Bonjour à tous

18 juin 1815. La nuit vient juste de tomber sur le site de la bataille de Waterloo où les troupes alliées menées par le duc de Wellington ont infligé une cuisante défaite à l'empereur Napoléon Ier qui abdique définitivement quatre jours plus tard. Les corps des 10.000 soldats tués au combat ne sont pas encore froids que pilleurs et profiteurs de toutes sortes sont déjà sur les lieux, soldats survivants, détrousseurs de cadavres, voleurs de souliers, marchands d'armes et ... revendeurs de dents !

Le XIXe siècle est en effet une période où tout se recycle discrètement, y compris les cadavres humains parfois transformés en phosphates et en engrais pour l’agriculture... C'est l'époque des "donneurs de dents" qui, poussés par la misère, en font commerce et des "arracheurs de dents" qui mutilent les cadavres des pendus. C'est aussi l'explosion de la production et de la consommation de sucre de betterave qui, ajoutée à une hygiène quasi inexistante, explique une demande massive d'ivoire animal ou d'émail humain afin de remplacer ratiches perdues, gâtées, pourries ou cariées.

La bataille de Waterloo est donc une véritable aubaine pour tous les charognards, les soldats morts étant pour la plupart des jeunes gens aux dents saines. Le trafic de quenottes naturelles destinées à fabriquer des prothèses et des dentiers pour la bourgeoisie prendra une telle ampleur qu'elles seront nommées plus tard "Waterloo teeth" dans les publicités de dentistes anglais sans vergogne. Plus tard, de 1861 à 1865, la guerre de Sécession américaine fournira elle aussi son lot de dents exportées jusqu'en Europe puis revendues sous la même appellation. L'utilisation et la transplantation (sans asepsie !) de dents humaines ne prendra fin en Europe que vers 1870 avec la fabrication de prothèses en porcelaine mais cette pratique morbide perdurerait encore aujourd'hui dans quelques régions du globe...

"La Garde meurt mais ne se rend pas !" aurait répondu le général Cambronne aux anglais avant de leur lancer son célèbre "Merde !" La Garde est morte, a gardé son honneur... mais a perdu ses dents !

Sources : Documentaire "Les âges de la vie" - Heike Nelsen-Minkenberg / Florian Hartung - Arte 09 juillet 2022 + divers sites internet

Tonton Daniel
 

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Une porte ? Des martiens ? Une civilisation mystérieuse ? Commentaires et fantasmes vont bon train sur la Toile après la diffusion par la NASA d'un cliché pris par le robot Curiosity à la surface de la planète Mars le 7 mai 2022. Photographiée par la Mastcam de l'imposant et infatigable rover sur un site géologique baptisé Greenheugh Pediment, une étrange formation rocheuse en surplomb ressemble comme deux gouttes de ciment à une entrée creusée artificiellement dans la roche à la manière de celles d'une pyramide égyptienne ou d'une demeure troglodytique !

La malicieuse planète Mars n'en est pas à son coup d'essai, qui nous faisait croire au XIXe siècle à l'existence de canaux artificiels et au XXe siècle à la présence d'un visage géant sculpté par des mains extraterrestres invisibles. Mais hélas, encore une fois, la réalité est beaucoup plus prosaïque. Afin d'expliquer cette cavité rectangulaire aux lignes parfaites, géologues et scientifiques évoquent un éboulement naturel, une fracture dans la roche ou un cisaillement produit par un séisme ou par l'érosion. D'autres précisent qu'en raison du cadrage et sans repère ni référence, la dimension de cette troublante structure est également inconnue et pourrait varier de quelques centimètres à plusieurs mètres. Tous s'accordent donc sur une paréidolie, illusion d'optique et phénomène bien humain, qui nous fait deviner des lapins dans les nuages, des visages sur des troncs d'arbres ou la Sainte Vierge sur un toast grillé...

"Croire n'est pas savoir" affirmaient les penseurs du siècle des Lumières qui distinguaient déjà science et fiction. Même discours raisonnable aujourd'hui : pas de porte, pas de couloir, pas de chambre au trésor... et pas de petits hommes verts ! A moins que ... ? Comme le souligne le magazine Sciences et Avenir du mois, le doute ne fait-il pas "partie intégrante de l'esprit des sciences" ?

Tonton Daniel
 

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Reportage choc sur Arte hier au soir ! Réalisé par Sylvain Lepetit et Miyuki Droz Aramaki, "Insecticide, comment l'agrochimie a tué les insectes" dresse un constat effrayant sur la disparition depuis 30 ans de 75% des insectes, extinction de masse estimée huit fois plus rapide que celle des mammifères !

Les responsables désignés sans appel sont les néonicotinoïdes, neurotoxiques à base de nicotine créés et employés partout dans le monde depuis 30 ans pour la monoculture industrielle. Issus de la chimie de synthèse, ces insecticides dits "systémiques" (ou à usage prophylactique) sont beaucoup plus efficaces que les traditionnels insecticides foliaires à effet temporaire. L'enrobage des graines et des semences avec ces molécules permet en effet leur installation à long terme et à faible dose au plus près des racines puis l'utilisation des plantes comme vecteurs de transmission aux insectes. 

Hélas, les effets secondaires induits par les néonicotinoïdes sont nombreux, immédiats et désastreux ! Ils tuent sans distinction nuisibles, abeilles, papillons, coléoptères ou vers de terre. Solubles dans l'eau (c'est d'ailleurs ainsi qu'ils peuvent remonter dans les tiges avec la sève des végétaux), ils ruissellent dans les nappes phréatiques jusqu'aux rivières, aux fleuves et aux océans. Par effet domino, la disparition des insectes provoque un déclin de la biodiversité et un déséquilibre de la chaine alimentaire avec tous les insectivores, oiseaux, poissons, reptiles, amphibiens, chauves-souris ou hérissons. Les études récentes démontrent enfin les impacts sur la santé humaine, les néonicotinoïdes sont reconnus comme perturbateurs endocriniens et comme cancérogènes, ils provoquent anomalies comportementales et dérèglements du développement néonatal.

Réquisitoire implacable, le reportage nomme et accuse directement les grands groupes agrochimiques comme Syngenta, BASF, Bayer-Monsanto ou Dow Chemicals. Grâce à leur puissance financière, aux lobbies de l'agrochimie et aux défaillances politiques, ces entreprises n'hésitent pas à menacer et harceler les scientifiques et les lanceurs d'alerte tout en développant de nouvelles molécules pour contourner lois et règlements et engranger des bénéfices toujours en hausse. Jusqu'à quand ? Pouvoirs publics, citoyens du monde ou simples amoureux de la Nature, il nous revient à tous de lutter contre cette aberration, de "penser l'agriculture différemment" et de retrouver notre bon sens perdu.

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Avec sa couverture jaunie, son titre insignifiant et son illustration très laide, le livre trouvé par hasard dans une boite d'échanges ne donne pas vraiment envie de l'ouvrir... Premier d'une série de quatre récits parus entre 1936 et 1939, "Les jeunes filles" du romancier et académicien Henry de Montherlant dévoile la correspondance imaginaire entre un écrivain et trois femmes aux profils très différents, lettres dans lesquelles se reconnaitront ceux et celles, tous genres confondus, qui éprouvent un sentiment amoureux pour une personne incapable de répondre à cet attachement...

Assailli de déclarations enflammées et conscient de son pouvoir sur les autres, Lui s'est construit une carapace, une armure, "une discipline d'égoïsme" destinée à le protéger des misères humaines, des passions vulgaires et de ses propres faiblesses. Incapable par choix d'offrir autre chose qu'une complicité, une amitié ou une "camaraderie garçonnière", incapable même de donner un simple "bonjour" par peur de s'engager ou d'être mal compris, notre bourreau des coeurs considère l'amour comme de la "bouillie pour les chats" et redoute d'être associé à une personne que la Nature a faite différente et dont la Société se méfie. Son égo surdimensionné et sa conception de l'Homme, être viril et supérieur, fier et sans faiblesse, lui ordonnent de refuser ce qu'on lui donne, de mépriser la superficialité et les convenances et de taire ses sentiments. Quitte à renvoyer l'image d'un asocial cynique, misogyne et misanthrope ou à ne jamais connaitre le bonheur.

Aveuglée par l'amour "intellectuel" qu'elle porte à cet homme idéalisé, Elle multiplie les rêves romantiques et les fantasmes qui aident à vivre, qui offrent un support, une béquille, un peu d'espoir. Elle adore partager quelques heures de son quotidien, écouter le son de sa voix douce et pénétrante, échanger avec lui quelques idées. Celle qui ne peut mendier ni baiser ni caresse guette un geste, un bout de peau à nu, une confidence, un effleurement furtif et inconscient... Les sourires, les attentions et les mots (y compris méchants) sont mal interprétés volontairement afin de continuer à alimenter l'illusion... Occupant une place à part dans l'existence de l'être aimé en secret, elle a fini par se résigner à une soumission assumée d'esclave bête et passive et à la satisfaction lucide d'un statu quo durable et platonique.

Malgré sa couverture jaunie, son titre insignifiant et la réputation controversée de son auteur, l'échange épistolaire est brillant et l'homme de lettres n'a jamais aussi bien porté son titre ! "Les grandes douleurs sont muettes" affirmaient les philosophes. Pour Montherlant, écrivain à la personnalité complexe et torturé par des pulsions inavouables, l'amour aussi doit rester silencieux : "Plus on aime vraiment, moins on le dit"...

Tonton Daniel