sarkozy vu de l'étranger

Publié le 20 Janvier 2008


Bonjour à tous


Courrier International n°898 de cette semaine présente un dossier sur Sarkozy, son image et sa politique vus depuis l'étranger. Drôle, mordant, incisif, réaliste, édifiant et inquiétant ! Morceaux choisis d'articles parus en Argentine, au Royaume-Uni et en Italie :


"Sarkozy ou la politique de l’érection permanente :
 
Pour l’éditorialiste colombien Antonio Morales Riveira qui signe cet article dans Terra Magazine, le pouvoir selon Nicolas Sarkozy est synonyme de jouissance “infinie, profonde, franche et massive”. Sans aucun sens du ridicule.
 
(...) Aujourd’hui, le président français semble ne pas avoir le moindre doute : le pouvoir, ça sert à jouir, y compris au lit, avec des draps en désordre comme témoins des ébats amoureux.
(...) Nicolas Sarkozy s’amuse beaucoup et veut montrer à quel point le pouvoir le remplit d’énergie pour mieux désirer et être désiré, pour faire de son mandat une fête permanente, une ivresse de lui-même, une érection.
(...) Sarkozy a choisi le décor parfait pour révéler sa nouvelle idylle : au bras de sa rayonnante compagne, il s’est laissé filmer dans un monde de fantaisie plein d’optimisme, de bons et de méchants, où la réalité est si facile, si infantile, si propice à la sensiblerie : Disneyland. C’est donc dans un environnement sinon faux, du moins falsifié, un monde virtuel, que Mickey Sarkozy a voulu vivre son idylle. Là, dans l’innocence d’un monde où les Américains envoient leurs propres enfants mais aussi tous les enfants du monde. Là, dans un univers bariolé et efficace où tout fonctionne à merveille, où la justice est vraiment juste et l’amour sirupeux, où l’on peut oublier que les adultes, eux, sont envoyés tuer des bad guys en Irak.
(...) Le deuxième chapitre du soap opera entre Nicolas et Carla s’est déroulé fin 2007 sous d’autres cieux. Le président a choisi le décor fastueux (et donc hollywoodien) de Louxor en Egypte. Le plus beau temple de l’antiquité, Karnak, et les tombes des pharaons ont servi de décor à une nouvelle ronde de sourires, de promenades main dans la main, le tout, évidemment, en présence de cameramen et de photographes. Un décor digne de quelqu’un qui s’aime autant que Nicolas Sarkozy, et, au-delà même de la grande histoire des pharaons, un lieu tout bêtement divertissant. En somme, après avoir appris que Sarkozy apprécie comme personne le bonheur et le plaisir que procure le pouvoir, nous venons de découvrir qu’il n’a aucun sens du ridicule.
(...) La première place : la seule qui vaille pour un homme qui s’agite comme une marionnette, avance comme un char d’assaut et aime certainement comme une machine à sous. Car enfin, seuls les chanceux gagnent le gros lot. Les autres regardent Nicolas Sarkozy triompher à la télévision." 
 

"De l’élégance, que diable ! :
 
Pour Ben Macintyre du Times de Londres, si le président français plonge dans les sondages, c’est à son inconduite amoureuse qu’il le doit. Les Français détestent son style plus “Bidochon que Flaubert”.
 
Depuis sa conférence de presse du 8 janvier dernier (au cours de laquelle il a déclaré “avec Carla, c’est du sérieux”), Nicolas Sarkozy est devenu le lauréat incontesté du prix Silvio Berlusconi de l’homme politique européen le plus embarrassant du moment.
(...) Non, la faute de Sarko aux yeux des Français, c’est une sorte de crime contre l’élégance à la française, un manquement aux préceptes d’un certain savoir-vivre présidentiel. Vu de Paris, il est tout à fait acceptable que le président français tombe amoureux, mais d’une façon si peu raffinée et si américaine, ça non !
Pour son plus grand malheur, Sarkozy semble toujours frôler la “cool attitude” sans jamais l’atteindre. Il lui manque au moins 5 centimètres pour pouvoir porter des lunettes de soleil aviateur à verres réfléchissants ; grassouillet, il a tout juste 5 kilos de trop pour faire comme Poutine et tomber la chemise en public ; à 52 ans, il est trop vieux de cinq ans pour être pris en photo enlaçant la taille dénudée d’une femme de 39 ans. Ce sont des petits riens, certes, mais qui comptent beaucoup pour des Français.
Le problème de son histoire d’amour, c’est qu’on la juge en France assez minable, plus Bidochon que flaubertienne. Plutôt que de faire la cour à son ancien mannequin au clair de lune dans le jardin parisien des Tuileries, Sarko l’emmène à Disneyland.
(...) De ce côté-ci de la Manche, les maladresses du chef de l’Etat français, son côté nouveau riche et ses faux-pas nous paraissent tout bonnement comiques, voire rafraîchissants après la pompe empesée des années Chirac. Mais pour beaucoup de Françaises et de Français, et pas forcément les plus traditionalistes ou les plus âgés, le “Sarko show” a des allures de soap opera mortifiant, une énième preuve du fait que la pipolisation à l’anglo-saxonne est en train de phagocyter les valeurs de la France éternelle.
(...) Là où Sarkozy commet une faute, c’est en affichant son histoire d’amour devant les caméras au moment même où la plupart des Français sont profondément inquiets. L’économie française est dans une situation alarmante, et alors que le président part en vacances au soleil avec un cortège de 26 véhicules et une belle héritière italienne, les Français ne se sont jamais sentis aussi pauvres depuis le début des années 1990. L’erreur du président français est de tomber amoureux d’une façon scandaleusement non française et insuffisamment présidentielle. Alors que son histoire d’amour avec l’opinion française commence à tourner au vinaigre, Sarko devrait revoir son scénario et, cessant de porter son cœur en sautoir, comme il le fait, le passer au poignet, avec sa montre au luxe clinquant."


"C’est Berlusconi au carré ! :
 
Les Français se sont beaucoup moqués des Italiens du temps de Silvio Berlusconi. Chacun son tour… Par Maria Laura Rodotá du Corriere della Sera :
 
(...) A Paris, on s’est beaucoup gaussé des Italiens mais, à vrai dire, le cœur n’y est plus ; quand un Parisien rencontre un Italien, le nom de Carla Bruni ne tarde pas à être lâché, puis on repense à Berlusconi, enfin on commente les dernières pantalonnades de Sarkozy pour conclure fraternellement : “Chacun son tour !” A eux maintenant de se dépatouiller avec un leader embarrassant. A Paris et en France, la cote du “président people” est en chute libre ; et, à propos du “Sarkoshow”, depuis l’annonce des noces prochaines, les blagues vont bon train, du genre “trois mariages et un internement” et autres joyeusetés du même acabit.
De quoi faire vaciller un peu plus les quelques certitudes et l’image d’un pays où le sens de l’Etat avait encore un sens grâce à une caste de notables souvent bourgeoisement hypocrites mais si sobres. Et voilà maintenant que ce fameux sens de l’Etat s’évanouit entre le papier glacé des magazines, les insultes des blogueurs et l’agacement contre ce président qui se fiance et part en vacances alors que les prix grimpent, en France aussi.
(...) "


Et le meilleur, pour la fin avec l'intégralité de l'article de Bryony Gordon du Daily Telegraph de Londres :


"Quelque chose en lui de Britney Spears :
 
Il n’y a pire imbécile qu’un vieil imbécile mais rien ne surpasse un vieil imbécile français, surtout quand il dirige le pays. Regardez Nicolas Sarkozy qui, transi d’amour, rêvasse dans Paris en faisant les yeux doux à Carla Bruni pendant que le reste du pays brûle des voitures ou se met en grève. Il suffit de voir Sarkozy sortir des eaux avec son top-model-devenu-chanteuse de treize ans sa cadette pour en avoir le rouge aux joues. Cela me rappelle le jour où mon père m’a annoncé que sa nouvelle copine avait à peu près mon âge. Ou encore la fois où une fille de ma classe m’a assuré que Peter, un gros plouc aux cheveux gras, était l’amour de sa vie. Comme preuve de cet amour éternel, il lui avait offert une bague de fiançailles passablement kitsch qu’elle balança au fond de la salle de classe deux semaines plus tard quand elle comprit qu’en fait, c’était James l’amour de sa vie. En d’autres termes, la France a réussi à élire un ado attardé à la présidence. Très bien, les gars, très bien.
Les draps de l’Elysée étaient encore imprégnés du parfum délicat de Cécilia quand Nicolas a rencontré Carla à un dîner et l’a emmenée à Disneyland Paris (exactement le genre d’endroit qu’un ado trouverait romantique). Et deux mois plus tard, on parle suavement de mariage. Une information que l’on tient, il faut le dire, de la bouche même du président qui a cette semaine donné les indications politiques suivantes pour l’année 2008 : “Fin des trente-cinq heures, création d’une BBC à la française, bla-bla-bla, et plus important, est-ce que j’ai dit que je l’aimais ? Si, si, je l’aime ! Je pense même que c’est la bonne !”
Je suis même étonnée qu’il ne se soit pas mis à chanter Hopelessly Devoted to You, comme Olivia Newton John dans Grease. Et tout ça quelques jours après avoir rencontré Sa Sainteté le pape Benoît XVI, une rencontre au cours de laquelle Sarko a passé l’essentiel de son temps à loucher sur son portable pour voir s’il avait reçu des SMS, de la Bruni sans doute. C’est tout à fait le genre de chose que Paris Hilton ou Britney Spears, par exemple, pourraient faire, sauf que, pour leur rendre justice, aucune d’entre elles ne dirige la sixième économie du monde.
Les hommes politiques sont ­censés être des gens honnêtes, des membres respectables de la communauté n’ayant jamais rien fait de répréhensible. Le problème est que personne de vraiment honnête ou respectable ne voudrait faire de la politique. C’est pour cette raison que pullulent les conseillers en communication. Peut-être faudrait-il reconnaître au nouveau président français le mérite de se montrer tel qu’il est vraiment… même si au fond de lui, Nicolas Sarkozy ressemble à une gamine de 13 ans."


Tonton Daniel

 

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #actualité

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