", recueil à la construction déroutante, ouvrage au style parfois aussi soporifique qu'une anesthésie, Lazare est aussi un livre sur l'espoir, la résurrection, la mémoire, la persistance de l'Homme et de ses idéaux.

Incertaine et peu fiable par nature, la mort ne viendra pas dans cette chambre d'hôpital. La "longue attente" se poursuivra et André Malraux ne retrouvera ses amis disparus que quatre ans plus tard. Et tel Lazare sortant de son tombeau, il rejoindra enfin le Panthéon en 1996 à l'occasion du 20e anniversaire de sa mort.

Tonton Daniel


http://tontondaniel.over-blog.com/2017/03/la-lanterne.html

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lazare

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Rédigé par tonton daniel

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