Publié le 26 Mai 2013
Bonjour à tous
Les esprits rétrogrades et chagrins qui défilent aujourd'hui dans la Capitale contre le "mariage pour tous" n'iront certainement pas voir l'exposition que la Pinacothèque de Paris consacre à Tamara de Lempicka ! En effet, malgré deux mariages et la naissance de sa fille Marie-Christine dite Kizette, cette artiste peintre d'origine polonaise née à la fin du XIXe siècle n'a jamais caché sa préférence pour les femmes, attirance très visible dans une grande partie de ses tableaux pour lesquelles ont posé nues plusieurs de ses maitresses, Suzy Solidor ou Ira Perrot par exemple.
Elève de Maurice Denis, Tamara de Lempicka commence à peindre dans les années 20. C'est le temps des chapeaux cloches, du charleston, de Gatsby le magnifique et de Charles Lindbergh. C'est l'apparition du style art déco en réaction aux formes courbes de l'art nouveau. C'est aussi le temps des garçonnes et des amours saphiques (En ce début de XXe siècle, on commence aussi à parler de "lesbiennes"). Très tôt, Tamara de Lempicka sera fascinée par la liberté d'artistes comme Louise Brooks, Greta Garbo et Marlène Dietrich dont les personnages à l'écran se sont toutes émancipées des conventions sociales et du pouvoir masculin au point d'inspirer à son tour dans les années 80 la créatrice des parfums Lolita Lempicka.
La Pinacothèque de Paris présente donc aujourd'hui des tableaux de Tamara de Lempicka dont certains jamais exposés depuis les années 20, des oeuvres de jeunesse, beaucoup de dessins, sa correspondance avec l'écrivain italien Gabriele D'Annunzio et même de rares témoignages cinématographiques la mettant en scène avec des amis. Paradoxalement héritière du cubisme, Lempicka peindra des corps voluptueux de femmes rondes qui ont peut-être inspiré l'oeuvre du peintre Fernando Botero, des regards de madone, deux nus masculins uniquement et de très rares natures mortes mais pas de paysages ni de scènes de genre. Eclairée de couleurs vives dans des cadrages modernes préfigurant publicités et photographies, cette peinture sensuelle deviendra caractéristique et emblématique d'une époque résolument tournée vers l'avenir.
Le style de Lempicka évoluera en fin de carrière en se diluant et en perdant de son originalité. Car la fascinante Tamara, à la personnalité et au physique hors du commun, reconnue très tôt par la critique internationale, mènera grand train, toujours en voyage, préfigurant les figures de la jet-set avant l'heure, traversant l'insouciance des années folles dans un certain luxe matériel. Passionnée par la mode et les toilettes de grands couturiers, elle sera finalement surnommée "la baronne au pinceau", titre peu glorieux pour celle qui n'hésitera pas à poser pour les photographes peignant devant sa toile avec collier de perles et boucles d'oreilles assorties !
Aujourd'hui, malgré les manifestations, un petit ilot de subversion et de liberté résiste en plein Paris : venez donc admirer La Belle Rafaela, le troublant "Double 47", le Nu aux buildings, la Tunique rose, le Nu aux voiliers, le magnifique Portrait d'Arlette Boucard ou cet étonnant et lumineux "Atelier à la campagne" qui donne envie de s'évader au soleil en passant de l'autre côté de la toile...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tamara_de_Lempicka
http://www.pinacotheque.com/no_cache/fr/accueil/expositions/aujourdhui/tamara-de-lempicka.html
http://tontondaniel.over-blog.com/article-le-musee-des-annees-30-105920629.html
Tonton Daniel