Bonjour à tous
Pointant vers le ciel et les étoiles depuis 3000 ans, le plus ancien monument de Paris semble imperturbable au temps qui passe... L'obélisque de la place de la Concorde, taillé et érigé pour le pharaon Ramsès II au 13e siècle avant notre ère, a fait au XIXe siècle un long et périlleux voyage depuis l'Egypte pour rejoindre son emplacement actuel. C'est l'histoire de cette épopée que retrace aujourd'hui l'exposition "Le voyage de l'obélisque" présentée à Paris au Musée de la Marine jusqu'au 6 juillet prochain.
Nous sommes en 1830. La campagne d'Egypte de Napoléon Bonaparte est terminée depuis plus de 30 ans, le pays est à la fois sous tutelle ottomane et sous influence britannique. Suivant les habiles conseils de Champollion, le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali qui désire faire un cadeau à la France offre à Charles X les deux obélisques couverts de hiéroglyphes érigés devant le temple de Louxor. Cadeau impressionnant, cadeau de poids, cadeau délicat ! Il faudra attendre plusieurs années avant la livraison du colis !
Pour commencer, il faudra désensabler le monument de droite sous les ordres de l'ingénieur Apollinaire Lebas, raser une trentaine de maisons situées sur le chemin jusqu'au fleuve, créer un petit village pour l'équipe d'ouvriers, apporter vivres et matériels introuvables sur place, construire un bateau spécial pour le transport, le Luxor. Avant le délicat basculement, on découvrira une fissure de 8 mètres à partir de la base de l'aiguille nécessitant la création d'un coffrage en bois protecteur et cette fissure est toujours visible aujourd'hui sur le côté de l'obélisque faisant face à la Seine. Puis, ce seront des températures de 50°C, des épidémies de choléra, de malaria et de dysenterie. On attendra sept mois la crue du Nil permettant la navigation du Luxor jusqu'à la Méditerranée. Remorqué par un deuxième navire, le Sphinx, le Luxor subira tempêtes, quarantaine à Toulon et devra encore attendre une crue de la Seine à Rouen avant de remonter vers Paris...
Le choix de l'emplacement par l'architecte Hittorff est adopté par la ville de Paris et c'est sur l'air des "Mystères d'Isis" de Mozart que 200 000 parisiens assisteront le 25 octobre 1836 à la deuxième érection de l'obélisque à son emplacement actuel. Il aura fallu attendre cinq ans et deux jours pour redresser le monument de 23 mètres et de 230 tonnes... et beaucoup moins de temps pour décider de laisser son frère jumeau à sa place devant le temple de Louxor ! Pour l'anecdote, ce dernier fut officiellement "restitué" à l'Egypte en septembre 1981 par le président François Mitterrand, ami et visiteur fidèle du soleil de Haute-Egypte. Autre anecdote, le piédestal d'origine représentait seize babouins dressés sur leur pattes arrière et au sexe proéminent... Impensable pour la France de 1830 ! Il sera donc exposé un peu plus loin, dans la section des antiquités égyptiennes du musée du Louvre où on peut toujours le trouver, et remplacé par un socle beaucoup moins suggestif !
Les égyptiens de l'Antiquité considéraient leurs obélisques comme des rayons de soleil pétrifiés, liens entre la terre des Hommes et la demeure des Dieux. Pour la plupart dispersés au fil des siècles dans les grandes capitales du monde (Rome, Istamboul, Paris, Londres, New-York...), ils ne sont plus que quelques-uns à demeurer sur la terre des pharaons, à pointer pour l'éternité leur pyramidion vers le ciel et les étoiles, à nous guider dans un voyage immobile et silencieux vers l'infini...
Tonton Daniel
Pour mon séjour en Egypte (épisodes 1 et 5 autour de l'Obélisque inachevé d'Assouan et de l'Obélisque de Louxor) :
http://tontondaniel.over-blog.com/article-au-pays-de-pharaon-1-40616199.html
http://tontondaniel.over-blog.com/article-au-pays-de-pharaon-5-41047798.html
Pour les expositions au Musée de la Marine :
http://tontondaniel.over-blog.com/article-paquebot-france-78975647.html
http://tontondaniel.over-blog.com/2013/11/oman-et-la-mer.html