le temps qui passe

Publié le 26 Juin 2020


Bonjour à tous

Les images et vidéos postées sur le net par l'américaine Ariana Page Russell, jeune femme atteinte d'une forme très particulière d'urticaire appelée dermographisme, sont impressionnantes et sans trucages ! Appelé aussi dermatose stéréographique, le dermographisme digital se traduit par une hypersensibilité de la peau, l'épiderme restant marqué pendant un temps variable après le simple frottement d'un doigt ou d'un ongle. Très vite, rougissement puis gonflement de couleur blanche font alors apparaître un relief plus ou moins prononcé. L'inflammation est liée à une réaction immunitaire exagérée et la libération d'histamine et de sérotonine qui dilatent les capillaires dans la peau du sujet. Cet urticaire "factice" sans traitement efficace affecterait 5% de la population à des degrés divers, sans distinction d'âge ou d'origine.

Entre "body art" et "body painting", Ariana Page Russell a donc décidé de sublimer son affection en utilisant un stylet pour écrire des messages et dessiner des motifs divers sur son corps, puis photographier les tatouages sensitifs qu'elle désigne comme ses "peintures de guerre" avant de les poster sur les réseaux sociaux. Trente minutes après chaque performance, les marques éphémères qui relèvent davantage de la scarification provisoire que du tatouage ont totalement disparu. Aujourd'hui exposée dans des galeries américaines et sollicitée par de nombreuses personnes atteintes de la même maladie, Ariana Page Russell a ouvert le blog skintome.com, dans lequel elle confie trouver dans cette particularité un symbole très concret de changement, de mouvement et d'évolution mais aussi de vulnérabilité face au temps qui passe.

Oeuvre d'art aussi éphémère qu'un mandala de sable tibétain, aussi fugace qu'une calligraphie à l'eau, aussi fragile qu'un arrangement floral ikebana, ce dessin sur la peau ne rappelle-t-il pas en effet l'impermanence des choses et des êtres, l'éternel recommencement du cycle de la vie, la futilité de toute existence ?

Tonton Daniel
 

dermographisme

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #portraits, #médecine, #les arts, #le temps qui passe

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Publié le 16 Mai 2020


Bonjour à tous

Connu depuis longtemps du grand public pour son érudition et son accent inimitable, l'astrophysicien Hubert Reeves, auteur de "Poussières d'étoiles", n'a pas toujours le nez en l'air ! Il abandonne souvent le télescope pour sa petite loupe et l'observation de la voie lactée pour la contemplation des fleurs de son jardin où, assis sur un "vieux banc du temps qui passe", il suit le passage des saisons et admire le spectacle de la Nature. Avec "J'ai vu une fleur sauvage", il nous entraîne dans des jardins ombragés, au fond de sous-bois humides, le long des chemins de campagne afin de nous faire partager avec humour et poésie ses réflexions et ses interrogations sur le cycle de la vie et sur notre rapport à l'Environnement.

"Les jardins, les prairies, les mares, les sous-bois, sont des lieux idéaux pour étudier les secrets de la nature" nous confie celui qui se désole devant "la tyrannie de la pelouse impeccable" et celle des jardins à la française. Au fil des promenades, le nez dans l'herbe ou au pied des grands arbres, en suivant abeilles et papillons, l'érudit évoque traditions, herboristerie, langage des fleurs, anecdotes historiques, histoires de magiciens et de sorcières mais le savant n'oublie pas non plus la botanique plus sérieuse en expliquant par exemple la symbiose et la coévolution adaptive entre insectes et plantes à fleurs.

Petit bijou de fraîcheur, de parfums et de couleurs, "J'ai vu une fleur sauvage" est aussi l'occasion pour l'écologiste de dénoncer le réchauffement climatique, la destruction des habitats, l'agriculture intensive, l'usage des pesticides et des herbicides qui tous entraînent l'effondrement de la biodiversité. Un constat et une vision bien sombres qui incitent évidemment notre sage promeneur à profiter de chaque instant et à s'émerveiller inlassablement de tout ce qu'il voit, étoiles, fleurs sauvages et beauté éphémère de la Nature.

Tonton Daniel

 

j'ai vu une fleur sauvage

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #au jardin, #environnement, #le temps qui passe

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Publié le 22 Décembre 2019


Bonjour à tous

Comment raconter le temps qui passe, décrire la vacuité de l'existence ou résumer une vie d'Homme, ce mélange bien ou mal dosé d'évènements heureux et malheureux, de naissances et de deuils, de rencontres et de voyages, de joies et de chagrins, d'amitiés et d'élans amoureux, d'espoirs puis de souvenirs, de joie de vivre et de questions sans réponses ?

Pour la douce et romantique Jeanne, fille unique de petits nobliaux normands et personnage central du premier roman de Guy de Maupassant "Une vie" publié en 1883, l'histoire est simple et se résume à un hiver sans fin, à une longue descente aux enfers bornée d'une succession ininterrompue de grands malheurs, à peine ponctuée de bonheurs fugitifs et de quelques rayons de soleil pâles et froids.

C'est d'abord pour Jeanne une enfance pleine de rêves et d'innocence, une famille unie, une campagne idyllique, un château dominant la mer et les falaises d'Yport, entre Fécamp et Etretat. Vient ensuite le mariage avec Julien qui met fin à l'espoir et à l'attente de la jeune femme. Puis, dans un décor pluvieux de chemins boueux et de ciels bas, le vide et la monotonie d'une vie provinciale bien réglée, le rythme des saisons, les fenêtres fermées, l'ennui, le désamour, les dogmes intransigeants de la religion et les contraintes de conventions sociales brutales et archaïques. Humiliée, trompée et méprisée, Jeanne demeurera toute sa vie dans une mélancolie passive et sera confrontée au mensonge, à l'infidélité, à la solitude, à la maladie et à la mort de ses proches avant l'apaisement final et le début d'un nouveau cycle familial.

Comme il le fera plus tard dans toute son oeuvre, l'auteur brosse dans ce récit magnifique et pessimiste une série de portraits extraordinaires, il dénonce tous les défauts d'une noblesse vaniteuse, d'un clergé fanatique et d'une paysannerie avaricieuse, la méchanceté, l'hypocrisie et la bêtise que se partagent château, église et chaumière avant de conclure avec philosophie : "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit." Linéaire ou cyclique, toute vie est imparfaite et chacun, au contraire de Jeanne, doit impérativement user de sa liberté pour contrer les aléas du destin !

Tonton Daniel
 

une vie

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #le temps qui passe

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Publié le 26 Octobre 2019


Bonjour à tous

Evoquant la nostalgie de l'enfance et la cruauté du temps qui passe comme avant lui Marcel Proust, Colette, Philippe Delerm ou Annie Ernaux, Nicolas Delesalle publie en 2015 son premier roman "Un parfum d’herbe coupée" dans lequel il rassemble les "vaguelettes de la prime enfance", petits riens épars qui resurgissent de sa mémoire sans raison et font revivre tout à la fois un passé rassurant, une jeunesse perdue et un bonheur enfoui.

Tour à tour drôle et tendre, mélancolique et coloré, le récit commence par un enterrement et finit par une naissance, évoque la mort des grands-parents, l'autoroute des vacances, les premières amours, la maison natale, les profs, les copains, les bandes dessinées... puis plus tard les larmes, les regrets, les minutes oubliées, les balades "apaisantes" au cimetière, la vie comme un fleuve fait du ruisseau de la mémoire et de la pluie des souvenirs...

"Ce n'est pas tous les jours qu'on peut décider d'être heureux" conclut Nicolas Delesalle dans ce voyage intérieur sans doute inspiré par Voltaire. Comment ne pas lui donner raison quand, à la recherche du temps perdu, se retrouvent ces parfums d’herbe coupée, de menthe poivrée et de foin séché qui font resurgir la campagne, le soleil de juillet, l'insouciance et les couleurs pastels de l'enfance, le temps heureux et lointain des vacances en famille ?

Tonton Daniel
 

un parfum d'herbe coupée

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #le temps qui passe

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Publié le 21 Octobre 2018


Bonjour à tous

Qui n'a pas déjà entendu une personne âgée se plaindre et regretter à voix haute "le bon vieux temps" ? En réponse à cet avis péremptoire, Johan Norberg, jeune écrivain suédois de 45 ans, prétend au contraire comme tous les "nouveaux optimistes" que nous avons collectivement la mémoire courte ! Mieux avant ? Dans son livre paru en 2016 "Non ce n'était pas mieux avant : 10 bonnes raisons d'avoir confiance en l'avenir" ("Progress: Ten Reasons to Look Forward to the Future"), il dénonce avec pragmatisme toutes les idées reçues, démonte un par un tous les arguments catastrophistes et prétend au contraire que tout va mieux dans tous les domaines ! Derrière le titre choc, aveuglement, optimisme béat ou simple réalité ?

En dix chapitres, l'auteur démontre, chiffres implacables à l'appui, que tout évolue vers un monde de paix, d'abondance et de liberté. Ralentissement démographique, alphabétisation croissante, progrès de la médecine, espérance de vie en hausse, amélioration de l'hygiène ou égalité des droits d'un côté, diminution des famines, baisse de la pauvreté, déclin des violences individuelles et du terrorisme, guerres de moins en moins nombreuses et meurtrières ou épidémies de moins en moins virulentes de l'autre.

De nouveaux problèmes apparaissent-ils à cause du développement économique, pollutions, raréfaction des ressources naturelles, extinction d'espèces, surpopulation, surconsommation ? Rappelant diverses prévisions catastrophiques jamais concrétisées, l'auteur rappelle avec confiance que le progrès n'a jamais été linéaire et que des solutions efficaces ont toujours été trouvées (et le sont aujourd'hui très rapidement grâce à internet et aux réseaux sociaux), et il affirme que la durabilité écologique et le progrès perpétuel passent par un développement scientifique, technologique et économique illimité ! Les raisons de l'amélioration globale invoquées par Johan Norberg sont en effet majoritairement d'ordre commercial et économique (le capitalisme, le libéralisme et la mondialisation induisent une hausse des richesses et consolident indirectement la démocratie, garante de paix et de prospérité pour tous).

Une fuite en avant et un discours transhumaniste légitimant le libéralisme économique, la consommation à outrance et le rythme effréné de la société moderne, qui font évidemment hurler écologistes, lanceurs d'alerte et adeptes de la décroissance et qui valent à Johan Norberg d'être largement controversé par les "collapsologues" et les "effondristes" ! Un discours qui laisse croire que tout va de mieux en mieux n'est-il pas contre-productif en incitant à la passivité alors que le pessimisme incite au contraire à l'action ? La disparition des abeilles, les marées de plastique, le réchauffement climatique, le ralentissement de l'espérance de vie en bonne santé, la résurgence de nombreuses maladies oubliées, la montée des nationalismes, la construction de murs, le repli sur soi, le retour en force du créationnisme et des extrémismes religieux sont-ils les indices d'un renversement général de tendance ou des évènements ponctuels qui finiront pas se diluer dans le temps comme le prétend l'auteur ?

La réponse de Johan Norberg à cette dernière question arrive en fin d'ouvrage : le ressenti de progrès général est incompatible avec la durée d'une vie humaine, à jamais insuffisante pour appréhender des changements lents et peu visibles. Il ne faut donc pas se fier aux discours déclinistes, aux impressions individuelles et à l'effet de loupe des médias avec leur effet nocebo à grande échelle mais prendre du recul et avoir une vision globale et planétaire à long terme ! Alors ? C'était mieux avant ?

Tonton Daniel

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ories_sur_les_risques_d%27effondrement_de_la_civilisation_industrielle

https://www.humanprogress.org/

https://ourworldindata.org/

https://www.gapminder.org/

http://tontondaniel.over-blog.com/article-essai-sur-le-principe-de-population-53749284.html

http://tontondaniel.over-blog.com/2016/11/la-6e-extinction.html

 

non ce n'était pas mieux avant

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Rédigé par tonton daniel

Publié dans #littérature, #le temps qui passe, #économie, #démographie

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