Le blog de Tonton Daniel

Bonjour à tous

Pour le sociologue et philosophe des sciences Bruno Latour, le constat est simple : l'écologie politique aujourd'hui est réduite à une écologie politicienne qui fait peur, qui ennuie et qui n'apporte aucune solution concrète aux problèmes environnementaux. Les bons sentiments, les déclarations d'intention et le vote vert ne suffisent plus, il faut être pragmatique, penser et organiser une nouvelle "classe écologique" s'appuyant sur un vrai levier politique, bref déconstruire un système et définir un nouveau paradigme "ni de droite ni de gauche".

Assisté du sociologue danois Nikolaj Schultz, Bruno Latour signe donc "Mémo sur la nouvelle classe écologique", petit manifeste de notes politico-philosophiques adossé à une réalité désormais reconnue par tous : notre Planète va mal. Soumise depuis deux siècles à un système productiviste nécessitant progrès continu et croissance infinie, la Terre surpeuplée souffre de pollutions, de destruction et d'appauvrissement. Il nous faut réagir tous ensemble dans un nouveau cadre international, l'écologie étant par nature sans frontière et donc incompatible avec les nationalismes traditionnels.

Le défi est donc multiple et les problèmes à affronter nombreux. En premier lieu, la classe écologique doit se définir elle-même afin d'être réellement efficace et oublier le modèle trop matérialiste des anciennes classes sociales développé par Marx et Engels au XIXe siècle. Cette classe éparpillée "en voie de formation" devra aborder tous les sujets de société sans exception, ne plus se préoccuper seulement de simples détails locaux mais avoir aussi une vision "à toutes les échelles", unifier au lieu de diviser et "définir un horizon commun pour l'action collective", "superposer le monde où l'on vit et le monde dont on vit", remplacer rentabilité et mondialisation par habitabilité et globalisation et passer du "développement à l'enveloppement". Selon Bruno Latour qui évoque la pandémie de Covid-19 en cours, nous devons muter comme des virus pour nous adapter et survivre !

Enfin, sur la forme, supprimer l'idée "d'écologie punitive", éviter toute image d'écologie dure, radicale ou extrêmiste, inciter les marginaux d'aujourd'hui à rejoindre un nouveau modèle politique pour demain, bref faire accepter à tout un chacun de renoncer à ses libertés et de réapprendre à "dépendre" de son environnement ! Ecologistes de tous les pays, unissez-vous !

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Il existe dans Tôkyô un endroit hors du temps où les horloges pointent des heures différentes, un café minuscule aux murs sépias, silencieux et où il fait toujours frais, un lieu unique et mystérieux où une légende urbaine promet une excursion dans le passé mais sans effet sur le présent... Pour les volontaires, ce voyage obéit à plusieurs règles, il commence à une certaine place, quand la serveuse vous verse le café suivant un certain rituel et dure "Tant que le café est encore chaud"... Vous ne pouvez rencontrer que des personnes déjà venues ici, si vous vous levez, le charme est rompu et si vous ne terminez pas votre café avant qu'il soit froid, gare à la malédiction qui vous transformera en fantôme pour l'éternité !

Sans modifier leur présent, ce voyage dans le passé bouleversera à jamais la vie de quatre femmes. A travers leurs quatre histoires entrecroisées, le romancier japonais Toshikazu Kawaguchi a imaginé un conte fantastique mêlant tradition et modernisme, une merveille de grâce et de poésie rapidement devenue un succès international et adaptée au cinéma en 2018. Les mots sont simples, les sentiments très forts et le récit bouleversant. Un hymne à la vie, au temps qui passe et au bonheur éphémère qu'il faut savoir saisir au quotidien.

Il existe enfin une dernière règle à respecter, mais... chut ! Vous devrez entrer dans le petit café de Tokyo pour la découvrir vous-même !

Merci Pascale pour cette magnifique référence.

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Internet réserve parfois bien des surprises ! Comme ce documentaire étonnant intitulé "The Land of the Basques" réalisé pour la télévision britannique en 1955 par le génial Orson Welles dans le cadre de la série "Around the world with Orson Welles". 

Pendant le tour d'Europe qu'il effectue entre 1949 et 1956, le réalisateur de "Citizen Kane" et de "La Dame de Shanghai" filme un Pays Basque en noir et blanc, exotique, fantasmé, caricatural, plein de musique et d'enfants. Après quelques clichés de montagnes, de contrebande et de chasse à la palombe, voici le témoignage nostalgique d'un berger parti vingt-trois ans au Colorado et revenu dans son village natal pour se marier, puis un long entretien avec une américaine installée à Ciboure et enfin, au sortir de la messe dominicale, la partie de pelote, le fandango et les chants basques...

Résumer la culture, les valeurs et l'âme basques dans un documentaire de 40 minutes en anglais (ici sous-titré en basque), il fallait tout le talent d'Orson Welles pour relever le défi ! Un format trop court mais qui permet néanmoins de garder secrets beaucoup des mystères de cette contrée de contes et de légendes...

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

Dix heures et demie du soir en été, c'est l'heure de tous les possibles, promesse de rêve ou de cauchemar... Pour Marguerite Duras en 1960, c'est l'heure de la rencontre improbable entre deux êtres que tout oppose, Maria, épouse délaissée qui s'ennuie, et Rodrigo, meurtrier par passion qui fuit la justice des hommes, c'est le temps arrêté d'une journée et d'un amour qui se terminent dans le décor moite d'un hôtel anonyme en Espagne, la fulgurance d'un orage d'été aussi violent qu'un coup de foudre impossible.

Dix heures et demie du soir en été, c'est aussi le style Duras, minimaliste, court, essoufflé, asthmatique, une atmosphère sensuelle, légèrement surréaliste, parfois pesante, le récit d'une seule nuit pendant laquelle se déchaîne "l'orage des sentiments" entre des personnages qui n'arrivent pas à communiquer...

Huit heures, neuf heures, dix heures... Les minutes passent, la nuit approche, et avec elle l'espoir de tous les possibles...

Tonton Daniel
 

Bonjour à tous

A qui appartient le Shéhérazade, l'un des plus majestueux méga-yachts privés de la Planète, aujourd'hui sous le feu des projecteurs ?

Estimé à 700 millions d'euros, le palace flottant de 140 mètres de long est aussi l'un des plus beaux jamais dessinés. Construit par les chantiers navals allemands Lürssen Yachts, lancé en juillet 2019 et mobilisant un équipage de 92 personnes, il peut recevoir 40 passagers dans vingt-deux cabines et deux suites réparties sur six ponts. Il abrite deux pistes d'hélicoptère, une piscine intérieure avec couverture rétractable transformable en piste de danse, une salle de sport, un spa, un sauna, une chambre de cryothérapie, une salle de cinéma et même une batterie anti-drones ! Officiellement destiné à naviguer sous les tropiques, le navire possède peu d'équipements de loisirs extérieurs et pas de piscine en plein air mais des experts suggèrent que ce choix "pour raison climatique" résulte plutôt d'une volonté beaucoup plus vraisemblable de discrétion et de sécurité...

Amarré depuis septembre 2021 pour maintenance dans le chantier naval de la société "Italian Sea Group" à Marina di Carrara en Toscane, le Shéhérazade est aujourd'hui immobilisé dans l'attente des résultats d'une enquête menée par la police financière italienne destinée à déterminer le nom de son mystérieux propriétaire dissimulé derrière un pavillon des îles Caïmans et une société écran (Bielor Assets Ltd.) enregistrée aux îles Marshall. Car de nombreux indices convergent tous vers un oligarque russe proche de Vladimir Poutine, voire vers le président russe lui-même : précautions inédites prises autour du navire lors de son arrivée au port, bâche dissimulant son nom pour en conserver l’anonymat, mur érigé pour le protéger des curieux et des journalistes, journal de bord établissant deux voyages vers la station balnéaire russe de Sotchi sur les rives de la mer Noire, et surtout, parmi l'équipage intégralement russe, présence à bord de membres du FSO, service fédéral russe de protection du chef du Kremlin !

Dans le cadre des sanctions européennes visant les biens financiers et immobiliers des oligarques russes suite à l'invasion de l'Ukraine il y a un mois aujourd'hui, le "Scheherazade" sera-t-il bientôt ajouté à la longue liste des super-yachts ostentatoires déjà saisis comme prises de guerre depuis quelques semaines par les autorités occidentales ? Ainsi le gigantesque voilier "A" lié à Andrei Melnichenko, la "Lena" lié à Gennadiy Timchenko, la "Lady M" liée à Alexei Mordashov, la "Valerie" liée à Sergei Chemenov, le "Lady Anastasia" lié à Alexander Mikheev, l'"Axioma" lié à Dmitrievich Pumpyansky ou encore l'"Amore Vero" lié à Igor Sechin, également propriétaire du "Crescent", sister ship du Shéhérazade saisi à Tarragone en Espagne...

Depuis son lancement en juillet 2019, exactement Mille et Une Nuits ont passé et l'avenir de Shéhérazade ne tient toujours qu'à un fil... Celui de l'Histoire en cours !

Tonton Daniel